Cinema
La sélection cinéma du 15 janvier

La sélection cinéma du 15 janvier

15 January 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

En cette troisième semaine de janvier, oubliez les premiers soucis de l’année naissante avec un bon film ! Et pourquoi pas plusieurs. Comme chaque semaine, la rédaction de Toute la culture vous accompagne.

Commencez par vous offrir l’Ours d’or du dernier Festival de Berlin : Mère et fils, du roumain Calin Peter Netzer. Film sur la frontière entre amour maternel et manipulation, et saisissant portrait d’une femme puissante et possessive, Cornelia, prête à tout pour protéger son fils, responsable d’un grave accident. Même à l’amener à prendre des décisions inconsidérées. Tableau social de la Roumanie, tension psychologique et en prime, une interprète magistrale : la grande Luminita Gheorghiu.

[Mère et fils, un film de Calin Peter Netzer avec Luminita Gheorghiu et Bogdan Dumitrache, drame roumain, 1h52.]

*

Amateurs de psychologie fine et torturée, vous irez voir Mère et fils. Mais serez-vous rassasiés ? Ne vous en faites pas, si vous en voulez encore, le cinéma français pense à vous : allez donc voir L’Amour est un crime parfait. Après Peindre ou faire l’amour (2005), après Le Voyage aux Pyrénées (2008), après Les Derniers Jours du monde (2009), les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu reviennent avec leur cinéma onirique aimant à mêler fantasmes et haute montagne. Ici, leur ton se fait plus sombre : adaptant Incidences de Philippe Djian, ils dirigent une distribution de choix. Mathieu Amalric joue le prof séducteur et torturé, dont l’une des étudiantes, avec qui il avait une liaison, disparaît. L’affrontement commence pour lui avec trois femmes : la belle-mère de la disparue (Maïwenn), une autre étudiante (Sara Forestier) et sa propre sœur (Karin Viard). Sans compter son supérieur, incarné par Denis Podalydès, le discret distrait qu’on aime tant. Pour l’atmosphère, pour le décalage, pour la dimension terriblement originale apportée par les frères Larrieu dans un univers de film noir, précipitez-vous à L’Amour est un crime parfait.

[L’Amour est un crime parfait, un film d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu avec Mathieu Amalric, Maïwenn, Karin Viard, Sara Forestier, Denis Podalydès, policier français, 1h51.][rating=4]

*

Il arrive que la psychologie laisse la place à la violence. L’affrontement se fait non plus avec les têtes mais à l’aide des pistolets dans Les Brasiers de la colère, en salle cette semaine également. Scott Cooper, le réalisateur de Crazy heart (2010) change de registre et lance Christian Bale, ouvrier au courage sans faille dans une petite ville de l’Amérique profonde, au secours de son frère –joué par Casey Affleck et sa voix haute- menacé par un gang qui tient la ville, dont le chef est incarné par notre « tueur-né » favori, Woody Harrelson. Intrigue de western et arrière-plan social s’accordent parfaitement dans ce drame d’excellente tenue.

[Les Brasiers de la colère, un film de Scott Cooper avec Christian Bale, Casey Affleck, Woody Harrelson et Forest Whitaker, Willem Dafoe, Zoe Saldana, Sam Shepard, drame américain, 1h56.][rating=5]

*

Pour ceux qui veulent persévérer dans des univers noirs, forts et violents, notez également la sortie de R, film de prison danois. Cette œuvre, qui date de 2010, est le fruit de la rencontre de Tobias Lindholm, réalisateur, en 2013, de Hijacking, film de pirates moderne, et scénariste de la série du moment, Borgen, et de Michael Noer, qui a signé, en 2013, un autre film remarqué, Northwest. Un jeune délinquant danois arrive en prison, sympathise avec un autre détenu musulman, met au point un trafic et se heurte aux règles impitoyables de l’univers carcéral. Précis et concis, interprété par le très doué Pilou Asbaek, R est aussi caractéristique d’un certain cinéma danois, lui-même reflet d’une partie de la société et de l’état d’esprit danois. Le cinéma de Nicolas Windig Refn, notamment. Plein de ces références, vous pouvez y aller sains crainte !

[R, un film de Tobias Lindholm et Michael Noer avec Pilou Asbaek et Dulfi Al-Jabouri, drame danois, 2010, 1h39.][rating=4]

*

Et encore de l’action, pour bien vous épuiser ! Piégé, premier film du français Yannick Saillet. Seul survivant d’une attaque éclair en Afghanistan, un sergent incarné par Pascal Elbé se retrouve avec le pied sur une mine, dans une zone où les adversaires ne vont pas tarder à attaquer. Thématique à la Boris Vian pour film destiné à faire monter la tension. Vous laisserez-vous vous aussi « piéger » ?

[Piégé, un film de Yannick Saillet avec Pascal Elbé et Laurent Lucas, film d’action français, 1h18.]

*

Si toutes ces émotions vous inquiètent et que vous préférez la comédie, vous pouvez opter pour Divin enfant. La rédaction n’a pas vu cette comédie sur le thème de Noël et d’un réveillon qui tourne au cauchemar, mais les rôles principaux sont tenus par des acteurs talentueux, au premier rang desquels on trouve le divin Sami Bouajila, incroyable transformiste doté d’un charisme dévastateur.
A vous de vous faire votre avis. Bonnes séances !

[Divin enfant, un film d’Olivier Doran, avec Sami Bouajila, Emilie Dequenne, Géraldine Pailhas, Guillaume de Tonquédec, Lin-Dan Pham, Pascal Demolon, Marco Prince, Natacha Lindinger, comédie française, 1h25.]

Visuels: © photos officielles sur Allociné

Arthur Schopenhauer : le pessimisme de Francfort
“The Rape of Lucretia”, un Britten austère à l’Athénée
Avatar photo
Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration