
Résultats Cannes : on dit oui au jury
Inspirés, ces neuf membres, qui ont su distinguer des œuvres et performances vraiment méritantes. Côté Palme, on eût aimé plus de surprise. Pas possible tous les ans, hélas…
Un discret acteur britannique, grand familier de l’univers de Mike Leigh et membre de l’aventure Harry Potter au cinéma, capable d’interpréter un peintre anglais du XIXème en usant uniquement de borborygmes ? On dit oui au Prix d’interprétation masculine, décerné à Timothy Spall. (Pour lire notre critique de Mr. Turner, cliquez.) Une grande actrice américaine, passant allègrement de l’écorchée attristante à la diablesse sans âme sur toilettes ? On dit oui au Prix d’interprétation féminine, attribué à Julianne Moore. (Pour lire notre critique de Maps to the stars, cliquez.)
Une œuvre esthétique, témoignant d’une envie folle de dire des choses, et traversée par de fulgurants numéros d’acteurs ? Oui au Prix du jury pour Mommy de Xavier Dolan. (Pour lire notre critique de Mommy, cliquez.) Une radiographie de l’âme russe, nourrie d’un contexte marqué par la plus noire corruption ? Oui au Prix du scénario pour Oleg Negin et Andreï Zviaguintsev, l’un des plus maîtrisés de la sélection. (Pour lire notre critique de Leviathan, cliquez.)
Une façon de filmer théorique et droite, froide mais intéressante ? Allez, on dit oui au Prix de la mise en scène pour Foxcatcher : le style Bennett Miller, c’est tout de même un style. Même si on eût préféré Saint-Laurent dans cette catégorie… (Pour lire notre critique de Foxcatcher, cliquez.)
Mais… un Prix spécial du jury à un film de collages et de surimpressions, totalement expérimental ? A la limite… oui au Prix spécial du jury pour Jean-Luc Godard, un peu compassé… Un Grand Prix à une chronique quelque peu poussive de la vie d’apiculteurs dans l’Italie des années 80 ? Le sacre des Merveilles apparaît un peu excessif… (Pour lire notre critique des Merveilles, cliquez.)
Quant à Nuri Bilge Ceylan, consacré par la Palme, c’est un aboutissement, mérité, qui fait suite à ses deux Grands Prix, pour Uzak (2003) et Il était une fois en Anatolie (2011), et à son Prix de la mise en scène attribué aux Trois Singes (2008). Mais c’était attendu, on a donc eu peu de surprises… (Pour lire notre critique de Winter Sleep, cliquez.) En tout cas, un jury qui tire le meilleur d’une compétition, on applaudit.
D’autre part, la Caméra d’or a distingué Party girl, réalisé à six mains par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. Juste : les accents de vérité qui se dégagent de ce portrait de femme, interprété par des non-professionnels, amènent à convaincre. (Pour lire notre critique de Party girl, cliquez.)
Et quant aux courts-métrages, Abbas Kiarostami et ses collègues ont opté pour Leidi de Simon Mesa Soto, ouverture sur les réalités de Colombie. Deux mentions spéciales ont couronné respectivement le français Clément Tréhin-Lalanne pour Aïssa, mettant en scène une jeune Nigériane examinée par un médecin pour savoir si elle est apte à l’immigration, et le norvégien Hallvar Witzo pour Yes we love, traitant d’une fête nationale mouvementée. Politiques et sociales, ces décisions. Du côté de la compétition, heureusement, on reste dans le lyrique. Pleurez !
Visuels: Julianne Moore dans Maps to the stars © Daniel McFadden
Winter sleep © nuri bilge ceylan
Visuel Une: Palme d’or © FDC