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« The Nest » : Carrie Coon et Jude Law exceptionnels dans un drame psychologique poignant

« The Nest » : Carrie Coon et Jude Law exceptionnels dans un drame psychologique poignant

11 February 2021 | PAR Alice Martinot-Lagarde

Dernier film du réalisateur Sean Durkin et multi récompensé au festival du Cinéma Américain de Deauville, The Nest est désormais disponible sur Canal+ à la place d’une sortie en salles. Drame tendre et puissant sur fond de campagne anglaise et de bourgeoisie dorée, il est porté avec force par un duo Carrie Coon-Jude Law au sommet.

Nous sommes en plein cœur des années 80, Reagan et Thatcher sont au sommet et il fait bon être riche. Rory O’Hara (Jude Law) est un homme ambitieux, bien décidé à réussir ses affaires et briller en société. Vivant sa miséreuse enfance comme une injustice, il pense mériter une vie de gloire. Beau mariage avec une charmante américaine, beaux enfants, belle maison. Lorsque la famille s’installe dans la campagne anglaise près de Londres après plusieurs années passées à New York, ils ont semble-t-il tout pour être heureux. Mais doucement tout s’effondre, comme une grande dissonance qui tend vers l’angoisse, où seule l’illusion du bonheur faire tenir le cap.

Portrait d’une femme forte

C’est le récit d’un couple qui bat de l’aile, d’une famille qui déraille, mais la véritable figure du film est Allison, la femme de Rory (Carrie Coon). C’est au travers du portrait de cette femme meurtrie mais robuste que l’histoire tient toute son intensité. Désabusée par la vie qu’elle s’est choisie aux côtés d’un mari orgueilleux et effronté, elle tente de garder une once d’indépendance à travers d’une réserve d’argent économisé et joue les provocatrices pour montrer qu’elle n’est pas du genre à se laisser faire. Elle résiste, elle sourit, mais il n’est pas question de subir. Carrie Coon est remarquable dans ce rôle d’épouse déçue, lui donnant à la fois force et empathie. Alors que peu à peu apparaissent les fêlures et que les rêves se brisent, elle semble être la tête froide capable, un temps, de maintenir le navire à flot.

Un drame psychologique saisissant

Dans une ambiance grisâtre et froide digne d’un automne anglais, la tension monte progressivement, comme un orage qui s’annonce. Décor central du film et consubstantiel à ce malaise grandissant, l’immense maison des O’Hara encore peu aménagée dévoile ses fantômes et instaure dans un tour de force une forme de paranoïa saisissante. Elle est l’exemple même d’une splendeur de façade et des illusions qui rongent. L’atmosphère est mystérieuse, presque angoissante à mesure que la dramaturgie s’intensifie, mais le récit ne s’envole en rien dans le sensationnel.

C’est là tout le génie : il est finalement très normal ce couple brisé, gérant les inquiétudes des enfants et les soucis d’argent tout en exigeant une certaine apparence. Travaillant sur les silences, Jude Law et Carrie Coon s’appréhendent doucement sans jamais nous impatienter. Tout se situe dans les sensations, les émotions, au son d’une bande originale impeccable et au travers d’une photographie léchée. Car oui, parfois, tout peut arriver sans même avoir besoin des mots pour se comprendre. 

 

 

The Nest, de Sean Durkin, avec Carrie Coon, Jude Law, Charlie Shotwell, Oona Roche, Canada, Royaume-Uni, 1h47.

À voir sur Canal+ à partir du 9 février 2021. 

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