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Cannes, jour 1 : Un jury sérieux, introduction à la Terrazza, Revival Gatsby et l’enfer à la mexicaine

Cannes, jour 1 : Un jury sérieux, introduction à la Terrazza, Revival Gatsby et l’enfer à la mexicaine

16 May 2013 | PAR Yaël Hirsch

Premier jour d’effervescence sur la Croisette. C’est bel et bien parti pour 10 jours de glam et de grand cinéma. En attendant que Un certain regard et les compétitions parallèles démarrent, Toute La Culture s’est installée dans le vieux quartier du Suquet, a écouté studieusement un jury très harmonieux et a pu voir le très attendu Great Gatsby, ainsi que “Héli” d’Amat Escalate. Live-report !

C’est sur les hauteurs poétiques du Suquet, au-dessus du vieux port avec une vue provençale sur toute la Croisette (photo 1) que Toute La Culture s’est posée cette année à Cannes. De bon matin, “Gatsby le magnifique” était offert en légère avant-première aux journalistes cannois. Un “Moulin Rouge” bis qui fait partout parler de lui (comment manger Gatsby, vivre Gatsby, s’habiller Gatsby ou se maquiller Zelda (Fitzgerald). Juste après avoir récupéré notre précieuse accréditation, nous avons pu voir le génial Leonardo di Caprio et l’énergique Baz Lurhmann défendre sa vision du héros des années folles (photo 2).

Le temps de prendre un rare rayon de soleil devant le palais et il était temps de dévaler la Croisette jusqu’à la Terrazza Martini (photo 3). L’alcool rouge, rosé ou blanc, fête cette année ses 150 ans en grande pompe, et c’est autour d’un petit cocktail que nous avons appris qu’en plus des soirées de films, de la remise de la Queer palm et de la fameuse soirée “Studio Ciné Live”, la Terrazza de Cannes accueillera deux beaux concerts : Lilly Wood and the Prick le 17 mai et Woodkid le 22. Philippe Cohen-Solal de Gotan Project et Jean-Benoit Dunckel de Air seront également amenés à manier les platines! De belles soirées en perspective dont nous comptons bien vous rapporter de vivants live-reports ! Tout le programme de la Terrazza Martini sur sa fanpage Facebook.

L’étape suivante était la conférence de presse des jurés (photo 4). Assaillis de paparazzi, les jurés de cette 66ème édition du festival de Cannes sont aussi élégants que talentueux. Décolleté ravageur et bibi très Gatsby dans les cheveux, Nicole Kidman (photo 5) avait la fraîcheur et la modestie d’une jeune fille. Sérieux et visiblement heureux d’être là, en costume blanc, le président Steven Spielberg menait le bal avec grâce. Tous les jurés et principalement les réalisateurs Ang Lee et Christian Mungiu étaient d’accord pour dire qu’il est difficile de juger un film. Par modestie, mais aussi devant la diversité des cultures que représente la sélection cannoise. Spielberg a d’ailleurs répondu longuement à la question d’un journaliste sur la notion de “compétition” pour affirmer que Cannes n’en était pas une. Plutôt une manière de célébrer le cinéma et les cultures qu’il fait découvrir. Comme pour illustrer ce propos, la fine et brillante réalisatrice nippone Naomi Kawase s’est exprimée en japonais. Christian Mungiu, lui, ne s’est pas exprimé en roumain, mais en anglais, pour dire combien le festival et le choix des jurés pouvaient booster la promotion d’un film. Films qu’il attend avant tout “honnêtes”. Le comédien Christopher Waltz attend lui, que le film agisse comme une psychanalyse. Enfin, l’acteur français Daniel Auteuil (photo 6), la réalisatrice britannique Lynne Ramsay et l’indienne Vidya Balan (présente pour la première fois à Cannes et célébrant les 100 du cinéma de son pays) ont tous témoigné avec enthousiasme de ce que veut dire “être à Cannes” en tant qu’homme ou femme de cinéma… Une très belle conférence, d’où l’on est sortis persuadés que les jurés seront extrêmement attentifs et généreux à l’égard des films de la compétition et l’on s’est retrouvés nez à nez avec l’adorable Steven Spielberg distribuant des autographes (photo 7).

Après un petit break bien mérité avec une délicieuse glace au yaourt chez Barbarac (LE glacier de Cannes et St Tropez), la compétition officielle a commencé avec la projection en salle Debussy de « Heli » du réalisateur mexicain Amat Escalante. Un film à la fois superbe et terrible sur une famille projetée dans une spirale de violence brute soulignée par le ciel à peine ombragé et les grands espaces d’une petite ville mexicaine. Un moment de cinéma presque berlinois tandis que les festivaliers prenaient la pluie (photo 8) à regarder l’équipe bariolée de Gatsby et notre ministre de la culture, Aurélie Filippetti, (ravissante en robe noire sobre et cheveux relevés, tout à fait dans la tendance chignon de ce 66ème festival) grimper les mythiques marches.

A 22h, Toute la Culture était invitée à la première projection du dernier film du réalisateur belge (à l’honneur cet été au Festival Paris Cinéma) Felix van Groeningen. En effet, le 28 août, Bodega sort le nouvel opus du réalisateur de « La merditude des choses ». Histoire d’amour fougueuse à la Paul Wes Anderson assombrie par le cancer d’une petite fille de 6 ans, « Alabama Monroe » est construit tout en  flash-back, avec une émotion qui monte de l’excellent bluegrass du groupe BCB, du très beau jeu des acteurs (le bourru Johan Heldenbergh et la diaphane Veerle Baetens) et de confrontation d’une belle tatouée catholique avec un cow-boy profondément scientiste.

Un moment d’émotion prolongée (toujours sous une pluie battante) par une course vers le pub de la ville, le Morrisson’s, où nous avons retrouvé de la musique live, entre country et folk, avec volontiers beaucoup de Bob Dylan. L’heure était donc venue de rentrer, avec une belle ballade mouillée le long du port, où l’on a aussi réalisé avec autant de tristesse que de naïveté que pendant même que le strass du festival a lieu, des hommes et des femmes dorment dehors, sous la pluie, à Cannes.

Menu du jeudi 16 mai : Demain, une très belle journée de cinéma est prévue, avec, dès 8h30, en compétition, l’œil du caustique Ozon sur une jeune fille de 17 ans : « Jeune et Jolie » ; et le réalisme chinois de Jia Zhangke dans « A touch of sin ». Côté strass, le « Bling ring » de Sofia Coppola qui devrait détailler pendant 1h30 l’appartement de Paris Hilton pour ouvrir « Un certain regard » et la jolie Robin Wright dans son propre rôle en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs avec « The Congress » d’Ari Folman (le réalisateur israélien à qui l’on doit le merveilleux « Valse avec Bashir »). Sinon la pluie, c’est jusqu’à lundi au moins, nous allons donc nous efforcer le limiter le commentaire du temps qu’il fait pour nous concentrer sur les films… A demain !

Tous nos articles sur le festival de Cannes sont à retrouver dans Le dossier Cannes.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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