Cinema
Berlin, jour 7 : Un beau drame argentin “The third side of the river” et Jennifer Connelly + Mélanie Laurent au cœur du très mauvais “Aloft”

Berlin, jour 7 : Un beau drame argentin “The third side of the river” et Jennifer Connelly + Mélanie Laurent au cœur du très mauvais “Aloft”

13 February 2014 | PAR Yaël Hirsch

Dernière journée berlinoise pour Toute La Culture, où le soleil éclatant nous a fait regretter de nous esquisser trois jours avant la fin des joutes cinématographiques pour décrocher l’Ours.

Avant de filer prendre notre avion, notre programme Berlinale était focalisé sur deux autres films de la compétition. D’abord The third side of the river (La tercera orilla), un drame familial très réussi de la réalisatrice argentine Celina Murga. Mettant en scène le jeune Nicolas (Alián Devetac), fils aîné d’une homme qui a deux foyers, Jorge (Daniel Veronese). Ce père très testostéroné, à la vois grave, sur de lui, de son métier, de sa ferme et de son argent, est aussi parfaitement pervers et castrateur. Pour Nicolas l’âge adulte passe par la fréquentation de ce père et le dépassement du rabaissement que ce dernier lui inflige.

Filmé dans les paysages luxuriants de la province d’Entre Ríos, chère à la réalisatrice, et néanmoins parfaitement concentré sur l’évolution du jeune héros, The third side of the river évoque avec naturalisme et conviction un thème qui se trouve récurrent dans les films sélectionnés pour la compétition de cette 64ème Berlinale : le sacrifice du fils, dont l’avenir est grevé par une situation familiale et sociale désespérée. Et dans la catégorie “chronos dévorant ses enfants”, si la version de Celia Murgia n’est pas aussi picturale que le Kreuzweg de Dietrich Bruggeman, elle est d’une authenticité imparable, qui rend Jack de Edward Berger ou Praia Do Futuro de Karim Aïnouz un peu articfiels. Ours à guetter donc pour cette oeuvre très juste et très maîtrisée.

Pour lire notre critique de The third side of the river, cliquez.

La suite de la compétition était aussi latina et très attendu, avec un film de celle qui a remporté l’Ours d’or en 2009 pour The milk of sorrow (Fausta) : Claudia Llosa. Ambitieuse histoire de chamanisme arctique, Aloft avait, pour pimenter nos attentes, un bien beau casting dans son escarcelle : Jennifer Connolly, Mélanie Laurent et le délicieux Cillian Murphy. Avec un label très “indie”, pour la seule réalisatrice péruvienne à avoir obtenu un prix international comme l’Ours et qui a commencé en 2006 à Sundance, avec un film au titre prémonitoire Made in USA. Mais Claudia Llosa a eu beau filmer à grands coups de caméra floutée les profondeurs du très grand nord, les mystères de l’art-thérapie, la naissance d’un cochon et l’envol des faucons, la prétention de son film, ses dialogues fats, l’artificialité des scènes de sexe et de cris et surtout le manque de vraisemblance ou d’intérêt de l’intrigue nous laissent penser qu’il fallait peut-être être un peu drogué pour apprécier les images bleutées et les yeux revolvers en gros plans que propose la réalisatrice en guise de spiritualité. Cerise sur le désastre? Une Mélanie Laurent en surjeu constant, et qui conduit sa voiture dans la neige au son du “Vent nous portera” de Noire Désir. Si Claudia Llosa a vu Je vais bien, ne t’en fais pas, cela ne suffira pas renouveler le miracle de l’Ours.

Pour lire notre critique de Aloft, cliquez

Heureusement Connelly et Laurent étaient divinement bien habillées à la conférence de presse, l’une dans une robe noire incrustées d’étoiles et l’autre en ballerine moderne, en robe voile et tissus d’un blanc immaculé. Cela a un peu fait passer la pilule d’inepties existentialo-pseudo-profondes de cet exécrable film.

C’est sur cette note sombre que nous avons quitté Berlin, bien tristes de rater, entre autres, le polar chinois Black coal, Thin ice et en plein de la thématique “sacrifice d’Isaac” de cette cuvée 2014, Boyhood de Richard Linklater.

Mais vous aurez droit, ce vendredi, comme chaque année aux pronostics très éclairés et toujours très drôles d’Olivia, avant que nous ne découvrions ensemble le palmarès d’un Festival, dont les films de la compétition que nous avons pu voir nous ont souvent déçues, mais où nous avons pu piocher de belles perles, hors des limites de cette compétition. A l’an prochain Berlin! Nous y avons belle et  bien laissé une valise pleine de pellicules à voir et à revoir.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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