Agora 2011 invite à franchir le mur du son
Autrefois presque chasse gardée d’une poignée de puristes amateurs réunis, presque en cachette, début juin dans les coursives souterraines de l’Ircam, le festival de création contemporaine Agora sort depuis quelques années de sa caverne et nous livre ces belles images et matières sonores dans des lieux parisiens multiples. Osez franchir le mur du son du 8 au 18 juin 2011.
Cette année, certains événements d’Agora se tiendront à la Gaîté Lyrique, au Grand Palais, à l’Opéra Comique, au 104, à la Cité de la Musique, à l’Eglise Saint-Eustache ou encore au Fresnoy-Studio de Tourcoing. Les trois premiers concerts de ce festival auront lieu à l’Espace de Projection de l’Ircam. Cette large empreinte est à l’image de l’étendue des collaborations que les compositeurs en résidence ou sélectionnés par l’institut développent désormais avec des artistes d’autres disciplines.
Cette croisée des chemins donne naissance à l’installation « Tripwire », oeuvre de la compositrice américaine Ashley Fure et du vidéaste français Jean-Michel Albert, la chorégraphie « Les temps tiraillés » de Myriam Gourfink, danse les notes de Georg Friedrich Haas dans le cadre inédit de l’installation « Leviathan » d’Anish Kapoor au Grand Palais et aussi l’installation ludique « Urban Musical Game » qui occupera l’espace de la place Igor Stravinsky du 17 au 26 juin.
Quelle conjonction entre intuition mathématique et intuition artistique, logique et imagination, vision et exactitude ? Cette question, qui traverse l’histoire de la pensée et de la créativité, tend le festival Agora 2011.
La création moderne a très souvent croisé les outils mathématiques de son temps théorie des ensembles, musique formelle, musique aléatoire, influence de Poincaré sur les cubistes, programmes incompressibles, l’incalculable et l’irréductible. L’Art inspire lui aussi les mathématiciens.
La créativité en musique et en mathématiques, sujet fondamental s’il en est donnera lieu à une série de rencontres et débats. Certaines d’entre elles seront données dans le cadre de l’exposition Mathématique et Arts du Palais de la Découverte. Y participeront des personnalités telles que Alain Badiou, Pierre Boulez, Alain Connes, Jean-Marc Levy-Leblond, Jean-Claude Risset…
Stockhausen s’impose évidemment en maître de la frénésie computationnelle et de l’intuition visionnaire. Il ouvre et parcourt chaque voie jusqu’à son épuisement, musique électronique dans l’espace, opéra, écriture de l’ordre absolu, liberté de la musique intuitive, son œuvre est prospective et archétype. Au cœur d’Agora et dans plusieurs espaces parisiens, les moments de Klang, ultime cycle resté inachevé de Stockhausen, viendront épeler une dernière fois l’unité de la totalité sensible sur la scène du monde.
Luna Park de Georges Aperghis ouvrira le bal à l’Ircam comme théorème de cette nouvelle aventure aux frontières du théâtre et de la musique et des arts plastiques. La tentative d’égalité entre le monde réel et des mondes virtuels, met en scène des voix humaines et de synthèse soumises à des situations incongrues ou inespérées. Reformulées par plusieurs générations d’artistes et autant d’esthétiques différentes, les narrations labyrinthiques de Berio (A-Ronne), l’espace pulvérisé du jeune Lindberg (Kraft), l’espace immersif d’Ivan Fedele, cette interrogation radicale invite à tous les débordements expressifs et mathématiques.
Re Orso, la création du talentueux Marco Stroppa initialement prévue le 9 juin est repoussée à mai 2012 afin d’offrir au compositeur plus de temps pour mener son projet à maturité.
N’ayez pas peur de vos contemporains, laissez-vous guider par la musique, virevoltez entre les sons et découvrez l’inimaginable.
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