
Les finalistes du Goncourt 2015 : Une sélection orientaliste qui entérine l’idée d’un prix passéiste
Réunis dans l’enceinte très symbolique du Bardo, les académiciens ont dévoilé la short list du Goncourt. Le favori Boualem Sansal se voit disqualifié.
Avec pour quatre romans finalistes, une rêverie sur Racine et sa princesse de Judée répudiée (Nathalie Azoulai pour Titus n’aimait pas Bérénice chez POL), l’étal glorieux des savoirs d’un orientaliste installé à Vienne, ville représentée comme porte de l’Orient, (Mathias Enard pour Boussole chez Actes Sud), une intrigue politique qui se passe au Maghreb colonisé en 1922 (Hédi Kaddour pour Les Prépondérants chez Gallimard) et les souvenirs romancés à la Lawrence Durrell de sa jeunesse en Egypte par l’ethnopsychiatre Tobie Nathan pour Ce pays qui te ressemble (Stock), il n’est pas peu de dire que ce prix Goncourt a un goût d’Orient.
De là à dire que que le jury a fait des choix de textes plein de fantasmes orientalistes sur l’Afrique du Nord, il n’y a qu’un pas…
Il est vrai que depuis 2011 et le couronnement de l’Art Français de la guerre d’Alexis Jenni qui était une l’épopée glorifiant la guerre, du maquis aux colonies, tous les prix Goncourt parlent d’Histoire (La Grande Guerre avec Au-Revoir là-haut, La Guerre d’Espagne dans Pas pleurer, la Chute de de Rome et la décadence d’un village Corse dans Le sermon sur la Chute de Rome avec un joli français et une nostalgie poétique ou gouailleuse. Dans tous les cas, on sent que l’Empire touche a sa fin et on le regrette. La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq était probablement le dernier Goncourt qui primait un regard original sur notre présent.
Même si littérairement le Nathalie Azoulai est probablement le roman le plus fort, pour tout ce qu’il représente, Tobie Nathan est probablement le grand favori de cette shortlist.
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