A l'affiche
“La Fête des mères” : critique du film et rencontre avec Marie-Castille Mention-Schaar, Clotilde Courau, Olivia Côte

“La Fête des mères” : critique du film et rencontre avec Marie-Castille Mention-Schaar, Clotilde Courau, Olivia Côte

21 May 2018 | PAR Gregory Marouze

Toute La Culture a vu La Fête des mères : le nouveau long-métrage de Marie-Castille Mention-Schaar (Bowling, Les Héritiers, Le Ciel Attendra). Le film fait le portrait de femmes de différents milieux sociaux et professionnels. La Fête des Mères, vibrant hommage à toutes les femmes, est soutenu par une distribution de premier plan. Critique de La Fête des Mères et rencontre avec Marie-Castille Mention-Schaar, Olivia Côte et Clotilde Courau.

[rating=3]

la-fete-des-meres-2

Avec La Fête des Mères, Marie-Castille Mention-Schaar continue de creuser un sillon. Après avoir filmé dans Les Héritiers l’histoire d’une professeure inscrivant l’une de ses classes au concours national de résistance et de la déportation, de jeunes femmes radicalisées dans Le Ciel Attendra, la réalisatrice questionne dans son dernier film la place et le rôle des femmes, venues de tous horizons socioprofessionnels, dans nos sociétés.

Marie-Castille Mention-Schaar :« J’aime filmer les femmes en général. La relation à la mère, aux enfants nous prend beaucoup de place dans la vie. Je suis toujours en train de parler de ces relations là. Et un jour, je me suis dit très bêtement lors d’une conversation avec une amie « C’est marrant, en fait il n’y a jamais eu de film qui s’appelle La Fête des Mères (c’était bien avant que les américains fassent Mothers ‘s Day). Pas dans le sens de l’événement de la fête des mères. Mais un film autour duquel on pourrait fédérer beaucoup d’histoires, ce que j’aime bien. Souvent on a envie de raconter une histoire mais ça ne fait pas un film. Par contre, raconter plusieurs de ces histoires ensemble, là tout d’un coup, on peut raconter un film qui prenne tout son sens dans la choralité, le « multi-voix ». Ce qui, je trouve, est ce qu’il y a de mieux quand on parle de ces relations-là parce qu’on a tous une relation avec sa mère. Ou pas. C’est un pilier de notre vie. Et quelque soit la personne avec qui on parle, il y a une histoire ! Il y a toujours quelque chose d’intéressant, ces sources de psychodrames, de complexité, d’amour, de haine. C’est dense, cette relation-là ! » *

Le plaisir de La Fête des Mères vient avant tout de ses comédiennes et comédiens. Marie-Castille Mention-Schaar apporte beaucoup de soin à sa distribution. C’est l’une des forces de cette scénariste-réalisatrice-productrice depuis les tous débuts de son parcours cinématographique.

la-fete-des-meres-3

Audrey Fleurot, Pascale Arbillot, Jeanne Rosa, Nicole Garcia, Carmen Maura, Marie-Christine Barrault, Noémie Merlant, Vincent Dedienne, Gustave Kervern, Pascal Demolon, … sont impeccables.

C’est aussi le cas de Olivia Côte et Clotilde Courau – déjà présente dans Le Ciel Attendra – dont l’investissement est palpable dans le film.

Olivia Côte :« Quand on s’est rencontrées, moi je venais de découvrir Les Héritiers. J’étais complètement tombée amoureuse de Marie-Castille, parce que ce film m’avait énormément plu et secoué. (…) Quand elle a commencé à me parler de La Fête des mères, ce qui m’a beaucoup plus c’est cette chose un peu à l’italienne, extrême, dans les choses et les personnages. Et pour moi ce qui représentait cet excès que j’affectionne particulièrement c’est évidemment le personnage et la situation de la Présidente de la République (ndr : Audrey Fleurot). C’est vraiment l’acmé, le paroxysme du métier à responsabilité avec en même temps la disponibilité qu’un nourrisson demande. Je trouvais cette dualité-là excessive et très, très drôle. (…) Ce qui m’a donné envie d’être dans le film c’est l’intelligence, la personnalité, la sensibilité, la folie de Marie-Castille sur le traitement de certaines névroses, certains empêchements qu’on rencontre avec nos mères ».

