Cinema
Cannes 2023 : Lost in the Night ou Amat Escalante en manque d’originalité

Cannes 2023 : Lost in the Night ou Amat Escalante en manque d’originalité

19 May 2023 | PAR Geoffrey Nabavian

Un thriller d’auteur dramatique, réalisé par le mexicain Amat Escalante, fait avec ambition mais déjà vu (quoique sans doute très pertinent dans le Mexique actuel).

Emiliano est un jeune mexicain pauvre mais déterminé. Hanté par le meurtre de sa mère, activiste politique, il met ses forces à retrouver tous les coupables, au lieu de se morfondre. Il découvre qu’une chanteuse star et son mari, habitant une somptueuse maison ultra moderne au bord d’un lac, sont peut-être de mèche avec la police corrompue dans cette histoire.

Thriller d’auteur, Lost in the Night est présenté au Festival de Cannes dans le cadre de Cannes Première. Il est doté d’une mise en scène tirée à quatre épingles, qui ambitionne avant toutes choses d’être corrosive. Son héros, bien interprété par le jeune Juan Daniel Garcia Treviño, observe avec méfiance une galerie de personnages apparaissant caricaturaux, mais jusqu’à un point qui passe, qui ne leur enlève pas toute humanité. Le film sait doser son mélange de mystère et de satire.

Il déçoit cependant sur un point précis : son manque d’originalité. C’est que Lost in the Night vient après une foule d’exemples arborant des scénarios sur le même thème et avec certains ressorts semblables. En conséquence, son volet satirique fait un peu plisser les yeux, et il avance en ménageant peu de surprises. D’autant plus que son début ménageait des passages au symbolisme social fort, mais plus libres et moins soulignés, tels ce moment où le héros grimpe sur un pylône, à titre de petit boulot.

On se dit tout de même que dans le contexte politique et sociétal du Mexique actuel, il est peut-être très pertinent et percutant. Et pourquoi pas même courageux. Certaines de ses séquences surgissant un peu de nulle part, apparaissant comme des récréations poseuses, seraient-elles en fait chargées d’une symbolique très forte et osée ? Il est difficile de répondre sans connaître précisément ce contexte. À voir.

Le Festival de Cannes continue jusqu’au 27 mai.

Retrouvez tous les films du Festival dans notre dossier Cannes 2023

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Visuel : © Pimienta Films

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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