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[Cannes 2021] Jour 7 : La jeunesse à la Quinzaine, Wes Anderson tel qu’en lui-même

[Cannes 2021] Jour 7 : La jeunesse à la Quinzaine, Wes Anderson tel qu’en lui-même

13 July 2021 | PAR La Rédaction

Nouvelle journée de compétition cannoise, avec un grand soulagement exprimé par Thierry Frémaux juste avant la projection de La Croisade de Louis Garrel : après les annonces gouvernementales, nous savons que la 74e édition du Festival de Cannes se poursuivra jusqu’au bout.

Par Yaël Hirsch et Geoffrey Nabavian

À 8 h 30, à la Quinzaine des réalisateurs, le film brésilien Medusa d’Anita Rocha da Silveira propose une image brillantissime et une mise en scène remarquable pour nous faire entrer dans le quotidiens de jeunes femmes obsédées de beauté et de chrétienté. Celles qui chantent les louanges du Christ en faisant des tutos maquillage pour une peau et une âme parfaites, se retrouve en squad la nuit sous des masques blancs pour tabasser les pécheresses.

À 11h, on a pu goûter à l’un des nouveaux films de la Compétition, Drive my car, nouvelle réalisation du très prolifique japonais Ryusuke Hamaguchi, révélé en France avec son très long film Senses. Itinéraire sentimentalement très contrarié d’un metteur en scène de théâtre contemporain plutôt beau, marqué par deux décès, ce long-métrage reste très bien filmé, avec un œil de cinéaste dans certains plans, et sous-tendu par des dialogues très bien écrits. On tombe parfois, au détour d’eux, sur quelques clichés. Et dans ce film-ci, les personnages ne montrent que peu de sentiments et peu d’émotions, ce qui fait qu’ils paraissent hésiter parfois entre profondeur et artificialité… On peut préférer Ryusuke Hamaguchi lorsqu’il filme des quarantenaires ouvertement cabossés, comme dans son très beau Wheel of fortune and fantasy, Ours d’argent à l’issue de la Berlinale 2021.

À 14 heures, retour à la Quinzaine pour le documentaire d’Alice Rohrwacher, Pietro Marcello et Francesco Munzi, Futura. Après avoir proposé un documentaire avec JR sur la fin des agriculteurs (Omelia Contadina, 2020), la réalisatrice italienne a trouvé deux nouveaux complices pour faire le tour de l’Italie sur un sujet passionnant : comment la jeunesse voit-elle son futur ? Et au milieu du projet, le coronavirus a frappé. L’image est superbe, la manière de faire poser les groupes pour les portraits parfaitement picturale et les masques en processions rappellent les grands maîtres au temps de la peste noire. La caméra saisit des visages et magnifie le futur du pays. Ce qui est moins réussi est ce qui se dit. Les questions sont trop vagues. On a l’impression que les jeunes passent un examen et la plupart enfoncent studieusement des portes ouvertes. Surtout, coincés en sandwichs entre des salves de propos qui se veulent poétiques et engagés mais qui sont péremptoires, dits en voix off par Alice Rohrwacher, ces jeunes ressemblent de plus en plus à des papillons qu’on aurait collés sous verre avec des étiquettes pour rejoindre une collection. Dommage que le fond ne suive pas la forme…

À 14h également, nous avions rendez-vous, au sein d’une autre section du Festival, Cannes Premières, inaugurée cette année, avec un réalisateur dont l’entrée a été saluée par une standing ovation : Oliver Stone. Il venait présenter son nouveau documentaire, JFK revisited Through the looking glass. Non pas un making-of de son célèbre film JFK, mais une nouvelle enquête sur les causes de l’assassinat du président américain John F. Kennedy en 1963. Un film très documenté, précis, rapide, qui livre une très importante somme de détails au spectateur, et ne prend pas ce dernier en otage avec une thèse précise, du fait de son rythme intensif. Un documentaire qui n’inculque pas de vérité mais donne au public des éléments, que chacun peut critiquer dans son propre esprit. Une expérience intéressante donc.

