Cannes 2022, ACID : Magdala, nouvelle tentative de Damien Manivel traquant la grâce
Le génial réalisateur Damien Manivel rêve aux derniers jours de Marie-Madeleine, la célèbre protagoniste de la Bible, seule au sein d’une nature enveloppante. Un film qui marche à petits pas et dévoile des moments de grâce, présenté au sein de la programmation de l’ACID pendant Cannes 2022.
Une rêverie sur les derniers jours de Marie-Madeleine : voici le territoire au sein duquel l’excellent réalisateur Damien Manivel – signataire du sublime Un jeune poète, du Parc ou des Enfants d’Isadora – s’aventure cette fois. Lui qui paraît adorer se lancer à la poursuite de ce qui est invisible, et veut peut-être le rester tant il est dur de le faire se matérialiser, se penche ici sur la célèbre figure féminine issue de la Bible, qu’il peint en femme âgée vivant totalement retirée du monde matériel dans une forêt. Marchant à pas très lents, elle entretient le souvenir du Christ, qu’elle aima, et aimerait retrouver.
Attachée aux gestes et frémissements de celle qu’il observe, la danseuse et chorégraphe Elsa Wolliaston – qui apporta sa lumière toute discrète dans le segment final des Enfants d’Isadora, absolument magnifique – la caméra de Damien Manivel se met au diapason. Elle trouve la bonne hauteur pour se situer dans un entre-deux très ouvert : ici, l’interprète n’est pas totalement le personnage, et vice-versa, il semble. Les deux existent à l’écran, sont là, habitent les images, s’apportant mutuellement leurs lueurs et leur humanité. La trame que l’on suit prend par ailleurs des allures de balade, réfléchie et pensée, mais avec suffisamment d’espaces pour que gestes, déplacements et cadres parcourus soient les lieux d’incidents heureux.
Dès lors, le film paraît chercher des instants de grâce, des moments où cette dernière et son essence peuvent être touchées du doigt. Exercice guère aisé au cinéma : au final, le long-métrage la débusque, cette grâce, dans certains plans, certaines images, où surgissent une poésie originale, nimbée d’un voile tissé dans l’ailleurs. Et surtout, la force de Damien Manivel dévoilant de l’invisible demeure intacte : on goûte à elle le temps de quelques visions et visites inattendues. Des apparitions que la réalisation sait amener à l’écran avec, justement, vraiment beaucoup de grâce.
Magdala sortira dans les salles de cinéma françaises le 20 juillet, distribué par Météore Films.
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Visuel : © Météore Films