
A F T E R, le bordel écolo de Tatiana Julien à Chaillot
En représentation pro, la danseuse et chorégraphe s’attaque à la fin du monde en cassant tout sur son passage. À voir encore demain à 13h30.
A F T E R [ teaser ] from INTERSCRIBO — TATIANA JULIEN on Vimeo.
Le monde d’avant
Le spectacle se coupe vraiment en deux, dans la forme et dans le fond. Tatiana Julien s’amuse des poncifs et les fait siens dans une fête techno qui dérape bien. Il est plutôt très tard ou très tôt… comme vous voulez. C’est la jungle, il y a une cabane et un gros dauphin de piscine. Ils sont huit (plus un dictateur sud-américain posé sur son trône dans un coin, si si !). Eux sont tous de super danseurs vus ailleurs, et souvent dans leurs propres spectacles : Mathieu Burner, Anna Gaïotti, Sidonie Duret, Julien Gallée-Ferré, Clémence Galliard, Florent Hamon, Gurshad Shaheman et Simon Tanguy. Le casting est aussi fou que la bande-son et les costumes !
Ici ils s’éclatent, s’emballent et miment des actes sexuels. C’est le monde d’avant. Un gogo-boy monte sur le toit et danse comme il se doit sur le plus beau char de la plus belle des gay pride. Une autre déambule en robe rouge à paillettes, ou ce qu’il en reste ! Il y a de la panthère et du zèbre et beaucoup de défonce. On est ici dans une fusion des scénographies de Vincent Macaigne et les corps se jettent en rebondissements comme chez Dave Saint-Pierre.
Mais la fête est finie, vraiment non ? Dans le monde d’avant il est 5 heures et c’est l’heure de l’after. Dieu que ça manque !
Le monde d’après
Comme l’expliquait Phia Menard dans Maison Mère, il faut tout casser pour répartir à zéro. L’after qui donne son nom au spectacle n’a plus rien de festif. Et si le retour à la nature était vraiment la solution ? Un vrai retour à la nature animalier et bestial, mais avec des lumières très bien écrites (magnifique pietà ou post partouze sous le jet du “sodium” qui aurait fait une fin superbe si Julien avait cherché la beauté).
Un monde où respirer prend du temps, où être nu, c’est biblique. Tatiana Julien se repose sur son équipe très diverse, composée de danseurs qui sont également connus comme performeurs. Une fois que tout est effondré, que tout a chuté, il est question, sérieusement, des solutions à trouver ensemble, des solutions dans les corps. La troupe n’a peur de rien, improvise quand il faut, dépasse les bornes, c’est fait exprès !
Soyons honnêtes, nous préférons son monde d’avant, celui un peu crade, celui où les beaux habits deviennent des loques, celui qui sent la sueur et qui part en live.
Tatiana Julien signe un spectacle où elle convoque de nombreuses et belles références. Elle s’inscrit dans cette jeune génération de chorégraphes (dont Simon Tanguy tient !) qui ne voit pas la fin du monde comme une fatalité, mais comme une belle occasion de faire spectacle, c’est-à-dire mettre à distance le monde justement, pour bien le regarder bouger !
Visuel : capture d’écran de la bande annonce
Vendredi 12 février à 13H30 à Chaillot, réservation auprès du service de presse.