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[Cannes 2021] Jour 2 : Carrère à la Quinzaine, Depardieu à la Semaine et Israël du côté du Palais

[Cannes 2021] Jour 2 : Carrère à la Quinzaine, Depardieu à la Semaine et Israël du côté du Palais

09 July 2021 | PAR La Rédaction

Soleil radieux ce jeudi matin de début des sections parallèles, tandis que la croisette est encore relativement calme. Les rédacteurs de Toute La Culture ont profité d’un premier jour ultra-riche de films divers et se sont déployés sur toute la Croisette. Live report.

Par Sarah Dray, Yaël Hirsch, Geoffrey Nabavian et Paul Fourier. 

À 11 h 30, grande émotion en salle du 60e où Thierry Frémaux est venu présenter un film qui a attendu plus d’un an. Les cahiers noirs de Shlomi Elkabetz (venu parler du film avec son équipe, Yaël Abecassis et sa mère, la fameuse égérie de la trilogie qu’il a filmée avec sa grande sœur Ronit) est un documentaire-fleuve qui réalise en transparence le portrait de la maman de réalisateur – inspiratrice du personnage de Viviane, cette femme juive marocaine qui aspire à la liberté dans la douleur et qui ose exprimer la douleur depuis Prendre femme – et sa sœur, Ronit, probablement la plus grande actrice israélienne, morte prématurément d’un cancer. Un film puissant, émouvant, sans retenue et plein de subtilités qui parle de famille, de deuil et de vie. 

À 11 h 30, en parallèle, on a pu assister à la naissance d’un talent de réalisateur venu du Bangladesh, celui d’Abdullah Mohammad Saad, venu présenter son film Rehana Maryam Noor au sein de la section Un certain regard. Lent et sombre, ce récit des combats d’une femme au sein d’une société patriarcale et socialement inégalitaire n’en était pas moins soutenu par de beaux partis-pris tenus (photo avec la même couleur tout du long, nombreuses scènes de couloir…). Suffisant pour captiver.

À 14 heures, Thierry Frémaux était sur place pour présenter une tout autre histoire de famille. Produit par Amazon Studios – studios curieusement salués par un vacillement brusque, peut-être délibéré, du rideau bordant l’écran, au début lors du passage de leur logo – Val revient sur la disparition de nos écrans de Val Kilmer. Le directeur du festival en a profité pour remercier avec chaleur le public d’avoir répondu présent, cette année où rien n’était certain, et où le Palais est souvent vide parce que les salles sont pleines. Dans Val, on entre donc dans la peau de Val Kilmer touché par un cancer de la gorge dont il s’est remis mais qui lui a coûté sa voix, l’acteur emprunte celle de son fils (présent à la projection, Val n’ayant pu venir) pour partager avec nous 40 ans d’archives filmiques, lui qui s’est toujours promené partout avec une caméra pour documenter une vie d’acteur. On y apprend en effet beaucoup sur le métier, vécu avec passion par celui qui a fait ses classes à la Julliard school et commencé sur les planches à New York avant de décoller en 1986 avec Top Gun. Un documentaire à l’américaine qui nous embarque dans son sujet et donne envie d’aller revoir la filmographie de Val Kilmer.

À 15 heures, le public avait rendez-vous avec l’une de ses actrices préférées et de toujours : la merveilleuse Jodie Foster. Thierry Frémaux a raconté que l’actrice et lui se sont rencontrés il y a 20 ans pour qu’un jour Jodie Foster soit présidente du jury. Elle tournait un film et a dû décliner. Thierry Frémaux nous a prévenus que nous ne perdons rien pour attendre et qu’un jour Jodie Foster sera présidente du Festival de Cannes. Pour l’heure, c’est en invitée d’honneur avec remise de la palme assortie qu’avec une élégance inaltérable et la grâce d’une adolescente, la star donnait une masterclass ce mercredi 7 juillet. Cet échange a commencé par une standing ovation. L’actrice s’est exprimée en parfait français et tout a commencé par le commencement : Taxi Driver. « L’âge d’or pour les films américains » selon Jodie Foster qui avait déjà tourné avec Scorsese et a raconté l’anecdote terrible de son chien, Napoléon, mort sur les marches de Cannes