À 15 h 30, nous rencontrions Kornél Mundruczó et Kata Wéber pour leur film, Évolution, présenté à Un certain regard et qui s’inspire de l’histoire familiale de Kata Wéber. L’interview arrive bientôt, juste ici.

À 17 h 15, place à l’imaginaire de Wes Anderson avec The French Dispatch en section Un certain regard. De retour en compétition après Moonrise Kingdom en 2012, le réalisateur américain revient avec une cuvée dense et qui ravira les fans. Le film met en mouvement les pages du dernier numéro d’un magazine. Une fable qui raconte à toute vitesse trois sujets, avec un casting à vous étourdir et un twist nostalgique irrésistible depuis la ville mythique de “Ennui-sur Blasé”… Un grand coup de cœur.

À 19 h 30, en l’absence du réalisateur Yohan Manca et de l’actrice principale Judith Chemla pour de tristes raisons – une violente dispute qui est allée jusqu’à la plainte et l’annulation de ces présences cannoises – c’est toujours en section Un certain regard que nous avons vu le joli film Mes frères et moi. Yohan Manca a joué et mis en scène en 2011, la pièce qui inspire ce film, Pourquoi mes frères et moi on est parti…, d’Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, parue en 2006. Focalisé sur le personnage de Nour, 10 ans, qui vit avec ses trois frères et sa mère inconsciente et mourante, et qui se découvre chanteur d’opéra, le film est réellement bien mené et touchant.

À 22 h 15, très glamours, Louis Garrel et Laetitia Casta sont venus présenter en séance spéciale dédiée à l’écologie leur film bref (1h07) La Croisade, où ils se mettent en scène en parents bourgeois dépassés par leur fils qui a vendu montres, trottinettes et bijoux pour participer à un grand mouvement de jeunes gens de son âge pour la défense de la planète. Ce n’est pas parce que c’est le “jeune” qui fait la leçon que ce n’est pas lénifiant de clichés…

Enfin, la soirée s’est terminée dans la douce chaleur nocturne de juillet sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs avec la fête du film Medusa, signé par Anita Rocha da Silveira – film qui sortira dans les salles de cinéma françaises distribué par Wayna Pitch – associé pour l’occasion au court-métrage présenté en Compétition pour la Palme d’or du court Sideral, de Carlos Segundo, pris en charge par Les Valseurs. Une vraie fête avec du gin tonic et d’autres cocktails imaginés par la Maison Villevert, un dancefloor lieu d’un DJ set très inspiré et énergique et/ou le sable encore tiède sous les pieds pour s’éloigner de la musique, discuter et prendre l’air. Joie immense, au final, de siroter un verre de vin blanc ou rosé sur une plage cannoise après une journée chargée, et d’empocher les petits briquets et puzzles à l’image du court Sideral imaginés par Les Valseurs et disposés sur les tables. Un bon moment de fraîcheur au sein d’une édition du Festival de Cannes qui sait ne pas oublier les fondamentaux.

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Visuels : YH et GN

Visuel 4 : Cannes avec mesures sanitaires © Geoffrey Nabavian

Visuel 5 : Oliver Stone en train de présenter son documentaire JFK revisited – Through the looking glass dans le cadre de Cannes Premières © Geoffrey Nabavian

Visuel 6 : carte des cocktails imaginée par la Maison Villevert, à la fête de Medusa et Sideral, sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs © Geoffrey Nabavian

Visuels 7-8-9 : fête de Medusa et Sideral, sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs © Geoffrey Nabavian

Visuel 10 : affiche de Sideral de Carlos Segundo, à la fête de Medusa et Sideral, sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs © Geoffrey Nabavian

Visuel 11 : affiche de Sideral de Carlos Segundo, présenté au Festival de Cannes 2021 en Compétition pour la Palme d’or du Court-Métrage, conçue par Florent Andrea Jarroir

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