Les derniers jours du monde : L’apocalypse selon Amalric et Catherine Frot
Après leur inaccessible « voyage aux Pyrénées », les surréalistes frères Larrieu nous offrent un troisième long aussi absurde qu’improbable : (tentative de) critique.
Dans un futur proche, le monde sombre vers la fin des temps. Radios et télévisions annoncent épidémies, attentats, et attaques nucléaires imminentes. Dans cette atmosphère apocalyptique, un homme, Robinson (Amalric), va tenter de retrouver son grand amour, Laetitia. Loin d’une guerre des mondes façon Spielberg (pas le même budget), les destructions ne sont annoncées que par quelques « boum » stridents et des extraits de journaux télévisé. Les frère Larrieu contournent le genre pour s’adonner à leur thème favori : les histoires d’amour, de passion… et surtout de sexe. Le prétexte est tout trouvé en inscrivant la trame de l’histoire dans les derniers instants du monde…
Alors que la vie touche à sa fin, les personnages reviennent à leurs désirs premiers au-delà des conventions et se révèlent sous un angle nouveau. Dans un second rôle marquant, Catherine Frot incarne une femme abandonnée par son mari sur une aire d’autoroute, qui n’aura dès lors de cesse que de prendre des cafés et de faire l’amour à Robinson… Voila ce qui résume bien le cinéma Larrieusien : une aventure épicurienne dans un contexte hautement tragique, et un art du décalage permanent.
Au premier abord, difficile d’avaler la pilule de ces derniers jours du monde. Trop long, très inégal, et s’appuyant sur un quasi non scénario (assumé) : difficile d’objectivement parler d’une réussite. Et pourtant, en se munissant de lunettes d’ironie et de second degré, on ne surprend à apprécier les scènes oniriques et tragiques, les dialogues hors sujet déclamés comme au théâtre, et les chansons qui dédramatisent les scènes (ton style c’est ton cul de Ferré). La première heure est ainsi un vrai régal, pimentée par les performances de Catherine Frot et de Karine Viard que cette fin du monde excite follement.
Entre scènes d’érotisme cheap, de tragédie romantique, et d’humour 4ème dimension, les derniers jours du monde conviendront peut être aux 5% plus curieux d’un public qui risque fort l’ennui et l’incompréhension. Si le cœur vous en dit, allez-vous faire votre propre opinion sur un film qui a l’ (immense) mérite de détonner et d’assumer sa singularité. Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?
Gilles Hérail
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10 thoughts on “Les derniers jours du monde : L’apocalypse selon Amalric et Catherine Frot”
Commentaire(s)
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JACQUEMIN
La médiocrité de deux obsédés sexuels….Beaucoup d’ennui,de longueur,d’incompréhension, on peut continuer à l’infini…
Detlev
Ce film m’a plus que déplut, rien que les deux première minutes.. J’ai quitté la salle.
Nicolas S. de Nagy-Bocsa
Un film certes trop long mais aux images sublimes : le Pays Basque, l’Espagne, Taïwan, le Canada – séquences tournées dans les Pyrénées enneigées, il n’y avait plus de budget ;) ; bon accompagnement musical également, et des clins d’oeil innombrables à d’autres films/romans du genre. Un humour un peu particulier (beaucoup de gens risquent de passer à côté) mais bien présent, des comédiens décomplexés qui osent exposer leurs corps (bon, ça peut mettre mal à l’aise pas mal de personnes)… Les comédiens snt très bons, même si Amalric a toujours ce regard bizarre d’hurluberlu pervers.
Carlita et moi on a bien aimé !
ISA
J ai adoré. Un film, suréaliste, osé, provocateur, drole, original, dérangeant, exaspétrant loin, très loin des films français classiques sans surprises et ennuyeux.
isa
Je n’ai jamais vu un film aussi nul. Très déçue vu les acteurs qu’il y a, je me suis même ennuyée.
karinoliv
J’ai trouvé ce film dérangeant, mais intéressant. Confrontés à la fin du monde, les individus semblent se déshumaniser; une fille a des rapports sexuels avec son père… Seul Robinson, animé par sa quête, orienté par le désir de retrouver son amour, fait preuve d’humanité jusqu’à la fin, c’est probablement ce qui fera de lui d’un des derniers survivants. Ce qui me renvoie au livre de Primo Levi, “Si c’est un homme”, dans lequel il aborde ce qu’il l’a maintenu en vie dans les camps de concentration, comment il a résisté aux tentatives de déshumanisation des nazis.
Tymoty
Ce films aurait pu être un bien si il avait durer 1 h 30 et non 2. Car la première partis est très bien tourné. Et au niveau humain très réaliste. Mais la seconde et lent on perd ces repère. Et on la impression de tomber dans un film érotique ou pornographique. Mais pour la destruction du monde. Je ne pense pas qu’il regretter le manque d’image d’explosion nucléaire et autre. Car on peu s’intensifier au personnage qui est monsieur tous le monde. si la fin du monde arriver. Les seul image de destruction que tu verra ces ce que les journaux pourrons de montrer.
Paul PARFAIT-VERHEYT
Vu hier en télé et beaucoup aimé!
Pourquoi, par quoi et comment exister alors qu’on est sans cesse confronté aux sens/non-sens des autres ainsi qu’aux sens/non-sens de son contexte (époque/lieu)? Sans doute en s’engageant absolument dans ses propres sens/non-sens … Voilà comment je décrypte :
– la cavalcade éperdue de Robinson à la recherche de Lae
– son affrontement, comme “glissé”, à ses contemporains, tout aussi éperdus que lui
– la “vacuité” des lieux sublimes traversés … à travers juste leurs stéréotypes
– et plein d’autres choses touchantes et justes qui prennent pertinence dans cette grille (dont notamment l’engagement personnel des acteurs qui m’a semblé perceptible!)
Ceci étant la matière est assez riche et joliment traitée pour permettre à chacun de choisir sa lecture …
laure
C’est un très bon commentaire. si le coeur vous en dit, j’ai fait un commentaire de ce film sur mon blog (elizabeth971 sur over-blog).
Mon idée est que le film a un sujet, la fin du monde, qui peut être très différent si l’on se dit que ce film raconte peut-être un rêve ou même, raconte la mort du héros. la fin du monde serait alors la fin d’un monde, la fin du monde de chaque personne qui meurt.
Avec cette interprétation-là, le film devient alors sublime selon moi.
J’aime bien aussi le commentaire de Paul Parfait-Verheyt et aussi celui d’ISA et de Nicolas S.