Jazz
Eric Legnini et Sylvain Romano en duo, au cœur de la Cité de l’architecture et du patrimoine

Eric Legnini et Sylvain Romano en duo, au cœur de la Cité de l’architecture et du patrimoine

28 May 2023 | PAR Geraldine Elbaz

Dans le cadre du Paris Music Festival qui s’est tenu du 13 au 21 mai 2023, le pianiste Éric Legnini et le contrebassiste Sylvain Romano ont donné un concert élégant et virtuose au sein de la Cité de l’architecture et du patrimoine, où se tient actuellement l’exposition Notre-Dame de Paris : des bâtisseurs aux restaurateurs. Un duo inspiré dans un lieu chargé d’histoire.

Sur le parvis du Trocadéro, dans le 16è arrondissement de Paris, la Cité de l’architecture et du patrimoine, installée au cœur du Palais de Chaillot, met jusqu’en juin 2024 Notre-Dame de Paris à l’honneur. Lorsque nous pénétrons dans ce lieu impressionnant, nous sommes immédiatement subjugués par la hauteur sous plafond et par les volumes des espaces, où sont exposés les moulages, les sculptures monumentales, les statues restaurées… Dès l’entrée de l’exposition, nous nous retrouvons face à une immense photographie à échelle réelle de la nef de la cathédrale, au lendemain de l’incendie survenu le 15 avril 2019.  

En cette belle soirée de mai, le musée s’est vidé de ses visiteurs et nous savourons le privilège d’explorer ses trésors au calme. Nous nous faufilons de salle en salle, en jetant un œil curieux sur les portails sculptés et les maquettes. Nous observons d’un peu plus près les imposantes statues de bronze de la flèche (les vraies !), dessinées par Eugène Viollet-Le-Duc et nous voilà devant un arc de pierre aux ornementations sublimes, illuminé de rouge. Ce monument d’architecture, entouré de colonnes et d’objets d’une autre époque servira, le temps d’une soirée, de décor majestueux pour un concert intimiste. Devant nous trônent un piano à queue Yamaha noir et une contrebasse posée au sol…

Et les sons se déploient à l’infini…

Quand les artistes entrent en scène, ils le font par une petite porte latérale, une sorte d’encadrement pratiquement caché derrière l’arche. On entend leurs pas résonner en grand dans cet espace à l’acoustique augmentée. Ici tout prend des proportions extraordinaires et les sons semblent se déployer à l’infini. 

Tout de noir vêtus, Eric Legnini et Sylvain Romano s’installent, nous saluent d’un signe de tête et commencent à jouer. Le pianiste  débute avec quelques unes de ses compositions, que l’on retrouve sur son album Six Strings Under (2019) : « Doo We Doo », « Breakfast at Dawn » et puis « The Jive » en hommage à Oscar Petterson. 

D’emblée, nous sommes transportés dans un univers joyeux et rythmé. La main droite du pianiste nous offre un florilège de notes bondissantes. La main gauche provoque une salve de riffs hypnotisants, renforcés par les pizzicati de la contrebasse. Eric Legnini a ce don de nous plonger irrémédiablement dans une rythmique qui lui est propre, comme une signature.

Une osmose rare

L’oreille presque collée aux cordes de la contrebasse, les doigts d’une agilité phénoménale, Sylvain Romano répond aux notes du piano, exalte chaque accord. Il se crée devant nous une osmose rare, un dialogue musical riche entre les deux instruments. 

Quelques standards suivront comme « It could happen to you » de Jimmy Van Heusen ou « The day you came along », dont on se rappelle la version de Django Reinhardt datant de 1934. Avec « La Mangueira », Eric Legnini nous emmène avec lui au Brésil et nous invite à chanter. L’ambiance est festive et chaleureuse. La magie opère. 

En guise de rappel, nous aurons droit à la composition du pianiste « Boda Boda », où les envolées lyriques de la main droite ponctuent un rythme trépidant qui nous embarque inéluctablement. 

Une première pour ce duo complice et talentueux, dont on attend déjà les prochaines dates. 

Visuel : (c) GE

Eric Legnini & Sylvain Romano 

Festival Paris Music

Cité de l’architecture et du patrimoine 

Cannes 2023, Compétition : The Old Oak, un Ken Loach mélancolique qui y croit encore
Subtil comme “Personne”, le nouveau spectacle de Yann Frisch
Avatar photo
Geraldine Elbaz
Passionnée de théâtre, de musique et de littérature, cinéphile aussi, Géraldine Elbaz est curieuse, enthousiaste et parfois… critique.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration