Cinema
Le jury du 74e Festival de Cannes donne la Palme d’or à Titane de Julia Ducournau

Le jury du 74e Festival de Cannes donne la Palme d’or à Titane de Julia Ducournau

18 July 2021 | PAR Yaël Hirsch

A 37 ans , la réalisatrice Julia Ducournau a reçu la Palme d’or des mains de Sharon Stone et Spike Lee, ce samedi 17 juillet. Après Jane Campion avec La Leçon de Piano en 1993, c’est la deuxième femme à recevoir ce plus haut prix. Le jury Présidé par Spike Lee a également remis beaucoup de doubles prix : Asghar Farhadi et Juho Kuosmanen pour le Grand Prix, Nadav Lapid et Apichatpong Weerasethakul pour le Prix du Jury, tant la compétition (24 films) était riche et diverse… Retour sur le Palmarès.

La Palme d’or

Donc Palme d’or à Titane, qui est sur nos écrans à tous depuis le 14 juillet. Et pourtant le film nous a déçus (lire notre critique). Non pas en nous faisant vomir ou en nous maltraitant de trop de “gore”, comme le disent les rumeurs. Rassurez-vous, en fermant à moitié les yeux comme il se doit pour un film de genre, on ne souffre pas trop. Et c’est un peu cela qui nous laisse une impression d’inachevé : on ne sent pas résonner dans sa chair et son histoire personnelle les mutations du personnage interprété par Agathe Rousselle, en se renfermant d’après nous dans un “genre”, en ne faisant que montrer le monstre, au lieu de le faire raisonner en nous. Alors que Grave, le premier long métrage de Julia Ducournau, découvert à la Semaine de la Critique, parlait en chacun et chacune par le biais d’un flirt génial avec le film de genre de la mutation et de ses douleurs… Si Titane est génialement mis en scène et formellement encore plus maîtrisé, montrer le monstre, même s’il change de genre et de filiation avec une fluidité qui résonne bien avec notre époque, reste une manière de nous rendre voyeurs. Néanmoins, l’on voit bien quels aspects formels et aussi quel choix du danger et du changement cela représente pour une institution comme Cannes !

Tout le Palmarès

Le double Grand Prix, remis par Oliver Stone, récompense deux films plus “classiques”, merveilleusement maîtrisés chacun en son genre, peut-être plus lents, lancinants, prenant chacun à sa manière le temps de se développer et de dévoiler un cheminement, et qui nous ont tous frappés : Un héros d’Asghar Farhadi et Compartiment n°6, de Juho Kuosmanen.

Le double prix du Jury, remis par Rosamund Pike dans un français parfait a couronné deux films très prisés par les critiques : Memoria d’Apichatpong Weerasethakul, et notre chouchou, Le genou d’Ahed de Nadav Lapid (lire notre article et notre interview)

Le prix de la mise en scène remis par Valéria Golino est le premier prix cannois de Leos Carax, pour son film Annette qui avait beaucoup divisé en ouverture. Le prix du scénario, remis pas la réalisatrice Andrea Arnold est allé à un autre film salué par la Presse : Drive my car de Ryusuke Hamaguchi.

Nous nous réjouissons beaucoup que le prix de la meilleure actrice ait récompensé Renate Reinsve dans Julie en 12 chapitres de Joachim Trier. Le prix a été remis par Lee Byung-Hun.

Et après avoir été découvert dans The Social Network de David Fincher, le prix du meilleur acteur a été remis par Adèle Exarchopoulos à Caleb Landry Jones pour son rôle dans Nitram de Justin Kurzel.

Enfin, côté court, c’est Tang Yi qui a reçu la palme pour Tous les Corbeaux du monde tandis qu’une mention spéciale a été faire à Jasmin Tenucci pour Le ciel du mois d’août.

La Caméra d’or est allée à Antoneta Alamat Kusijanovic pour son film présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Murina.

C’est Paolo Sorrentino qui a remis sa palme d’or d’honneur à Jodi Foster que nous avons eu la chance d’entendre en masterclass et qui sera un jour Présidente du jury, nous a prévenus Thierry Frémaux.

Les autres prix

Vous pouvez retrouver les palmarès d’Un certain regard et de la Semaine de la Critique dans Toute La Culture. 

Les prix Partenaires de la Quinzaine des réalisateurs sont allés à A Chiara (Label Europa Cinemas) et Les Magnétiques (SACD). 

Le jury de l’Œil d’or qui récompense le meilleur documentaire et présidé cette année par Ezra Edelman a primé deux “grands”: le prix est allé à A night of knowing nothing de Payal Kapadia, qui donne à découvrir les mutations sociales de l’Inde à travers la correspondance d’une jeune femme et son aimé, et le Prix Spécial du Jury de L’Œil d’or a été remis à Babi Yar. Context de Sergeï Loznitsa, sur les archives du massacre de 33 771 juifs dans la ville de Kiev sous l’occupation allemande en septembre 1941.

Nous rappelons que le jury de la Queer Palm présidé par Nicolas Maury a couronné Catherine Corsini pour La Fracture où Valeria Bruni-Tedeschi et Marina Foïs jouent. Le Jury œcuménique 2021 a primé Drive my car de Ryusuke Hamaguchi.

Le Jury 2021 Prix de la Citoyenneté était présidé par Valérie Zenatti et a remis son prix à Un Héros de Asghar Farhadi.

Le Prix du Cinéma Positif remis par l’Institut de l’Economie Positive, présidée par Jacques Attali et Audrey Tcherkoff est allée au réalisateur marocain Nabil Ayouch pour Haut et fort (Casablanca Beats).

visuel : photo du films Titane (c) Carole Bethuel  – Diaphana 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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