
Gad Elmaleh : le Fantôme de l’Opéra se met à l’humour
Un humoriste sur la scène de l’Opéra Garnier ? C’est une première. Pour un seul soir… Ca passera, sans aucun doute. D’autant que, dans le temps, plusieurs soirs par an, on s’amusait, au Palais Garnier…
La salle de l’Opéra Garnier, symbole du prestige français, a déjà accueilli des concerts de Charles Aznavour, de Nana Mouskouri, ou de Liza Minelli. De vénérables artistes, de sacrées voix. Elle a aussi parfois vu chanter des interprètes plus « pop », comme Julien Clerc ou George Michael, qui y a donné, en septembre 2012, un gala au profit de l’organisme Sidaction. Ceux qui ont pu y assister vous diront que les cris de joie y résonnaient fort. Sacrilège ?
Non, car d’une part, la salle n’est ouverte à cet usage qu’une à deux fois par an (avec toutes les places vendues en deux heures, un tel événement va, bien évidemment, rapporter à l’institution, situation profitable à l’heure de la baisse des subventions publiques) ; et d’autre part, juste après l’inauguration du Palais Garnier, le 5 janvier 1875, s’y sont installés, certes, le Ballet de l’Opéra national, mais également la tradition du Bal masqué et travesti du Carnaval de Paris, qui y a eu lieu, jusqu’en 1903, plusieurs fois par semaine durant la période du Carnaval. Bal mondain, pour un public fortuné aux déguisements somptueux, certes, mais qui laissait la place à l’amusement, et pas le moindre des amusements : le cancan, par exemple, y fut introduit en 1840, et immédiatement considéré comme une danse lascive. A l’Opéra Garnier, et ce dès son inauguration, le rire était permis, même si pas destiné à toutes les classes.
En septembre dernier, les 2 Many DJ’s ont organisé une soirée dans le restaurant du vénérable opéra. Preuve que celui-ci s’ouvre aux nouvelles tendances, tout en conservant ses traditions –et ces événements ne participeraient-ils pas à la conservation de ces dernières, grâce à leurs retombées ? Il est vrai que, de par son emplacement, sa capacité d’accueil et sa prestigieuse architecture, il a toujours, absolument toujours, été tenu d’être un lieu « à la mode ». Les spectacles d’humoristes sont si caractéristiques de notre époque, où les gens ont besoin de rire de leurs problèmes, qu’on peut approuver l’accueil, juste pour le soir du 16 mars, de Gad Elmaleh et de son nouveau spectacle, Sans tambour. Pas le moins fin des comiques, très charmeur mais aussi très doué sur le plan physique, et sachant à la fois être tendre et acerbe dans ses textes. Un bon humoriste, capable de rire de ses propres maladresses ou de faire surgir des personnages. Tentons le coup : on verra si la bâtisse survit à l’entrée en son sein, très ponctuellement, de nouvelles modes.
Visuel: © affiche du spectacle Sans tambour