la-fete-des-meres-1

Clotilde Courau :« Quand on a la possibilité de, non seulement retravailler avec une personne qu’on aime, dont on aime la singularité, la force de conviction, les choix des sujets et qu’elle revient encore avec un sujet fort qui raconte quelque chose, on ne peut pas dire non. Et puis le temps passe et en septembre, on se dit « Mais cette fille a un truc incroyable ! » On a commencé Le Ciel Attendra et ça n’a pas été simple puisque deux jours avant le tournage, il y a eu Le Bataclan. Ce n’est pas rien ! On est en plein dans un sujet qui nous bouleverse et nous ébranle tous. Et en septembre, l’affaire Weinstein est en train de sortir et tout est en révolution sur la femme, la place de la femme dans la Société ! Et là, je me dis : « Mais Marie-Castille a des antennes surpuissantes ! » Et la représentation des femmes dans le film n’est pas commune dans le cinéma (…). Ce qui me touche dans ce film, c’est qu’on est quand même dans un monde qui ne va pas trop bien, qui est plutôt dans le cynisme, dans la violence. Et là, on a un film qui est bienveillant, qui est doux, et qui nous dit : « La mère de ta mère de ta mère de ta mère, a fait comme elle a pu. Et tu feras comme tu peux. Et on fera comme on peut. Que tu sois mère, que tu refuses d’être mère, que tu aies un homme ». On est tous liés à nos mères. Finalement accepte-la telle qu’elle est. Et tout ça n’est pas très grave mais profites-en». *

la-fete-des-meres-4

On peut d’abord être décontenancé par La Fête des mères, œuvre chorale, à la narration ambitieuse, aux nombreux personnages, qui rappelle le cinéma (quand il est bon) de Claude Lelouch. Le film, singulier, semble d’abord artificiel. Chaque personnage donne l’illusion d’être présent pour porter un discours. Se résumer à une « fonction ».

Puis, grâce à un montage habile, un message bien plus fin qu’il n’y paraît (si le film met les hommes en retrait ou hors champ, il n’en fait jamais le procès, à l’heure du MeToo), une réalisation élégante et une photographie solaire, on se laisse embarquer par ces destins croisés.

Grégory Marouzé

La Fête des mères, de Marie-Castille Mention-Schaar

Avec Audrey Fleurot, Clotilde Courau, Olivia Côte, Pascale Arbillot, Jeanne Rosa, …

Comédie Dramatique (1h43)

Sortie le 23 mai 2018

Visuels : UGC

* Entretien réalisé à Lille le 24 avril. Remerciements à UGC Ciné Cité Lille.

Synopsis : Elles sont présidente de la République, nounou, boulangère, comédienne, prof, fleuriste, journaliste, sans emploi, pédiatre. Elles sont possessives, bienveillantes, maladroites, absentes, omniprésentes, débordées, culpabilisantes, indulgentes, aimantes, fragiles, en pleine possession de leurs moyens ou perdant la tête. Bien vivantes ou déjà un souvenir … Fils ou fille, nous restons quoiqu’il arrive leur enfant avec l’envie qu’elles nous lâchent et la peur qu’elles nous quittent. Et puis nous devenons maman … et ça va être notre fête !

« L’Héritage des espions » de John Le Carré : répondre aux conséquences prévisibles de nos actes
Bon Scott -The Last Highway
Avatar photo
Gregory Marouze
Cinéphile acharné ouvert à tous les cinémas, genres, nationalités et époques. Journaliste et critique de cinéma (émission TV Ci Né Ma - L'Agence Ciné, Revus et Corrigés, Lille La Nuit.Com, ...), programmation et animation de ciné-clubs à Lille et Arras (Mes Films de Chevet, La Class' Ciné) avec l'association Plan Séquence, Animateur de débats et masterclass (Arras Film Festival, Poitiers Film Festival, divers cinémas), formateur. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, juré du Prix du Premier Long-Métrage français et étranger des Prix de la Critique 2019, réalisateur du documentaire "Alain Corneau, du noir au bleu" (production Les Films du Cyclope, Studio Canal, Ciné +)

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration