
Deux livres inédits de Thomas Bernhard : impitoyable jusque dans la tombe
Deux recueils de textes inédits de l’écrivain autrichien mort en 1989 paraissent en cette rentrée. L’occasion de se laisser envahir par une prose puissante, aussi apte à prodiguer des éloges qu’à démolir rageusement.
Ses romans et ses pièces de théâtre, acerbes jusqu’à la misanthropie et très durs envers l’Autriche, l’ont rendu plus présent que jamais dans la vie culturelle de ces dernières années : Des arbres à abattre, Perturbation, Dramuscules… Aujourd’hui paraissent Goethe se mheurt – et oui, Goethe schtirbt en allemand – et Sur les traces de la vérité. Discours, lettres, entretiens, articles, deux recueils totalement inédits en France de Thomas Bernhard.
Ils permettent de s’aventurer dans les extrêmes de son style. Goethe se mheurt rassemble ainsi quatre récits, dont l’un porte sur Goethe et un autre sur Montaigne. Le poète allemand se trouve démoli, envoyé dans la terre et la boue, tandis que l’auteur des Essais sauve la vie d’un homme qui pourrait être Thomas Bernhard lui-même. De la même façon, Sur les traces de la vérité s’ouvre sur un éloge d’Arthur Rimbaud, texte de jeunesse, et se poursuit en entretiens journalistiques au ton hargneux et cinglant et autres lettres rageuses.
A lire également pour ses jeux sur les phrases, obsessionnelles, et sur la langue allemande, qui passe du style le plus élevé au parler des campagnes autrichiennes – le « h » du titre. Avec, en prime, pour les connaisseurs, la présence de l’incontournable Ludwig Wittgenstein. Obsessionnel, on vous dit.
Goethe se mheurt, de Thomas Bernhard, traduit de l’allemand (Autriche) par Daniel Mirsky, Gallimard, « Du monde entier », 120 p., 13,50 euros.
Sur les traces de la vérité. Discours, lettres, entretiens, articles, de Thomas Bernhard, traduit par Daniel Mirsky, Gallimard, «Arcades», 406 p., 22,50 euros.
Visuel: (c) couverture de Goethe se mheurt