À 16 heures, tapis rouge sous un soleil de plomb pour le réalisateur Nadav Lapid, déjà lauréat de l’Ours d’or pour Synonymes et qui présentait Le genou d’Ahed en compétition officielle. Filmé dans le désert d’Arava, le film raconte le voyage du réalisateur Y. dont la mère est mourante et qui se déplace pour présenter un film dans  une bibliothèque de ce lieu reculé. Celle qui organise la projection commentée est sous-directrice des bibliothèques du pays à Jérusalem et du coin. Leur rencontre fait remonter des souvenirs douloureux de son service militaire et des sentiments difficiles à l’égard de son État pour Y… Un film âpre, beau, avec des personnages à la limite d’une folie qui révèle beaucoup et où le mot miracle se répète d’autant plus que la violence affleure.

À 17 heures, nouvelle séance de la Compétition, avec Tout s’est bien passé de François Ozon : un drame familial adapté du récit d’Emmanuèle Bernheim, dans lequel André Dussollier impressionne par son jeu physique. Un film au final parsemé de beaux instants, mais trop narratif et précipité aussi souvent. Notre critique est à lire ici.

À 18 heures, il était temps de boire notre premier cocktail à Cannes au Nomad, le toit de l’hôtel Five mis en ordre de bataille festive par Le Perchoir et Cartel. Au programme, beaucoup d’eau, du Spritz aux olives comme en Italie et une soirée Kombini de bienvenue colorée et délicieuse avec un mix de Porno Disco. 

À 20 heures, c’était l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs avec dans un premier temps la remise du Carrosse d’or à l’élégant Frederick Wiseman, après un très beau montage d’extraits de ses films depuis 50 ans. Le réalisateur a pris la parole avec soin, mettant en cause la catégorie de documentaire et expliquant comme ce prix, remis par des confrères et consœurs était important. C’est en zoom depuis le Mississipi que l’éclatante Juliette Binoche a salué le Festival de Cannes en présentant le beau film d’ouverture réalisé par Emmanuel Carrère, Ouistreham, avec toute l’équipe. Il s’agit de l’adaptation du livre de Florence Aubenas dans lequel elle raconte le quotidien de femmes de ménages précaires sur le ferry le Ouistreham, le film est subtil, juste, émouvant et Binoche irradie de concert avec toutes les autres actrices. 

À 21 h 30, était projeté sur la plage L’épouvantail de Jerry Schatzberg, avec Al Pacino et Gene Hackman, en présence du réalisateur. L’occasion de (re)découvrir ce buddy movie décadent où deux personnages sans foi ni toit vagabondent d’autostop en autostop à travers les paysages d’une Amérique crépusculaire. Malgré son ton désenchanté, c’est également un très beau film sur l’amitié où les deux protagonistes incarnent deux versants de la masculinité qui se révèlent plus poreux qu’on aurait pu le croire au début. Une claque sèche, dure et émouvante qu’il est bon de se reprendre quarante-six ans après qu’il ait obtenu la Palme d’or en 1973.

Enfin, c’est le Velvet Underground qui a clôturé, à 22 h 15, la journée au Grand Théâtre Lumière avec le documentaire au montage fabuleux et à la bande-son explosive de Todd Haynes. Finir avec Lou, Andy, Nico et les autres, et l’ambiance survoltée de cette époque, quel trip !

Il était temps ensuite d’aller faire un tour à la fête du film Le Genou d’Ahed, de Nadav Lapid, qui avait lieu sur les hauteurs de Cannes. L’occasion de retrouver des sensations adorées : celles de pouvoir se servir un whisky-coca, un cocktail à base de vodka Le Baron/Garnier ou un grand verre de vin blanc au bord d’une piscine – avec festivaliers et festivalières pieds dans l’eau – dans le jardin d’une villa, avec un salon où se tient aussi un DJ set aux excellentes vibrations. Un vrai plaisir cannois retrouvé, celui de conclure une journée intensive avec un peu de très bons alcools et de fraîcheur, dans un cadre verdoyant.

visuels © YH

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