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[Interview] « Fiers de la diversité proposée par notre Printemps de Bourges ! »

[Interview] « Fiers de la diversité proposée par notre Printemps de Bourges ! »

31 January 2014 | PAR Bastien Stisi

En marge de l’annonce de la programmation officielle du Printemps de Bourges 2014 qui mêlera du 22 au 27 avril prochain et dans une cacophonie hybride les nominations XXL (Stromae, Metronomy, Détroit, Fauve…) et les pépites émergentes (Pegase, Von Pariahs, Maissiat, AuDen…), le directeur artistique du festival Jean-Michel Dupas nous parle des perspectives et de l’idéologie alternative du rendez-vous musical le plus attendu des premiers soubresauts printaniers…

Printemps de Bourges 2014Le Printemps de Bourges ouvrira cette année encore la saison des festivals en avril prochain. Y a-t-il une pression particulière lorsque l’on est comme ça le premier d’une très longue série ?

Jean-Michel Dupas : Il y a une pression, bien sûr, mais c’est surtout une pression positive ! À l’instar d’un festival comme les Transmusicales de Rennes, le Printemps de Bourges est un festival qui accueille un très grand public de professionnels (près de 2000 personnes réparties entre journalistes, programmateurs, directeurs de salles ou de labels…) et qui viennent y faire leur marché pour les prochaines saisons. Pour nous, du coup, c’est forcément un avantage : on est les premiers à présenter et à annoncer des artistes que d’autres reprendront sans doute beaucoup plus tard !

Y a-t-il toujours l’idée propre à l’historique du festival de « dénicheur de talents », et notamment de « dénicheurs de talents alternatifs français » ?

J-M. D. : Effectivement, ce qui implique d’ailleurs que la pression est plus encore sur les épaules des artistes programmés que sur les nôtres ! Pour un artiste français, réussir un concert au Printemps de Bourges équivaut à la garantie de faire 50 dates derrière…Et ça, ce sont les producteurs qui le disent !

Et comment les choisissez-vous, ces artistes ?

J-M. D. : Déjà, pour programmer un artiste, il faut que l’on soit d’accord tous les quatre (ndlr : les quatre programmateurs), et même si on doit passer par quelques débats un peu houleux…Là, on a 90 artistes sur la grille, mais on en avait plus de 300 à la base, sans compter les présélections que l’on avait réalisées précédemment…

Ensuite, il est important pour nous que l’artiste soit en lien avec une actualité, la sortie d’un disque prochain étant évidemment un plus. On apporte évidemment aussi une importance à la qualité de son dernier album, ainsi qu’à ses dernières prestations scéniques. Après, les choses sont parfois plus nuancées : on peut avoir été déçu par l’album d’un artiste et le programmer quand même en tenant compte de ses capacités scéniques, et de la même manière, on peut ne pas programmer un artiste dont on aurait aimé l’album mais qui nous aurait déçu sur scène cette année…

Est-il possible de comparer la première édition du festival de 1977 et cette édition 2014 ?

J-M. D. : Il y a deux points communs qui me paraissent essentiels : l’esprit de découverte et celui d’émergence. Cette année, s’il y a quelques grosses têtes d’affiches, celles-ci ne représentent que 20% de la programmation totale. Si on ajoute à tout ça les Inouïs du Printemps de Bourges, ce sont surtout des artistes qui ont moins d’un ou deux ans de carrière et qui ont souvent sorti moins de deux albums.

Après, bien sûr, la programmation a énormément évolué au fil des années, dans la mesure où les premières éditions étaient quasiment exclusivement consacrées à la chanson française. Le spectre aujourd’hui est beaucoup plus large, puisque l’on touche autant les musiques du monde, les musiques électroniques, le hip hop, le R&B, la musique classique, le rock ou la pop…Il y a eu un virage en 1999 avec un certain retour aux sources du festival qui était peut-être tombé dans une dérive un peu vidée de son esprit alternatif initial…

La chose paraît toute naturelle aujourd’hui, mais initialement, pourquoi le festival a-t-il choisi la ville de Bourges pour s’implanter ?

J-M. D. : Il y avait au lancement du projet une municipalité communiste à Bourges, avec une Maison de la Culture qui était dans le même esprit. La mairie, a alors laissé beaucoup de liberté au directeur de cette Maison de la Culture, et permis à Daniel Colling (le co -fondateur du festival) et à son équipe de créer ce festival que tous les protagonistes jugeaient alors parfaitement novateur et alternatif.

Les problèmes que connaissait le festival avec ses riverains dans les premières éditions sont-ils totalement dépassés aujourd’hui ?

J-M. D. : Comme dans tous les événements de grande ampleur qui arrivaient dans les années 70, certaines personnes voyaient ça, et même si c’est un peu caricatural, comme une arrivée massive de hippies et de drogués… Dans une petite commune rurale, ça posait forcément des problèmes. Aujourd’hui, tout ça a bien changé : le Printemps de Bourges est tellement indissociable de la ville que c’est même une grosse fierté pour les Berruyer d’en faire partie !

Comme chaque année, le Printemps de Bourges est également marqué par une création spéciale pour l’événement…

J-M. D. : Oui, et cette année, c’est autour du groupe Tinderstricks de venir fêter ses 20 ans de carrière à Bourges et dans la cathédrale. On a proposé au groupe de monter un projet spectacle, et ils vont ainsi venir avec quelques invités et un orchestre cordes / cuivres d’une dizaine de personnes pour arranger avec des accords classiques certains de leurs morceaux.

D’après vous, la plus grosse attente de cette année est incarnée par Stromae, Fauve, Gesaffelstein ou Metronomy ?

J-M. D. : Pour le public je ne sais pas, mais pour nous c’est plutôt Royal Blood, Pegase, Christine & the Queens ou Cats On Trees…On est très attachés à tous ces artistes émergents, et notamment à nos scènes consacrées à la chanson (AuDen, Maissiat, Jeanne Cheral…) ou au hip hop, qui regroupe des artistes dont l’on présage qu’ils feront partie demain des très grands noms de la scène hip hop alternative française (Georgio, Joke, Bigflo & Oli…) On est d’ailleurs l’un des rares festivals généralistes à laisser une place aussi importante à une vraie scène rap française, les autres festivals se contentant généralement de quelques noms hip hop aux sons très hybrides…

Après, nous sommes évidemment aussi très fiers de notre scène Rock’n’Beat, dont on pense que l’on est parvenu à faire cette année un condensé de ce qui se fait de mieux sur la scène électro-pop-rock (Breton, Brodinski, Kavinsky, Bakermat, Daniel Avery…) et nous n’avons aucun doute sur les performances d’un artiste comme Stromae qui est l’artiste incontournable de 2013 et qui connaît un succès public aussi bien que critique, Shaka Ponk et Skip the Use qui sont scéniquement très performants ou encore Fauve que tout le monde attend…On est extrêmement fiers de la diversité proposée encore cette année par notre Printemps de Bourges !

Toute la programmation complète du Printemps de Bourges 2014 est à retrouver sur le site officiel du festival.

Visuel : © affiche du festival

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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