Cinema
Cannes 2023, jour 5 : Quillévéré et Mandico géniaux, Haynes poussif

Cannes 2023, jour 5 : Quillévéré et Mandico géniaux, Haynes poussif

21 May 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Un samedi à Cannes qui offre son lot de films-tentatives signés par des réalisatrices et réalisateurs as de l’intensité.

En ce samedi, à 11 heures, on se retrouve en Australie pendant la Seconde Guerre mondiale avec The new boy de Warwick Thornton. A vrai dire, dans un pensionnat d’orphelins perdu dans l’Australie rurale qui produit blé et olives. Y fait irruption un jeune aborigène qui va bousculer le quotidien du lieu et dont la spiritualité propre peine à s’accorder avec celle du Dieu catholique. Dans un film aux paysages magnifiques, peinture d’un lieu clos plein de secrets et de mystères, le jeune Aswan Reid traverse le film comme une apparition et Cate Blanchett ose une nouvelle transformation forcément réussie en religieuse exaltée.

À 13h30, dans le cadre imposant du Cineum, on s’en va découvrir Les Herbes sèches, film turc en Compétition pour la Palme d’or. On y retrouve ce qu’on redoute chez le réalisateur Nuri Bilge Ceylan, signataire de Winter Sleep, mais aussi un peu de grâce. Pour lire notre critique des Herbes sèches, cliquez.

À 15 heures, au Théâtre Croisette et dans le cadre de la Quinzaine des cinéastes, on plonge dans l’univers déjanté et irréel de Bertrand Mandico et de sa Conann, la barbare. Une sorte de film de série Z aux multiples cadavres et à l’image psychédélique alternant noir et blanc et couleur. Un trip ponctué de quelques scènes extraordinaires dont un repas cannibale jouissif pour “artistes” prêts à tout. On adore ou on quitte la salle dans les premières minutes. Nous, on a adoré…

À 20h30, on tente une plongée dans une histoire d’amour intense située dans le milieu du XXe siècle, via Le Temps d’aimer. Bonne pioche : dans ce nouveau film, la réalisatrice Katell Quillévéré et l’équipe technique d’exception à ses côtés font des merveilles. Pour lire notre critique du Temps d’aimer, cliquez.

22h30, c’est l’heure du très attendu May December de Todd Haynes. une actrice, Elizabeth (Natalie Portman) se prépare à interpréter le rôle de Gracie (Julianne Moore) qui a, dans le passé, fait de la prison pour avoir détourné un jeune mineur devenu, par la suite, son mari. Le jeu d’assimilation et l’intrusion dans le passé de Gracie montre progressivement que la plus redoutable des deux n’est pas forcément celle que l’on croît. Le problème, c’est que l’on a du mal à se passionner pour ce fait divers sans grand intérêt et que cela sonne vite creux jusqu’à parvenir à nous ennuyer. Reste quelques belles scènes (dont la dernière) portées par deux superbes actrices autour desquelles gravite le film. 

Enfin, c’est la fête organisée par la Semaine de la Critique qui nous attend. On s’y retrouve pour des debriefs des films vus jusque-là, autour d’un verre de bière ou d’un cocktail bien arrosé en gingembre. Les ballons en forme de coeur sont présents, évoquant le thème du film Le Syndrome des amours passées, montré cette année pendant le temps de la Semaine, et on aperçoit également un acteur qu’on aime tant, Karim Leklou, rôle principal d’un long-métrage également projeté cette année, Vincent doit mourir.

Paul Fourier et Geoffrey Nabavian

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Visuel : projection du Temps d’aimer © Geoffrey Nabavian

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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