Electro
L’interview stroboscopique : Grindi Manberg

L’interview stroboscopique : Grindi Manberg

25 March 2014 | PAR Bastien Stisi

Crépitements lumineux, rugissements scintillants, et coup de strobo sur Grindi Manberg et son chanteur Romain Thominot, créateur d’une synthpop symphonique et mélancolique compilée sur le très cinématographique premier EP Fantasized Lumberton :

Yuksek, Brodinski, The Shoes, The Bewitched Hands, Monsieur Monsieur…que se passe-t-il exactement à Reims ces dernières années ?

Grindi Manberg : Je ne fais personnellement de la musique à Reims que depuis deux ans (j’ai grandi dans les environs), mais je crois que la Cartonnerie, la grande salle de spectacle locale, joue un rôle important dans l’émergence récente de tous ces groupes, et exerce presque le rôle de pépinière d’artistes. J’ai fait un stage là-bas au moment de l’arrêt de mes études (j’ai débuté des études d’ingénieur), et y ai rencontré deux musiciens avec qui j’ai fondé Grindi Manberg. On a tout de suite été accompagné par cette salle de spectacle, où l’on a fait quelques résidences. Ça fait deux ans maintenant que l’on répète là-bas. The Shoes et The Bewitched Hands, ce sont des gens qui nous ont beaucoup aidé en parlant de nous sur leurs réseaux sociaux ou dans leurs interviews, mais que l’on ne côtoie pas directement. Ils ne nous ont pas non plus « épaulé » d’un point de vue musical, comme je l’ai parfois lu dans la presse…

Alors du coup, est-ce qu’elle est cohérente cette expression de « scène électronique rémoise » ? La différence sonore est en effet notable entre la musique de Grindi Manberg et celle de tous les autres noms évoqués…

G. M. : Il y a sans doute une cohérence entre Yuksek, Brodinski et The Shoes, qui sont dans une logique de remixes et de productions réciproques, mais pour le reste des groupes, je crois que c’est surtout une expression qui fait fantasmer tout le monde et qui permet aux journalistes sans inspiration d’avoir une accroche pour débuter leurs articles…Personnellement, ça ne me parle pas beaucoup, et ce même s’il y a sans doute un rapprochement à faire avec The Wolf Under The Moon (ndlr : le projet parallèle d’Antonin de The Bewitched Hands) et ce retour aux années 80 marqué par une présence forte de nappes synthétiques.

Pink Floyd, Robert Wyatt, Elliot Smith…on pense à pas mal de personnes quand on écoute ce premier EP…

G. M. : J’ai beaucoup de mal avec les étiquettes musicales, dans la mesure où j’ai vraiment envie de ne pas rester figé sur quelque chose. Depuis deux ans, il est vrai que j’ai découvert le clavier analogique Juno, et que j’ai eu tendance à faire des chansons avec beaucoup de notes synthétiques…mais ça ne veut pas dire que je continuerai la new wave toute ma vie ! Pour les influences, on me parle souvent d’Elliot Smith, surtout au niveau de la voix, et c’est vrai que c’est l’un des artistes que je vénère le plus. Talk Talk, c’était aussi assez proche, et ce même si je les ai peu écouté. On m’attribue parfois des influences que je n’ai jamais écouté de ma vie…

Ton EP s’appelle Fantasized Lumberton. Qu’est-ce qu’il y a de fantasmé chez Grindi Manberg ?

G. M. : En fait, Lumberton, c’est d’abord une référence à la ville dans laquelle se passe le film Blue Velvet de David Lynch, dont l’univers et la BO me plaisent beaucoup (et notamment celle de Twin Peaks) et qui ont, je crois, vraiment influencé ma musique. Après, musicalement, je ne suis pas fan de ce que fait Lynch. Photographiquement non plus d’ailleurs : j’ai vu ce qu’il expose actuellement à la Maison Européenne de la Photographie, et j’ai trouvé que c’était une belle arnaque…

On ressent effectivement un côté très cinématographique dans ta musique…

G. M. : Oui, et la musique de films, c’est d’ailleurs quelque chose que j’aimerais beaucoup faire ! La réalisation m’attire également énormément : je m’étais chargé de la réal’ de « Mimosa Cure », et c’est quelque chose que j’aimerais davantage développer dans l’avenir. Ça me plairait d’être un deuxième Angelo Badalamenti, et de trouver comme David Lynch, un alter-ego artistique…

Il y un aspect extrêmement lyrique dans ton univers. La musique est-elle d’abord thérapeutique pour toi ?

G. M. : « Thérapeutique », c’est une formule forte mais assez juste. Les chansons, c’est pour moi un besoin, une nécessité, une cure. Je crois d’ailleurs qu’une chanson ne peut être bonne que si elle naît d’une nécessité.

Je suis à la recherche de sons pour remplir mon iPod…quelque chose à me conseiller ?

G. M. : En ce qui concerne les découvertes récentes, je mettrais le dernier album de Nick Cave & the Bad Seeds, et surtout la dernière chanson « Push the Sky Away ». Et pour les plus anciennes, celui qui me fait vraiment complexer, c’est David Bowie, et surtout sa chanson « Life On Mars », qui est une véritable perfection…

Visuel : © pochette de Fantasized Lumberton EP de Grindi Manberg

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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