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Playlist de la semaine (73)

Playlist de la semaine (73)

05 July 2014 | PAR Bastien Stisi

Le clip, treize ans après, d’un classique psyché de Sufjan Stevens, le nouvel extrait du premier album de Pegase, et la daube immonde pondue par la malheureuse association Grimes / Blood Orange…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :

1. Sufjan Stevens, « Year Of The Tiger »

« Year Of The Tiger » n’est pas le nouvel extrait clipé du prochain album de Sufjan Stevens. Parce que l’Américain aux instrumentations malades et féériques ne fait décidément rien comme tout le monde, le morceau est en réalité issu de son album Enjoy Your Rabbit, paru il y a treize ans (!), et dont la parution prochaine en format vinyle a occasionné la constitution de cet instant de psychédélisme et de surréalisme profond. On devra donc encore patienter pour trouver un successeur à The Age Of Adz, le dernier album de Stevens paru en 2010.

2. Pegase, « Gold To Share »

On avait jusqu’alors tendance à voir dans le premier album de Pegase la bande-son d’un film de science-fiction un peu désuet, un peu perché, un peu rêveur, confortés dans nos impressions par ces synthétiseurs et ces vapeurs cosmiques qui gouvernent en maître les contours de « The Bad Side Of Love », de « Without Reasons », de « Dreaming Legend ». Bien loin de l’esthétisme SF 80’, le clip de « Gold To Share », qui vient de paraître, renvoi plutôt à la bande-son d’un film post Guerre Mondiale et post-traumatique, au sein duquel on découvre un soldat libéré de ses traumatismes, de l’alcool et de la drogue en s’abandonnant totalement à la pratique du roller…

3. Grimes ; Blood Orange, « Go »

La tristesse et la déception sont à peu près aussi grandes que sont inaudibles les instants dubstep façon Diplo qui font office de refrain au morceau : avec l’affreux « Go » (produit par les hérétiques Blood Orange), Grimes, jadis princesse sublime d’une pop complexe, féérique, datée et mélancolique, bascule dans le R&B racoleur et électronisé, qui trouvera sans doute sa place aux heures de pointe de MTV et dans les H&M de quartier. Pas étonnant que l’ignoble production ait initialement été composée pour Rihanna, qui, une fois n’est pas coutume, avait eu le bon goût de refuser le cadeau ensorcelé.

https://soundcloud.com/trvpgxdz/grimes-go

4. Claire, « Broken Promise Land »

Avec leur premier album The Great Escape, les Munichois de Claire (qui est donc un groupe composé d’une fille et de plusieurs garçons) confirment les attentes construites autour de la parution de leurs deux premiers EP et l’engouement qu’ils avaient alors suscité outre-Rhin,  et proposent une échappée rétro-futuriste dans une contrée où la pop synthétisée donne aux réduits, comme aux très larges espaces, les magnificences de la mélancolie sublimée. Et peu importe si le Monde se brise : il demeurera la Lune et les rayons nuancés de l’un des plus jouissifs albums d’électro pop parus ces derniers mois.

5. Disco Anti Napoleon, « Eva / Ascent »

Entre psychédélisme fusionné, pop euphorique, disco sans populisme et rock mélodique, les Nantais de Disco Anti Napoleon continuent à promouvoir l’extraordinaire forme de la scène pop de Loire-Atlantique, et font paraître Eva / Ascent, un nouvel EP qui annonce un premier LP complet prévu pour le mois d’octobre. On se cabre, on se tord, on se dandine, on médite, on regarde le clip doublé réalisé par le bassiste du groupe.

6. Molecule G, « Made In Paris »

Signé chez le label Mille Feuilles, Molecule G abandonne la physique cantique pour l’étude d’une pop rebrousse chemin, où le jazz rencontre le rock, la disco, le R&B et l’électro d’horizons épars. Au sein de ce melting-pot géant ressort une carte postale décousue et cohérente, positionnant la capitale parisienne sur l’échiquier de leur Bubbles Machine, leur second album paru il y a quelques semaines.

7. Florent Marchet, « Heliopolis (Salut C’est Cool remix) »

Dans son ode nudiste, hédoniste et cosmique « Heliopolis » (issu de son brillant et rétro-futuriste Bambi Galaxy), Florent Marchet avoue sa peur du disco, du palmier, du conifère, des moutons. Avec tant de peurs et d’appréhensions si clairement énoncées, on se demande bien comment le Français n’ait pas pu craindre également de laisser son morceau entre les mains des dingos Salut C’est Cool, venu revisiter « Heliopolis » avec la patte psychotropée et enlaidie qui les caractérise. On pourra aussi écouter les remixes de Jamaica, de Sayem, et de Michael Garçon. Ou l’original aussi surtout.

La plupart des morceaux de la playlist sont à retrouver sur la page Deezer de Toute La Culture.

Visuel : (c) pochette de Heliopolis EP Remixes de Florent Marchet

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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