Playlist de la semaine (104)
Le bordel revenu de Metz, le mutisme rompu de Sufjan Stevens, l’intérêt révolu de Florence + The Machine…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :
1. Metz, « Acetate »
Mélanger des œufs, des élastiques, du citron, de la bière, un dé, une émeraude magique, ça fera des pancakes. C’est la drôle de recette que nous indiquent les Canadiens de Metz, performeurs aux cordes (de guitares et vocales) timbrées devenus cuisto vitaminés le temps de la vidéo promotionnelle du premier extrait (« Acetate ») de leur second album à venir (cochons au marqueur la date du 4 mai). C’est un peu comme si l’on nous affirmait que mélanger une voix criarde, une guitare larsenique, une basse vrombissante, une batterie dégénérée, et trois excités en sueur, était capable de forger l’un des albums les plus addictifs de l’année 2012. N’importe quoi.
2. Sufjan Stevens, « No Shade in the Shadow of the Cross »
Après cinq ans de silence (hors expériences Sisyphus, délire de themes de Noël, et morceau clipé des années après sa parution originelle), voici venue l’heure du retour de l’Américain Sufjan Stevens, venu rappeler au plus grand nombre qu’il n’est pas nécessaire de souffler fort pour imposer le frisson et l’émotion dans tous les recoins du corps. « No Shade in the Shadow of the Cross » est tiré d’un album attendu pour le 30 mars (sur le label Asthmatic Kitty), et si l’on pourrait user de mille métaphores afin de qualifier l’instant, on utilisera plutôt directement celle employée par la vidéo qui accompagne le single, vision d’écumes apaisées venues terminer en douceur leur course aqueuse sur la plage presque verte d’une terre réceptive. Volupté suprême.
3. Flavien Berger, « La Fête Noire »
Après avoir théorisé la manière de faire de la pop ambiant sur les terrains incertains de la Planète Rouge (on a déjà mille fois célébré son EP Mars Balnéaire), le Français Flavien Berger invente, avec son nouveau titre « La Fête Noire », une certaine manière de concevoir le rock and roll de l’espace. Les terrains d’expérimentations ne sont plus cette fois ceux de Mars mais d’une fête foraine (les spécimens qui y circulent sont tout aussi étranges), le clip est à la hauteur de ce que sait produire le garçon de Pan European en live (c’est-à-dire : un gros bordel), et confirme une attente : celle de son premier album, que l’on nous annonce pour le mois d’avril.
4. Florence + The Machine, « What Kind Of Man »
De plus en plus pop, de moins en moins top. La formule n’est pas toujours aussi simplifiable, mais l’est dans le cas de Florence + The Machine qui, avec son single « What Kind Of Man », annonce un troisième album (How Big, How Blue, How Beautiful, sortie le 1er juin) qui, si l’on en juge à travers ce que l’on nous propose ici, semble être plus rock, plus grandiloquent, plus creux que ce que l’on connaissait déjà avant. Mémo : réécoutez Lungs, son premier album paru en 2009, et se contenter de ça.
5. Fancy, « Shock Me »
Il est marrant, Jessie Chaton. Déjà, parce qu’il porte un nom digne d’une pornstar habituée de la catégorie « teen » de sites réservés à public autorisé. Ensuite, parce que son accoutrement, détendu quoique franchement serré, mérite à lui seul l’attention. Et surtout, parce que ses performances scéniques et ses clips (on découvre en l’occurrence celui de « Shock Me », qui introduit son prochain album) est toujours le prétexte d’un étalage de testostérone inversées aussi excentriques qu’admirables (clairement, le mec sait groover). Issu du format live de General Elektriks, le talent de minaudeur performeur de Chaton et de sa bande seront en live au Pan Piper le 27 mars.
6. Rosie Lowe, « Who’s That Girl »
James Blake aurait fait un rêve. Il aurait changé de sexe, vu ses cheveux s’allonger, sa voix s’adoucir. Et sur le trottoir faisant face à son appartement de sa cité londonienne native, il aurait aperçu la silhouette allongée de Rosie Lowe, alternative crédible et féminine à son propre charme électro, soul et post-dubstep. La fable, si elle devait être inventée, raconterait ainsi l’apparition de cette charmeuse de brouillard, qui, dans la lignée d’Aluna (sans George), de FKA Twigs (sans les chorégraphies), de BANKS (sans les beats lourdingues) ou de Lana Del Rey (sans les minauderies incessantes), se pose certaines questions fâcheuses (« Who’s That Girl ? »), et renouvelle les attentes autour d’un album que l’on envisage pour le courant de l’année actuelle.
7. Maribou State, « Rituals »
Les rituels de Maribou State (un projet mené par les sorciers anglais Christ Davids et Liam Ivory), bientôt regroupés sur un album hébergé sur Counter Records, trouvent leurs origines dans les incantations émanant des gorges éveillées d’Hot Chip, de Caribou, d’Odesza (avec qui ils partagent un label, Counter Records). Mais rien de grave : le seul objectif de ces langages païens électro pop est d’emmener l’auditeur sur les pistes où l’on dandine ce qui compte. Addiction pop de la semaine.
Visuel : (c) pochette de Shock Me de Fanzy