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Playlist de la semaine (118)

Playlist de la semaine (118)

13 June 2015 | PAR Bastien Stisi

La seconde épisode du triptyque de Paul K., l’EP sublime de MaÏa Vidal, Le retour tout propre de Matthew Herbert, redevenu Herbert…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :

1. Paul Kalkbrenner, « Mothertrucker »

Dans « Cloud Rider » le premier épisode du triptyque clipé ayant vocation à introduire le prochain album de Paul Kalkbrenner, on suivait le parcours de Florian, garçon pataud et candide voulant faire découvrir la musique qui animait son intérieur au monde extérieur. Echec global, stigmates sur le visage, et casque volé pour terminer. Dans le clip de « Mothertrucker », dont le son s’avère largement plus anxiogène et plus agressif que le précédent, Florian se tortille, se courbe et se fait mal comme si c’était la consommation continue de musique qui stabilisait jusqu’alors son état mental, ou comme s’il semblait ressentir d’un coup toutes blessures (morales et physiques) reçues dans le premier épisode. Attendons de voir ce qu’il adviendra du garçon égaré dans le troisième épisode.

2. Maïa Vidal, , « The Tide »

Singulière (par son phrasé) et pluriel (par l’éclectisme du disque ici présenté), la Franco-américaine Maïa Vidal signe avec son EP The Tide, qui intervient deux ans après l’album Spaces et quelques semaines avant le prochain (You’re the Waves), un retour fascinant. Et si dans le clip de « The Tide », le très beau morceau éponyme de l’objet, des flots s’écoulent, impossibles et inattendus, de l’intérieur même d’une voiture (pourtant pas mal garée), c’est sans doute pour symboliser les tendances lacrymales et soul-pleureuses d’un EP produit par un collaborateur propice d’Oscar & the Wolf, un disque dans lequel l’on se noie, bien sûr, et sans boire la tasse pour autant : car Maïa Vidal se fait à la fois la larme et l’épaule sur laquelle il est possible de la laisser glisser avec une confiance infantile. De passage le 22 juin au Comedy Club.

3. Ane Brun, « Directions »

Sortie d’une mauvaise passe, question santé et inspiration, la superstar scandinave (née en Norvège, elle vit à Stockholm), Ane Brun, sort son prochain album When I am free (BALLOON RANGER RECORDINGS / SOCADISC) le 4 septembre et passe lors de sa tournée (avec Peter Gabriel !) par l’Alhambra de Paris et la laiterie de Strasbourg en novembre.  Dans « Directions », le premier titre de ce nouvel opus, la chanteuse se pose des questions d’orientation sur le mode du mouvement, de la danse et toujours d’une voix suave. Le petit plus ? Le conseil mesuré d’y aller, étape par étape, en 4 temps…(Yaël Hirch)

4. Elecampane, « Anymore »

On ne dirait pas comme ça, mais il se passe décidément bien des choses du côté de la cité basse-normande de Caen. Outre l’émergence fulgurante d’une scène world-house-electronica menée par deux têtes d’affiches squatteuses de festivals (la paire Fakear – Superpoze), on a ainsi régulièrement affaire aux boulimiques de Concrete Knives, dont trois des membres signent ici avec Elecampane un side project indie-rock efficace parce qu’évident. High Hopes est leur premier EP. IL vient de paraître, et est introduit par le clip du petit tube « Anymore », réalisé par Renaud Jaillette.

5. Be Quiet, « Ichor »

Décidément pleinement ancrés dans l’interface de l’héritage Factory / eighties, Be Quiet revient, un an après son très convaincant EP Affliction, réveiller la mémoire d’une cold-wave gothique et numérisée, en état d’hypnose ici sur le sombre et habité « Ichor ». On avait eu un temps l’écho d’une cession d’activité et ainsi d’un avenir menacé pour le jeune et talentueux projet bordelais. Il est en réalité question d’un retour assumé, mais maitrisé, dans un passé studieusement étudié.

6. Polo & Pan, « Plage Isolée »

Paul Armand-Delille (Polo) et Alexandre Grynszpan (Peter Pan), après avoir été tous deux résidents au Baron et en amont d’ouvrages électroniques destructeurs de frontières (Polo a notamment travaillé le très oriental EP Roudani 434, et Peter Pan est l’initiateur de la très intelligente et passionnante Radiooooo), se sont regroupés sur le projet Polo & Pan, signé chez le gourmand label Ekler’o’shock. Après l’EP Dotorthy, bande-son très libre d’un Magicien d’Oz repensé, le duo sort aujourd’hui l’estival single Plage Isolée, divisée en deux faces voisines et différentes. La première face, « Soleil Levant », est donc à écouter le matin devant un café sucré et bien chaud. La seconde, « Soleil Couchant », est, elle, à écouter dans les instants qui précèderont l’arrivée entre les bras porteurs de Morphée. Le tout est à écouter « jusqu’à la fin de l’été », et sans modération aucune.

7. Herbert, « Battle »

En 2010, Matthew Herbert faisait paraître One Pig, projet génial et controversé dans lequel était retracée, du jour de sa naissance au jour de sa mort (dans l’assiette…) l’existence d’un cochon d’élevage au XXIe siècle. À ce violent et brillant plaidoyer écologiste et engagé, qui avait choqué autant qu’il avait charmé, succède un disque d’électro, teinté de pop, de house et de funk, qui contraste évidemment grandement avec son prédécesseur. Pour marquer ce retour à des problématiques moins saucissonnées, Matthew Herbert est ainsi redevenu Herbert (le nom n’avait plus été emprunté depuis 2006 et la parution de Scales), l’homme pop qui vit en autarcie avec l’homme prof. Un peu de ludisme dans ce monde de porcs.

Visuel : (c) The Tide de Maïa Vidal

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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