
Le programme des 70 ans du Festival d’Avignon
Depuis juillet dernier, le Festival d’Avignon égrène doucement, tel un sablier, les noms qui feront sa 70e édition qui se tiendra sur sur 19 jours seulement. Olivier Py et son équipe jouent les équilibristes. Entre retours en arrière et découvertes, l’avant-programme annonce de grandes figures liées au Festival et une flopée de révélations.
Un programme international
Ce n’est pas une surprise, Olivier Py l’avait annoncé en conférence de presse de clôture l’année dernière : Ivo Van Hove investira la Cour d’Honneur en mettant en scène les comédiens du Français dans les Damnés de Visconti. La pièce avait déjà été montée en 2004 par ses compatriotes Johann Simons et Paul Koek dans une version magistrale. Le grand metteur en scène belge s’illustrera dans une de ses spécialités, à savoir une nouvelle adaptation de script de film après ses adaptations scéniques de Théorème de Pasolini à la RuhrTriennale et des chefs d’oeuvre de Bergman et Cassavetes qui comptent parmi les plus belles réussites de sa carrière.
Le patron du Festival Olivier Py a visiblement appris de ses échecs en ne multipliant pas ses mises en scène. Cette année, il propose un spectacle itinérant autour d’une pièce d’Eschyle qu’il maîtrise à merveille : Prométhée Enchaîné. Du côté des stars, on retrouvera avec joie le génie de Krystian Lupa pour DIDVYRI AIKŠT PLACE DES HÉROS de Thomas Bernhard, qui n’est malheureusement pas une création mais une première française. Révélée à Avignon, la performeuse Angelica Liddel fera son grand retour au Festival.
Le programme est évidement très international et interdisciplinaire avec le circassien Aurélien Bory (ESPÆCE à l’Opéra) ou la marionnettiste Bérangère Vantusso. Le collectif Raoul Collectif repéré par le festival Impatience qu’Olivier Py avait créé quand il dirigeait l’Odéon montera RUMEUR ET PETITS JOURS et représentera la scène contemporaine belge avec également les artistes du FC Bergman et leur très étonnant Het Lan Red ainsi que Tristesses, une comédie noire d’Anne-Cécile Vandalem entre autres. Olivier Py pourra une nouvelle fois se targuer de produire et soutenir la jeune scène française -qui n’est pas la plus excitante non plus!- (Jean Bellorini, Maëlle Poesy, Thomas Jolly, Marie Vialle, Arnaud Meunier…). On attendra beaucoup de 2666 d’après le roman titanesque de Roberto Bolaño, la création de JULIEN GOSSELIN qui avait beaucoup séduit avec ses inégales mais prometteuses Particules élémentaires. A noter encore la présence d’un collectif grec particulièrement inventif, le Blitz Theater Group, qui proposera son apocalyptique et contemplatif 6 a.m. How to disappear completely montré pour la première fois en France au dernier festival Reims Scènes d’Europe. Deux jeunes metteuses en scènes feront leur premier Avignon : la suédoise Sofia Jupither avec deux pièces présentées dont un Lars Noren et Cornelia Rainer avec un Lenz autrichien interprété par Markus Meyer). Plusieurs artistes du Proche et Moyen-Orient sont attendus : Symbole fort de l’engagement politique du Festival, l’israélien Amos Gitai présentera dans la cour d’honneur YITZHAK RABIN: CHRONIQUE D’UN ASSASSINAT, son nom apparaît aux côtés de l’iranien Amir Reza Koohestani, du syrien Omar Abusaada et du libanais Ali Chahrour.
Du côté de la danse, on compte des spectacles qui s’annoncent bien, notamment WE’RE PRETTY FUCKIN’ FAR FROM OKAY de l’anversoise LISBETH GRUWEZ, LEÏLA SE MEURT du libanais ALI CHAHROUR. Plus classique, cette édition marque le retour de Sidi Larbi Cherkaoui qui associé au flamand DAMIEN JALET devrait proposer quelque chose de moins lisse qu’à son habitude. Ce sera dans la cour. Quand au très mauvais Caen Amour de Trajal Harrell présenté au Festival d’Automne 2015, ce sera à fuir. On sait également que le chorégraphe Loic Touzé mettra en mouvement le spectacle de Madeleine Louarn, Ludwig, un roi sur la terre, dont Rodolphe Burger signera la bande son.
Un vrai retour de la Performance
Enfin…il était temps après 2 ans de freins. Le mot “indiscipline” collée à une discipline vieille de quarante ans continue de nous choquer mais passons, car le programme vaut la peine . Dans la Cour d’Honneur et en clôture, un concert de musique et video associe Rufus Wainwright, Cindy Sherman, Francesco Vezzoli et l’orchestre régional de Provence. Côté musique d’ailleurs, il ne faudra pas rater le concert des géniaux General Elektriks dont le dernier album To Be A Stranger est une bombe éléctro-pop. Ce sera en partenariat avec le Festival Resonance.
Les incroyables XS qui sont une production de la SACD Belge sont recentrés au cœur du programme. Les rituels sujets à Vifs vont comme toujours nous surprendre, notamment le duo bien foutraque composé de JONATHAN CAPDEVIELLE & LÆTITIA DOSCH.
A noter aussi, que plusieurs lieux essentiels à l’identité du Festival sont de retour. Les jardins de la rue Mons accueilleront des lectures. La carrière Boulbon recevra les cinq heures de Karamazov et le Parc des expo le dantesque Het Land Nod de Fc Bergman qui s’annonce dément.
Tout l’avant programme se trouve ici
Amélie Blaustein-Niddam et Christophe Candoni