[Portrait] Pio Marmai : singulier, naturel, attachant. L’un des grands espoirs du ciné français
Vous l’avez surement déjà vu mais son nom ne vous dit peut être rien. A l’affiche de quatre excellents films en l’espace de six mois (Dans la cour, La Ritournelle, Maestro et Des lendemains qui chantent), l’acteur découvert dans Le premier jour du reste de ta vie a su imposer un style, faussement décontracté, et un naturel profondément attachant. Portrait.
En 2008, Rémi Bezançon mettait tout le monde d’accord avec son film choral sur la famille, Le Premier jour du reste de ta vie réunissant des acteurs confirmés et des nouvelles têtes, notamment Marc-André Grondin et Déborah François. Et Pio Marmai, qui incarnait ce grand frère protecteur, révolté mais attachant, en conflit avec son père et comprenant mal l’instabilité de son artiste de frère. Le film révélait son naturel et son charisme, récompensés par une nomination au César du meilleur espoir masculin. Depuis, les choses sont allées très vite et Pio Marmai a enchaîné une dizaine de longs. En premier ou en second rôle, le comédien a pu s’essayer à différents genres, de la comédie au drame, dans une large palette de rôles. On l’a ainsi vu dans D’amour et d’eau fraîche, pour se fondre dans la peau d’un personnage de petit voyou baba-cool, entraînant une Anais Demoustier lassée des galères et de la précarité des stages à répétutuib dans une aventure à la Bonnie and Clyde.
Retrouvant ensuite Rémi Bezançon, il incarnait le mari de Louise Bourgoin dans Un heureux évènement, une comédie ultra réaliste sur les hauts et les bas de la grossesse et l’impact de l’arrivée du premier enfant au sein d’un couple. Allyah et Grand Départ n’ont pas réussi à trouver leur public mais l’année 2014 a marqué son retour au premier plan, au sein d’un cinéma populaire de qualité. Excellent second rôle dans Dans la Cour et surtout dans La Ritournelle où il incarnait avec beaucoup d’auto dérision le toy-boy d’Isabelle Huppert en pleine crise de la cinquantaine, il se retrouve au premier plan cet été dans deux films que Toutelaculture a vus et beaucoup aimés.
Pour Maestro, encore en salles, il interprète un jeune acteur un peu beauf, passionné de pop culture et de films américains qui se retrouve pas hasard à tourner dans un film d’auteur à petit budget. Cette histoire de coup de foudre artistique inspirée de la rencontre entre Jocelyn Quivrin et Eric Rohmer nous a séduit par sa justesse et sa tendresse. La réussite de ce film sur l’apprentissage de la poésie et de l’amour des mots au sein d’un cinéma artisanal doit beaucoup à Pio Marmai qui apporte du charme, de la drôlerie et de l’émotion face au grand Michael Lonsdale. On le retrouvera en août dans Des lendemains qui chantent,, chronique douce-amère sur la désillusion des années Mitterrand sur un thème qui rappelle l’excellent Télé Gaucho de Michel Leclerc. En quelques films et grâce à des choix judicieux, Pio Marmai a réussi à se faire un nom. Il aurait pu se retrouver enfermé dans des rôles de belle gueule et de beau parleur un peu fade. Mais l’acteur a du chien, un style, un phrasé, un regard à la fois lunaire et bouillonnant qui rendent chacune de ses compositions passionnante. On attend beaucoup de ce comédien qui comme Anais Demoustier ou Félix Moati apporte beaucoup de fraîcheur, d’énergie et de modernité au cinéma français. Reste à conquérir le cœur du grand public…
Gilles Hérail
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VILLARD violette
Sans nostalgie fixe, the Heat of the moment
Demandait-on à De Niro ou Al Pacino à 30 ans d’incarner un certain passé du cinéma et ne pouvait-on voir leurs visages sans systématiquement les référer à des icônes les précédant, c’st une question que l’on est en droit de se poser tant il est difficile pour un acteur contemporain d’émerger et d’être amené à être reconnu en tant que visage singulier et nouveau à part entière . Pio Marmai que l’on voit s’affirmer et surgir de plus en plus nettement dans le paysage cinématographique , sans affront brutal ni effet de carrière spectaculaire, mais plutôt avec un doigté espiègle et un tact tendre dans le choix des partitions offre un visage que l’on a tôt fait de vouloir ramener à une typologie d’acteurs qui arpenterait les Depardieu-Dewaere pour la franchise et l’echevelé de la mine et flirterait avec une lignée italienne pour la parenté du nom. N’est-il pas plus intéressant au contraire de laisser aller tout type de mémoire pré-enregistrée, de laisser voguer toute empreinte cinématographique pour jouir sans trace sans comparaison, de manière novice et somme toute la plus cinéphile possible, dans la plus pure invention de l’instant, d’une image du visage d’un acteur en naissance, donc en histoire de sa propre machine à fabriquer des réminiscences.
Laissons aux acteurs nouveaux-nés ce moment d’être puissants d’impulser à leur cinégenie leur propre critère d’apparition-disparition. Pio Marmai a cette candeur et ce trait tout à la fois frontal et effronté, cet air dont il décline le jeu d’un ahurissement léger et taquin qui séduit au présent et surprend le spectateur. Sans nostalgie fixe.
VIolette Villard