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[Chronique] « Aleph » de Gesaffelstein : sombre génie
[rating=4]
Aleph, ou le commencement. Dandy sombre et subtil, Mike Lévy a le regard ravageur et l’ambition de bousculer l’univers électro en jeune recrue de Bromance Records. Et Gesaffelstein lui sert de pseudo. Une identité hybride puisque le terme « Gesaffelstein » naît de l’alchimie amusante entre la contraction du nom de l’album de Dopplereffekt Gesamtkunstwerket et Einstein. Depuis 2008, le prince des ténèbres électrocôtoie le succès avec certaines de ses compositions et hante les clubs où cœur et corps vrillent sur le son de ses sets fascinants. A l’aube du 28 octobre 2013, le moment était venu pour Gesaffelstein d’exhiber Aleph, son tout premier album studio.
Dans cet album, Gesaffelstein est un chef d’orchestre magicien. Sa musique envoûte et défie la gravité. Architecte d’une galaxie sonore, les différentes constellations sont à la fois robustes et vaporeuses. Aleph incarne ces Fleurs du Mal musicales dont la puissance underground déterre de la douceur là où il ne devrait pas y en avoir. « Pursuit » ou « Hate or Glory » évoquent une explosion sereine de vibrations positives. La couleur est sombre, mais la cadence est énergique.
Cette musique souterraine devient cathartique. « Wall of Memories » s’écoute à la douce heure du crépuscule, entre ivresse et désespoir. Le maestro peint des fragments de voie lactée sur les murs bétonnés d’une électro industrielle. Enfin, « Nameless » suggère la tension inhérente à tout langage électro, mais les sonorités adoucissent l’émeute cérébrale. Une chose est admise : la pression atmosphérique est instable là où Gesaffelstein caresse les platines.
Le son est chtonien, c’est celui des profondeurs de la Terre, il recrée l’ambiance dionysiaque des antiques bacchanales. Une armée insolite de rythmes saccadés provoque la dilatation des pupilles et l’explosion des tympans.
Tout est brutal et l’artiste bâtit son album comme s’il rédigeait des phrases à l’envers. Le vertige est féroce et nous voilà suspendus dans une atmosphère obscure où résonnent des échos merveilleux. Aleph incarne l’asymétrie rythmique parfaitement maîtrisée.
Mike Lévy lévite et Gesaffelstein récite une leçon d’électro sulfureuse : Aleph est une fabrique de stupéfiants auditifs. A consommer avec démesure en attendant la récidive d’un nouvel exploit musical.
Hélène Gully
Visuel : (c) pochette de Aleph de Gesaffelstein
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2 thoughts on “[Chronique] « Aleph » de Gesaffelstein : sombre génie”
Commentaire(s)
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julien Lepers
La rédactrice de l’article est vraiment trop bonne !!
Thib
Nice !