Playlist de la semaine (131)
Le nouveau clip cancérigène de Stromae, l’arrivée progressive du nouveau Disclosure, le clip crado de The Soft Moon…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :
1. Stromae, « Quand c’est »
L’absence du père (« Papoutai »), les problématiques genrées (« Tous les Mêmes »), la violence liée au monde du spectacle (« Ta Fête »), la régressive addiction aux réseaux sociaux (« Carmen »), et désormais la lutte à mener contre les évolutions du cancer (« Quand c’est »)…témoin critique d’un XXIe siècle dont il s’applique à relever les frasques les plus ordinairement désastreuses, Stromae livre ici le 5e clip issu de Racine Carrée, le second album audacieux et densifié de l’artiste wallon, une vidéo qui imite la scénographique tentaculaire et en noir et blanc adoptée lors de ses lives.
2. Disclosure ; Lion Babe, « Hourglass »
A quelques jours de la sortie de leur 2nd album, les frères Lawrence livrent « Hourglass », instant de tech-house qui marque la première collaboration du groupe britannique avec Lion Babe, une collaboration portée par un clip ombré que n’aurait pas renier la Salma Hayek vampirisée d’Une Nuit en Enfer de Robert Rodriguez. Caracal sortira donc le 25 septembre prochain. Et cela constitue un événement important.
3. The Soft Moon, « Deeper »
Luis Vasquez et ses Soft Moon vont toujours très mal, merci pour eux. Et peut-être même plus encore qu’avant. Pas franchement habitués à bercer dans l’esthétisme floral et jovial dès lors qu’il s’agit de mettre en vidéo leur post-punk technoïde, psychédélique et virulent (une musique déjà pas très drôle à la base, on en convient), les Californiens se placent ici dans la lignée schizo et crado de leurs précédentes tentatives vidéos (ici, les clips de « Far » ou de « Insides »), et livrent avec « Deeper » un clip gore, lo-fi et particulièrement malsain. Officiellement inspiré du Funny Games de Haneke (et peut-être aussi du REC de Jaume Balagueró question tenue de la caméra…) le clip, que l’on ne serra pas forcément obligé de regarder en boucle, obligera en tout cas à se remettre très fort dans les tympans le dernier album cathartique, dark et salvateur d’un quatuor que l’on avait vu rayonnant de lumière ténébreuse et stroboscopique à l’occasion de la dernière édition de La Route du Rock.
4. Moon Gogo, « Pinball »
Un song-writter anti-folkeur aussi drôle qu’un Sun Kil Moon de bonne humeur (Frederico Pellegrini, ex The Little Rabbits et Baby Face, actuel French Cowboy), une Coréenne spécialiste d’un instrument largement méconnu (E’Joung-Ju, joueuse émérite de geomungo), et un duo improbable vecteur d’un album empreint de blues perché (« Pinball »), de folk oriental (« Let’s Shout »), de psychédélisme sensoriel (« Tinker Bell ») et même de quelques excitations raveuses (« She Says »). Un disque (International) sans fioritures mais avec beaucoup de bonnes idées, comme celles qui consistent à confondre sur le même médium les illuminations de Timber Timbre, de Darkside et de Manu Delago, Moon Gogo : la tête dans la Lune, et le cerveau un peu barjot.
5. Odezenne, « Bouche a lèvres »
Après Rien, un album qui contenait malgré les apparences nominales beaucoup de choses (de la poésie et du second degré surtout), Alix et Jacques d’Odezenne s’apprêtent à livrer Dolziger Str.2, un album introduit aujourd’hui par le clip érotique, tragique et poétique de « Bouche à Lèvres », animé par l’éminent réalisateur Vladimir Mavounia-Kouka. L’album, lui, est prévu pour le 13 novembre prochain, et on peut déjà vous dire, après écoute, qu’il s’imposera comme l’un des tous meilleurs dans la catégorie « rap indé et décalé » de l’année.
6. Bastien Picot, « Stardust »
Échappé de 3somestisters, que l’on avait vu sortir un premier EP l’an passé après quatre ans d’existence live, Bastien Picot a retenu du plan pop à trois la douceur dream-folk qui pointait parfois le bout de son nez (le plus souvent, la domination était plutôt celle de l’électro pop moins nuancée), et sort aujourd’hui son tout premier EP. Pieces of a Man, le disque en question, est dominé par l’aérien « Stardust », poussière d’étoiles électro lyrique calfeutrée dans les mêmes alcôves que Jeremie Whistler, que Dream Koala, que Black Atlass ou que Ry X, et est accompagné d’un clip pointu et chorégraphique. À découvrir le 30 septembre, dans une autre alcôve, celle des Trois Baudets.
7. La Luz, « Black Hole, Weirdo Shrine »
Deux ans après It’s Alive, les quatre filles de La Luz proposent depuis Seattle Weirdo Shrine, et confirment plus encore qu’une obsession pour le champ lexical lumineux (« la luz » veut dire « la lumière » en espagnol), une attirance particulière pour les ambiances clair-obscur, puisque « weirdo shine » renvoie à l’idée de « sanctuaire bizarre »…Qu’il soit fabriqué à l’aide de matériaux post-punk, americana, pop folk ou shoegaze, ce mausolée-là, tamisé donc, s’illustre ici par le biais d’un clip, celui de « Black Hole, Weirdo Shrine », balade animée dans un territoire mexicain aux concours cartonnés. Gloire à l’ombre.
Visuel : (c) pochette de Pieces of a Man de Bastien Picot