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Azra Deniz Okyay : “Dans “Les Fantômes d’Istanbul”, je voulais montrer les femmes qui m’entouraient”

Azra Deniz Okyay : “Dans “Les Fantômes d’Istanbul”, je voulais montrer les femmes qui m’entouraient”

28 August 2023 | PAR Kevin Sonsa-Kini

Les Fantômes d’Istanbul est le dernier film de la réalisatrice turque Azra Deniz Okyay. Un film poignant dans lequel elle met en avant la situation sociopolitique et générale de la Turquie. À travers ce long-métrage, Azra Deniz Okyay veut immerger le spectateur dans les ténèbres de la Turquie moderne afin d’essayer de trouver la lumière ensemble. Ce film s’est vu décerner le Grand Prix de la Semaine de la critique lors de la Mostra de Venise 2020. À l’occasion de la sortie des Fantômes d’Istanbul, Toute la culture a rencontré la réalisatrice Azra Deniz Okyay de passage à Paris. 

Synopsis : Istanbul, dans un futur proche. Alors que la ville est en proie à des troubles politiques et sous la menace d’un black-out, Dilem, une jeune danseuse activiste, croise le destin d’une mère dont le fils est en prison, d’une artiste féministe et d’un trafiquant rusé au cœur d’un réseau d’arnaques immobilières. Leurs histoires s’entremêlent offrant un portrait saisissant de la Turquie contemporaine. 

Toute la culture : Vous sortez votre nouveau long-métrage Les Fantômes d’Istanbul. C’est l’aboutissement d’un processus qui a duré cinq ans. En quoi la situation en Turquie vous a inspiré la réalisation d’un film ? 

Azra Deniz Okyay : Tout est parti d’un sentiment d’émotion. Après 2013, les choses ont vraiment commencé à être très compliquées pour la nouvelle génération en Turquie. Un jour, je parlais avec une copine et les hélicoptères passaient non-stop. Du coup, on ne s’entendait pas parler et ça ne présageait rien de bon. On n’était pas dans un film type “Apocalypse Now” mais on avait l’impression que quelque chose allait changer. C’est comme ça que j’ai commencé à écrire le film. En tout, ça m’a pris cinq ans. 

Lors du processus d’écriture, vous avez rencontré de nombreuses femmes à Istanbul. Qu’avez-vous appris d’elles ? 

On est devenues très soudées l’une et l’autre. Les mouvements féministes et LGBT sont devenus majoritaires en Europe. On dénonce des violences qu’on est en train de subir. A travers ce film, je voulais vraiment montrer les femmes qui m’entouraient. 

Comment s’est passé le tournage avec les acteurs ? 

C’est vrai qu’avec les acteurs, comme nous n’avions pas beaucoup d’argent, on a fait 10% du budget du film. Pour le casting, j’ai repéré des jeunes actrices et des jeunes acteurs sur Instagram. Ça m’a beaucoup aidé. J’ai aussi trouvé des acteurs dans le quartier où j’ai tourné le film comme celui qui incarne le petit copain de Dilem (personnage incarné par l’actrice Dilayda Günes). C’est un jeune du quartier qui étudiait le théâtre et qui a brillé mais d’une force. On a même travaillé avec son cousin qui est producteur. Quand vous travaillez avec des acteurs amateurs, ce qui est beau, c’est leur énergie et leur naturel. Mais il faut savoir aussi les manipuler. C’était assez fatigant pour moi d’essayer de trouver le bon acteur parce que vous y passez beaucoup d’heures. Toute cette énergie se ressent à travers le film. 

On retrouve d’ailleurs un bâtiment qui s’écroule vers la fin du film. Sans doute l’une des scènes les plus poignantes… 

Ça s’est passé dans un quartier à Istanbul. Lors de mes recherches pour le film, j’ai commencé à comprendre qu’on coupait les colonnes et qu’en quelques jours, un bâtiment pouvait s’écrouler. C’est ce que j’ai voulu montrer dans le film. Une façon de rendre hommage au Mythe de Sisyphe d’Albert Camus. 

Au fond, ce film, comment le définiriez-vous ?

En fait, ce film, c’est plusieurs émotions en une. Quand un mur s’écroule, tout perd son équilibre. C’est comme un effet papillon en fait. J’ai voulu transmettre une émotion dans ce film. Je voulais aussi que les gens puissent être ouverts d’esprit. 

Photo : Agence Valeur Absolue. 

Les Fantômes d’Istanbul, film d’Azra Deniz Okyay, 1h30, avec Dilayda Günes (Dilem), Beril Kayar (Ela), Nalan Kuruçim (Iffet) et S.Emrah Özdemir (Rasit). 

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Kevin Sonsa-Kini

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