Cinema
[Compétition] Névroses de stars, de frères et de soeurs: des « Maps to the stars » emmêlées mais prenantes

[Compétition] Névroses de stars, de frères et de soeurs: des « Maps to the stars » emmêlées mais prenantes

19 May 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

Cronenberg veine XXIème siècle, nouvel avatar. Toujours les âmes triturées au scalpel, et non plus les corps. Et toujours un double fond inattendu. Qu’en penser ? Ensemble, on va s’interroger.

[rating=4]

Des « Maps » aux ramifications ambiguës: le nouveau David Cronenberg débute comme une radiographie des névroses des vedettes d’Hollywood, et s’achève comme une tragédie familiale. Dans les récents travaux du maître canadien, A history of violence ou Les Promesses de l’ombre, des éléments de scénario nous avaient irrités. On remarque peu d’incohérences, cette fois: ainsi, dans la famille du petit Benji (remarquable Evan Bird), star de Bad Babysittor, tout le monde est malade du succès, du père (John Cusack) à la soeur, en passant par la mère (intense Olivia Williams). Aussi malade qu’Havana Segrand, reine du cinéma déchue incarnée par une ACTRICE, une vraie, l’éblouissante Julianne Moore. Tout le monde a des visions: Benji est hanté par une gamine morte sur un lit d’hôpital, Havana par sa mère (Sarah Gadon). Et il y a un cadavre sexuel dans chaque placard… Dans le rôle du catalyseur: Mia Wasikowska. Alice au pays des horreurs. Gantée de noir, comme dans un Cronenberg grand cru d’antan. Brrrr.

Mais les ingrédients permettent-ils à la potion de prendre ? Que retenir, en termes de message ? Un statut de star ne se construit-il que sur des blessures ? La liberté qu’il offre est-il un leurre ? On est en droit de vous laisser bâtir votre interprétation, sur ce film-là. Si, en prime, vous pouvez nous l’expliquer, merci. Cronenberg a toujours été friand de changements de direction brusques. Ici, les tracasseries particulières s’élèvent vers une tragédie à la limite du mystique. L’impression d’un entre-deux demeure, au final: faut-il s’énerver de ne pas voir clairement le lien entre les deux dimensions ? ou ne pas chercher à tout comprendre, et juste ressentir ?

Ce dernier cas de figure demeure heureusement aisé. Car côté talent, l’ami David a toujours la main. Sur le plan technique, Maps to the stars est un film rempli de partis-pris: les dialogues orduriers sont à écouter avec attention, dans la prolongation du principe de Cosmopolis ; des noms propres y tombent comme en avalanche ; la musique est superbe… Ces éléments doivent-ils entrer en compte dans l’interprétation du film ? Franchement, on ne sait pas. Mais vraiment pas. Allez-y.

Maps to the stars, un film de David Cronenberg avec Mia Wasikowska, Evan Bird, John Cusack, Olivia Williams, Julianne Moore, Sarah Gadon et Robert Pattinson. Drame américain, 1h51. Produit par Le Pacte. Sortie en salles le 21 mai.

Visuels: © Daniel McFadden

 

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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