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Cannes 2022, Acid – 99 Moons : autodestruction et sexualité affirmée

Cannes 2022, Acid – 99 Moons : autodestruction et sexualité affirmée

20 May 2022 | PAR Yohan Haddad

14 ans après sa première incursion à l’Acid, le réalisateur suisse Jan Gassmann revient à Cannes avec un film explorant les amours d’un couple de marginaux accrocs au sexe et à ses tourments.

Bigna et Frank n’étaient pas censés se croiser : elle est chercheuse dans une grande entreprise qui s’intéresse à la nature et aux déplacements d’espèces animales sur tout le territoire terrestre. Il travaille dans une boîte de nuit post-futuriste où tout le monde porte des casques pour écouter la musique, et où la putridité n’a pas sa place. Tel est le point de départ de 99 Moons, comme celui de nombreuses comédies de l’histoire du cinéma : réunir des âmes qui n’ont rien en commun. Pourtant, 99 Moons est bel et bien un drame sombre qui ne laisse aucune place au rire.

Jan Gassmann explore ici l’histoire d’un couple sur plusieurs années (ou plusieurs lunes, comme le rappellent les différents moments d’ellipses du film) à travers le prisme d’une sexualité débridée qui dépasse la simple notion de “normalité” aux yeux de la société moderne. 

Tout le film est construit de cette manière : une série de séquences marquées par des ellipses où les personnages semblent enclin à abandonner cette sexualité débridée et violente, mais où ils sont toujours rattrapés par les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Si Bigna et Frank finiront par tomber amoureux, ils n’abandonneront jamais cet idéal sexuel, même quand le destin finit par les séparer.

99 Moons est un mélange composite de diverses influences cinématographiques, naviguant entre les premiers films de Chantal Akerman, à l’image de son oeuvre maîtresse Je, Tu, Il, Elle, ou bien même du Antichrist de Lars Von Trier, qui voit un couple se déchirer et sombrer dans la démence sexuelle après un drame familial. Jan Gassmann filme les corps avec une maîtrise difficilement contestable, n’hésitant pas à abuser de gros plans pour montrer la violence de la passion.

Après un point de départ intrigant qui s’attarde longuement sur l’opposition de ces deux personnalités, le film se perd dans un enchaînement de séquences sans grand intérêt, qui voit se succéder des scènes de sexes qui finissent par être superflues dû à leurs surnombres, et qui abandonne par addition tout son potentiel narratif pour conter une histoire déjà vue mille fois, celle d’un couple à la dérive qui s’aime mais qui, d’une certaine manière, ne se comprend pas. Reste une dernière partie touchante mais malheureusement trop courte, et un final presque trop ouvert, qui ne résout finalement pas grand-chose.

Visuel : © Photogramme du film

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Yohan Haddad

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