Cinema
Ma vie avec J.F Donovan, la nouvelle ambition de Xavier Dolan

Ma vie avec J.F Donovan, la nouvelle ambition de Xavier Dolan

05 March 2019 | PAR Lou Baudillon

C’est en présence de Kit Harington et de Susan Sarandon, que Xavier Dolan est venu présenter pour la première fois au public français son très attendu nouveau long-métrage Ma vie avec John F. Donovan

 

Avec la sensibilité qui le caractérise, Xavier Dolan est venu introduire son nouveau long métrage, très discuté, indéniablement attendu, Ma vie avec John F. Donovan est “L’histoire d’un enfant qui aime le cinéma” commence-t’il avant d’ajouter “J’aurais aimé le montrer à l’enfant que j’étais, celui qui dévorait les films et les programmes à la télévision”. Un film sur le cinéma, sur l’amitié pure et l’acceptation de l’identité dans laquelle la simplicité et le complexe s’entremêlent. Ce film, c’est d’abord l’histoire d’une relation épistolaire entre une vedette de la télévision américaine John F. Donovan, et un enfant vivant à Londres qui rêve de devenir acteur. Dix années après la mort John F. Donovan, interprété par un Kit Haringhton Dolanisé et intense, le garçon publie la série de lettres qu’ils ont échangés dans un ouvrage Lettres à un jeune acteur. Ainsi, trois temporalités se mêlent avec rythme efficace : le récit donné de cet enfant maintenant adulte lors d’une interview pour la sortie de son livre, puis les réminiscences, partagées entre la vie chaotique de la movie star et l’enfance isolée de ce garçon en manque de repères qui se passionne devant les images des écrans. Une amitié profonde qui se complique lorsque l’homosexualité cachée de l’acteur est révélée au grand jour par les magazines, ainsi que sa correspondance avec le garçon. L’histoire s’emballe, les corps des personnages se tendent dans un ensemble de plans plus beaux les uns que les autres, où le soucis du détail se retrouve jusqu’au moindre tique physique, jusqu’au moindre regard.  

De J’ai tué ma mère jusqu’à Mommy et Juste la fin du monde, tout ce qui est Dolan est là. Les flous, le mielleux des couleurs sur la pellicule, les dialogues qui se jouent comme des parties de ping-pong, les angoisses, la violence des murs invisibles qui séparent les personnes qui s’aiment, l’impossibilité à être soi… et la mère, toujours. La puissance, voir l’exagération, des images sert un regard acerbe sur la société du divertissement, que Xavier Dolan côtoie depuis ses débuts d’enfant acteur. Présentée dans toutes ses contradictions, d’une façon telle qu’elle induit le malaise. Entre rêves d’enfants et vérité cassante d’un monde où la vie privée n’existe plus, où l’on doit se nier pour plaire aux autres. Il devient difficile de ne voir la dimension très intime et personnelle du sujet.

Ma vie avec John F. Donovan est sans doute la plus aboutie des oeuvres de Dolan : “C’est le film de tous mes films”. Le montage seul (qui a prit près de deux années) donne une condensation étrange mais affirmée à ce film où les références à la boulimie cinématographique de toute une génération s’offrent tendrement aux yeux attentifs. La musique y a toute sa place, faisant s’envoler certaines scènes dans une remarquable intensité. Les genres se mêlent, du dramatique exacerbé au comique, du mélancolique à l’enfantillage d’un film pour ados des années 90. Le casting est vertigineux, et bien que l’on regrette la coupure au montage du personnage interprété par Jessica Chastain, il est galvanisant de contempler Kit Harington dans un autre rôle que celui qui l’a rendu célèbre dans la série Game of Throne, ainsi que Natalie Portman et Susan Sarandon dans la peau de femmes et de mères incroyables, et bien sûr le tout jeune Jacob Tremblay, fascinant par son jeu.  

Avec Ma vie avec John F. Donovan, dans les salles françaises le 13 mars prochain, Xavier Dolan signe un film abouti où la sincérité transpire toujours si violemment malgré la maîtrise que gagne son oeuvre. “Et cela, enfin, me satisfait” conclue le réalisateur

 

 

 

 

Visuels : ©Mars Distribution 

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Lou Baudillon

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