Musique
[Live-Report]: Abdullah Ibrahim plonge Ramatuelle dans la rêverie (18/08/2012)

[Live-Report]: Abdullah Ibrahim plonge Ramatuelle dans la rêverie (18/08/2012)

19 August 2012 | PAR Yaël Hirsch

Le pianiste jazz Sud-africain était à l’affiche du festival de jazz de Ramatuelle, hier soir. Avec le Ekaya Septet, il a plongé le public du Théâtre  de verdure dans une rêverie aussi douce que profonde.

C’est d’une standing ovation que le Président du Festival a demandé au public d’accueillir le plus grand jazzman d’Afrique du Sud. Né en 1938 au Cap et obligé de fuir son pays en plein apartheid, Abdullah Ibrahim a trouvé refuge en Europe puis à New-York. Duke Ellington a produit son premier disque à Paris. S’il se présente comme l’héritier de Theolonius Monk, sa musique est également inspirée par la musique traditionnelle de son enfance. Le message de son art, aux accents souvent aussi blues que jazz, est tout entier destiné à lutter contre la ségrégation.

Hier soir, Abdullah Ibrahim faisait un cadeau au public de Jazz à Ramatuelle en lui offrant, en avant-première, des titres de son prochain album. Le pianiste est d’abord entré seul sur scène, saluant en joignant ses deux paumes puis engageant une mélodie lente avec une immense concentration.

Dans une plage de plus de dix minutes, il a très doucement égrené les notes de cette mélodie, croisant les mains comme des colombes et transportant le public dans une très grande quiétude. Au point que le final a surpris et que la salle a à peine eu le temps d’applaudir avant que les 6 autres musiciens du septuor, lunettes noires aux yeux et costumes rétros, n’entrent en piste. La basse (Noah Jackson) une fois réglée, les cuivres ont  pu reprendre, au bord d’une saturation lente et mélancolique, la mélodie par laquelle Abdullah Ibrahim avait commencé le concert.

L’héritier de Duke Ellington a alors livré avec sa formation un moment doux et lancinant de musique, à mille lieues de l’inventivité tonique et légère du duo tonique de Yaron Herman et Jacky Terrasson, jeudi dernier. Dans un style résolument classique, voire rétro, avec une délicatesse infinie, les excellents musiciens (chapeau au multi-instrumentiste Cleave Guyton, tout à fait brillant à la flute…) ont placé leur audience dans une atmosphère onirique, entre jazz et blues profond.

La léthargie un peu magicienne du concert a immobilisé le public qui n’a pas toujours su applaudir tous les solos, trop absorbé par la musique, mais qui a bien sûr chaudement remercié Abdullah Ibrahim et ses compagnons pour un grand et long voyage intérieur.

Bonne nouvelle, le festival dure jusqu’à lundi, avec le Kenny Baron Trio ce soir et Patricia Barber accompagnée du Nat King Cole trio en final, demain. Tout le programme, ici.

Visuels (c) Yaël Hirsch.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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