Théâtre
Dans « Mon Éli », Paul Francesconi parle de l’exil dans un univers surréaliste abouti aux Zébrures d’Automne!

Dans « Mon Éli », Paul Francesconi parle de l’exil dans un univers surréaliste abouti aux Zébrures d’Automne!

29 September 2022 | PAR Chloé Coppalle

Hier soir, Mon Eli était à l’honneur aux Zébrures d’Automne 2022, seconde partie du festival annuel des Francophonies ! Nouvelle pièce de Paul Francesconi, cette tragédie raconte l’histoire d’un exil amoureux dans un univers à la fois violent et lyrique.

Mon Éli : l’exil dans un récit singulier.

Éli est une jeune femme qui découvre, échoué sur la plage, le corps de son ancien compagnon parti dix ans plus tôt. Lors du départ, familles et amis s’étaient réunis pour fêter l’événement en grandes pompes, qu’ils ont tous aidés à financer. Mais au fil du temps, l’homme a coupé le contact avec ses proches. 

Généralement, l’exil est abordé sur un plan politique, engagé et dénonciateur. Dans la première partie, on s’attend à ce fil conducteur, car Éli représente la colère, l’incompréhension de cette coupure, la tristesse de se sentir abandonnée par ce proche à qui on a permis le voyage. L’homme est en haillons, il est sale, on se demande même au début s’il vit encore. La violence de cette entrée raconte la violence de la traversée alors que le voyage n’était pas prévu comme cela. Cette première partie, qui n’aborde pas l’exil en tant que tel, mais la manière dont on part et dont on revient, est un peu répétitive. Peut-être que sa longueur représente la lourdeur des peines engendrées ? Et puis finalement, Paul Francesconi nous emporte vers d’autres rivages : celui d’une histoire d’amour, apolitique, dont un secret aurait provoqué ce besoin d’éloignement. Venant d’une île qui manque de débouchés, le départ avait été présenté comme un désir de réussites économiques. Pourtant, la pièce cultive un mystère qui ouvre l’exil à d’autres dimensions. Cette seconde partie, qui permet aussi, et enfin, un dialogue entre les deux personnages, est plus dynamique. Bien que parfois maladroite, elle est marquée par des passages surréalistes apportant une touche de lyrisme à la pièce. 

Une pièce à la scénographie parfaitement aboutie.

Globalement, le récit nous laisse parfois en suspens des interactions entre les personnages. La force des dialogues est portée par une maîtrise parfaite de la mise en scène. Pour cette nouvelle pièce, le travail de Paul Francesconi impressionne en deux points : le monde surréalisme qu’il a créé et le choix de son univers sonore, qui contribue à la beauté de l’ensemble et qui pourraient presque être des musiques de film. Les jeux d’ombres du décor et la présence des Silencieux, les esprits de l’île accompagnant Éli et son compagnon, ajoutent un caractère irréel. Une des Silencieux semble être un mélange entre Emily, la mariée cadavérique des Noces Funèbres de Tim Burton, et Edward aux mains d’argent. Le début de la pièce est pensée comme un cauchemar, le reste comme un monde féérique.

 

La manière dont est abordé l’exil dans Mon Éli est intéressante car elle nous emmène vers une narration à laquelle on ne s’attend pas, malgré la redondance de la première partie. Au vue de la beauté des tableaux, la pièce se regarde face à la scène pour ne rien manquer à la composition de la mise en scène !

 

©Christophe Pean 2022

 

Création 2022/2023 – Texte édité chez Lansman – Spectacle en Français.
Texte et mise en scène : Paul Francesconi
Jeu : Chara Afouhouye, El-Badawi Charif, Elsa Dupuy, Martin Jaspar et Yaya M’Bilé Bitang
Assistante à la mise en scène : Elsa Dupuy
Scénographie : Kristelle Paré
Musique et son : Emmanuel Jessua
Costumes : Céline Delhalle et Séverine Prevel
Création lumière : Laurent Deconte
Régie générale : Jérôme Léger
Production : Compagnie Soleil Glacé.
Co – production : Les Francophonies en Limousin – Des écritures à la scène (création), Théâtre du
Grand Marché – CDNOI, la Canopée – Ruffec, (en cours).

Soutiens à la création : le Glob Théâtre – SC de Bordeaux (résidence), le Théâtre du Cloître – Bellac (résidence), la Métive – lieu international de résidence en Creuse, la Maison Maria Casarès, l’Étoile Bleue – Saint Junien, le Théâtre de Macouria – Scène conventionnée de Guyane et l’OARA.
En discussion pour la diffusion : le Séchoir – Scène conventionnée, le Théâtre sous les Arbres, le Théâtre de Macouria – Scène conventionnée, le Glob Théâtre…
La Compagnie Soleil Glacé est soutenue par la Ville de Limoges, la Région Nouvelle Aquitaine et l’OARA.
Le texte du spectacle a bénéficié d’un soutien en résidence à la Métive en compagnonnage (ALCA – 2019) et de la Chartreuse – CNES (2020). Il a été finalisé grâce à une bourse du Centre National du Livre (CNL).

 

A l’Opéra-Comique de Berlin, Intolleranza 1960 pour rester éveillés
Avec « Cette Terre me murmure à l’oreille », Christiane Emmanuel présente aux Zébrures d’Automne un spectacle pointu.
Chloé Coppalle

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