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Cannes 2023 : une ouverture calme et sur rails

Cannes 2023 : une ouverture calme et sur rails

17 May 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Peu de choses mémorables paraissent à retenir du lancement de l’édition 2023 du Festival.

En ce soir qui voit s’ouvrir l’édition 2023 de Cannes, c’est Chiara Mastroianni qui endosse le rôle de maîtresse de cérémonie. Elle délivre un discours d’ouverture tout calme, dans lequel elle évoque notamment le caractère précieux du cinéma, qui doit être respecté. Au final, c’est sa mère Catherine Deneuve qui déclarera le Festival ouvert pour cette année. Une continuité logique vis-à-vis de l’affiche de Cannes 2023, signée Hartland Villa : une photo de l’actrice – signée Jack Garofalo – prise en 1968, sur la plage de Pampelonne. Catherine Deneuve qui, ce soir-là, aura des mots pour l’Ukraine frappée par la guerre.

Bon Michael Douglas, costumes chatoyants

Si le Président du jury chargé de remettre la Palme d’or en 2023, Ruben Östlund, se montre égal à lui-même dans son petit discours d’introduction – on aime ou on n’aime pas – celui qui reçoit le Prix pour l’ensemble de sa carrière peut être jugé un peu plus inspirant. Il s’agit de Michael Douglas. On aime notamment l’hommage qu’il adresse à Karl Malden, acteur américain à la “gueule” très marquante, qu’il considère comme l’un de ses mentors.

Autre élément, classique mais efficace, que l’on retrouve comme d’habitude au menu de cette première session de célébration : les membres du jury étincellent dans leurs tenues, composant cette fois un tableau harmonieux. L’interprète de Captain Marvel Brie Larson vêtue de doré crée un bien beau contraste ce soir avec la réalisatrice du Bleu du caftan Maryam Touzani, en noir élégant, avec celle qui signa Grave et Titane Julia Ducournau, elle aussi habillée dans une teinte sombre, ou avec la réalisatrice anglo-zambienne Rungano Nyoni. Les hommes du jury, quant à eux, font montre d’une sobriété bienvenue. Le réalisateur argentin Damian Szifron et l’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi arborent des costumes à l’aspect simple. Quant à Paul Dano et Denis Ménochet, ils apparaissent parfaitement égaux à eux-mêmes ce soir.

Un Jeanne du Barry manquant de tenue

Le film qui ouvre le Festival cette année est donc Jeanne du Barry, entouré de plusieurs polémiques. Au final, il ne convainc pas. Désirant peindre la vie de celle qui devint favorite du roi Louis XV, la réalisatrice et actrice principale Maïwenn embrasse bien trop de thèmes à la fois. Elle montre une femme utilisant la séduction comme arme contre un monde d’hommes avant de partir sur une histoire d’amour triste. Peut-on parler de traitement superficiel ? Pas vraiment, le film tente de faire ce travail-ci sérieusement. Le problème est-il alors le manque d’émotion ? Impossible de tabler sur ce point non plus, on reçoit un peu les sentiments décrits. Non : c’est davantage une impression de dispersion qui règne. Le film s’écarte trop souvent, y compris au sein d’une même scène, de ses axes principaux, et du même coup, se perd, à ces instants-ci.

Ainsi, il est parfois à deux doigts de tomber dans une vision complètement positive, envers et contre tout, de Jeanne du Barry. A ce titre, la naïveté des séquences montrant un garçon noir qui lui est “offert” comme serviteur apparaît comme un gros problème gênant. Ici, on tombe dans la superficialité. La voix-off fatigue un peu aussi : les choses sont dites au lieu d’être montrées. Les acteurs font pourtant ce qu’ils peuvent, qu’il s’agisse de Benjamin Lavernhe, toujours très juste en âme damnée du roi (lui-même joué par Johnny Depp), d’India Hair qui joue de sa personnalité passionnante, de Marianne Basler, qui raconte tant avec juste sa belle présence et ses attitudes, de Micha Lescot, vénéneux à souhait… Mais les sorties de route paraissent, hélas, trop fréquentes. Elles emmènent le film sur des voies taillées à gros traits. Il en ressort boursouflé.

Le Festival de Cannes se tient du 16 au 27 mai.

Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2023

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Visuel : Affiche officielle – 76e édition © Photo de Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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