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[Compétition] « Mon roi » : Maïwenn toujours intense mais moins originale
On adore Maïwenn et son cinéma de chair, de sang, de fièvre, qui prend aux tripes. Sa nouvelle oeuvre, dure chronique de l’histoire d’un couple où l’homme est fou, sait encore une fois nous attraper. Même si elle ne dit pas grand-chose d’inédit sur l’amour fou…
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En guise de générique, une scène de boîte de nuit où la musique couvre tout. Une rencontre a lieu : Georgio reconnaît Tony, fille qui servait dans un bar qu’il fréquentait, devenue avocate ; l’invite chez lui ; se passionne pour elle ; lui offre le monde. Début d’une histoire. Mon roi va nous conter quinze ans d’une vie commune. Avec beaucoup de talent, mais un léger air de déjà-vu…
Entre nos deux protagonistes, on sent que l’amour sera conflictuel. D’ailleurs, dès le départ, deux temporalités coexistent : Tony (formidable Emmanuelle Bercot) se soigne dans un centre de rééducation, après un très grave accident de ski. La passion lui a fait très mal, et l’a brisée, au sens propre. C’est que Giorgio est fou. Incontrôlable, sans obligations, infidèle, peut-être drogué… Lorsqu’ils font l’amour, magnifiquement filmés, lui et Tony vont au-delà du plaisir. Mais lorsque, dans la réalité, Giorgio impose à sa femme la présence d’Agnès, précédente amante suicidaire, il outrepasse les limites de la relation, jusqu’à la crise… Si certaines séquences frappent et laissent à terre, le côté collage cher à Maïwenn fait qu’elles sont suivies par des morceaux moins marquants.
La crise, ou ce que Maïwenn sait rendre de façon suprêmement cinématographique. Créant des scènes crédibles et lyriques, ne s’enfermant pas dans un schéma répété. Mon roi nous accroche donc. Et si le jeu du charismatique Vincent Cassel ne plaît que par intermittences – trop rapide dans son débit, pas assez effacé au profit de ce qu’il joue – le frère de Tony joué par Louis Garrel, au naturel ultra percutant, apporte des respirations bienvenues.
Mais d’où vient que le film nous laisse sur notre faim ? De ce qu’on en retire, au final. En 2012, Polisse avait été, pour beaucoup, le choc de l’année cinématographique. Mon roi propose une suite de scènes intenses sur le couple, et non un tourbillon infernal qui nous avalerait corps et âmes. Et on remarque une chose : les ellipses y sont légion. Aurait-il pu être plus long ? Avec davantage de scènes, le manège infernal représenté par la vie à deux nous aurait-il enveloppé, puis laissé épuisés et ravis ?… On aurait aimé plus de choc, plus de douleur salvatrice. Car Maïwenn est de celles qui savent empoigner l’art afin d’ausculter le mal, en avançant vers le bien… Or on ne gardera, ici, qu’un souvenir artistique tiède…
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Mon roi, un film de Maïwenn. Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco, Camille Cottin, Ludovic Berthillot, et Norman Thavaud. Distribution France : StudioCanal. Drame, Francais. En salles le 21 octobre.
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Visuel : © Shanna Besson