Cinema
Césars 2015 : jeunesse, humanité et humour dans une cérémonie bien pensée

Césars 2015 : jeunesse, humanité et humour dans une cérémonie bien pensée

21 February 2015 | PAR Geoffrey Nabavian

Cette année, les Césars du cinéma ont fêté leurs quarante ans. Au cours d’une cérémonie toute simple et tout simplement drôle. Qui a vu triompher Timbuktu (7 prix) et Les Combattants (3 prix). Et laissé de côté, tant pis, le magnifique Saint Laurent de Bertrand Bonello. Récit.

Abderrahmane SissakoDe cette cérémonie anniversaire des Césars du cinéma, on choisira de retenir quelques phrases : « merci à tous les combattants, ceux qui essayent, qui résistent au cynisme et à la peur » (Thomas Cailley, Meilleur premier film pour, justement, Les Combattants). « Les seconds rôles incarnent cette “chose collective” à l’intérieur du métier d’acteur » (Reda Kateb, qu’on adore, Meilleur second rôle pour Hippocrate, dont la critique est à lire ici). Du côté des remettants : « par le dessin, on se fait des souvenirs communs, et des légendes » (dixit Joan Sfar). Et cette phrase d’Abderrahmane Sissako : « je pense à cette capacité extraordinaire de la France d’inclure beaucoup de gens ». Timbuktu, le film du réalisateur mauritanien, a été le grand gagnant de la soirée, avec pas moins de sept récompenses, dont le Meilleur film et le Meilleur réalisateur. Son Scénario (original), son Montage, son Son, sa Photographie et sa Musique ont été également distingués. On avait aimé, à Cannes, l’humanité de cette oeuvre qui savait éviter le manichéisme (lisez notre critique). On a pu apprécier, aux Césars, l’humilité de son auteur.

On a été heureux également de voir gagner deux très jeunes lauréats, Pierre Niney (Meilleur acteur pour Yves Saint Laurent, dont la critique est à lire ici) et Adèle Haenel (Meilleure actrice pour Les Combattants, lisez notre critique). Pierre Niney qui a su rappeler, dans son discours, l’utilité du travail ardu auquel lui et ceux qui exercent le même métier se livrent : tenter de « donner des rêves à la jeunesse ». Des rêves qui demandent une énergie et un temps fous pour être fabriqués. Si Kristen Stewart a créé quelque peu la surprise en remportant le César du Meilleur second rôle, pour Sils Maria, (lisez notre critique), dans laquelle elle est excellente, elle n’en incarne pas moins cette jeunesse, du côté américain. Et Sean Penn, César d’honneur qui a rappelé à quel point les films américains des années 70 l’avaient fait rêver, lui a opposé un beau reflet plus âgé. On souhaite la même carrière et le même talent à la jeune Kristen.

Fanny 118,5x174.inddMais cette cérémonie fut également riche en plaisanteries bien pensées. A base de couples d’acteurs remettants. Un premier sketch comique entre le maître de cérémonie Edouard Baer, à son meilleur, et celui qui présidait l’événement, Dany Boon, s’improvisant piano star. Un duo Cécile de France / Cédric Klapisch sur fond de traduction. Pascal Elbé « l’omniprésent » se prenant la tête avec Edouard Baer. Un montage très « Internet », très réussi, pour dénoncer un pseudo complot imaginaire (visible bientôt sur You Tube ?). Une mini prise de risque pleine d’imagination : le tournage d’un film improvisé, dans le parterre. Le résultat : Panique aux Césars (visible bientôt sur You tube ?). Même les blagues inattendues ont su faire mouche : la danse tirée des Aventures de Rabbi Jacob, « déjà faite » par Valérie Lemercier en 2007… Si, au bout de deux heures, des baisses de régime se sont faites sentir, le spectacle, émaillé de pauses musicales, a eu globalement un bon rythme. Et l’humour a également imprégné les récompenses, grâce aux Combattants. Qui a valu à Kevin Azaïs de recevoir le César du meilleur espoir masculin.

Une cérémonie qui fut donc remplie de jeunesse, d’humour, et d’humanité. Avec à ce titre, le César du Meilleur espoir féminin à Louane Emera pour La Famille Bélier (critique ici), le César du Meilleur film étranger à Mommy (critique et interview à lire) et le César du Meilleur documentaire au Sel de la terre, de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado (critique ici). On regretta que le grand perdant soit un film magnifique : Saint Laurent, de Bertrand Bonello, interprété par Gaspard Ulliel (lisez notre critique). Un film qui fut « difficile à faire », comme le commenta Anaïs Romand, qui reçut le César des Meilleurs costumes. On aima la présence de Volker Schlöndorff, César du Meilleur scénario adapté, avec Cyril Gély, pour Diplomatie (critique à lire ici). Et on eut envie de dire merci, enfin, à la culture : Denis Podalydès, convoquant Molière (le sonnet d’Oronte !), et Franck Gastambide, avec sa mise au point historique sur les décors. Des remettants qui apportèrent quelques cadeaux pour nous, téléspectateurs, qui ne devons pas oublier, derrière les paillettes, la force de la culture et de l’art. Et les mots de Pierre Niney, sur ce que sa famille lui transmit de plus important : « l’éducation et l’amour ».

Ultimes prix : le César des Meilleurs décors a couronné le film La Belle et la Bête, le César du Meilleur film d’animation a récompensé Minuscule – la Vallée des fourmis perdues, le César du Meilleur court-métrage a distingué La Femme de Rio, d’Emma Luchini et Nicolas Rey, et le César du Meilleur court-métrage d’animation est venu saluer Les Petits Cailloux de Chloé Mazlo.

Visuels : photo Abderrahmane Sissako © Le Pacte

Affiche de la 40ème Cérémonie des Césars

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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