Arts
Clay Apenouvon à la 110 Galerie Véronique Rieffel à Paris

Clay Apenouvon à la 110 Galerie Véronique Rieffel à Paris

23 July 2023 | PAR Christophe Dard

Au cœur d’un nouvel espace pluridisciplinaire de 300 mètres carrés situé rue Saint-Honoré, la galerie propose jusqu’au 29 juillet 2023 une exposition inaugurale consacrée à l’artiste plasticien togolais et intitulée « Noir Total ».

 

Clay Apenouvon, Carré de survie V., 315 x 320 x 45 cm

 

L’art est une diaspora qui essaime sur tous les continents et pour Véronique Rieffel, entre la Côte d’Ivoire et la France, les nombreux kilomètres se sont réduits à quelques pas, rappelant que la création n’a pas besoin de visa pour s’exporter et les frontières ne sont plus que des chimères. C’est en effet depuis le pays africain que Véronique Rieffel, directrice artistique, galeriste, commissaire d’exposition, critique d’art et programmatrice culturelle spécialiste des arts du Moyen-Orient et d’Afrique, a créée une galerie nomade à Abidjan, en 2019. Quatre ans plus tard, l’ancienne directrice de l’Institut des cultures d’Islam et de l’Institut français d’Alexandrie en Égypte, décide de fonder un lieu à Paris pour permettre aux artistes qu’elle suit depuis longtemps de bénéficier d’un rayonnement international plus conséquent.

 

© Galerie 110 Véronique Rieffel

 

Pour inaugurer ce nouvel espace, dont l’objectif est de proposer dix expositions par an, Clay Apenouvon est à l’honneur. Né à Lomé, capitale du Togo, l’artiste de 53 ans vous séduit immédiatement par sa bonne humeur, son empathie, sa malice, ses brillantes tirades sur l’art et cette sagesse qui sied aux épris de liberté et de curiosité. Entre figuration et abstraction, Clay Apenouvon utilise la couleur noire comme assise à son travail, dans le sillage de l’un de ses artistes préférés dont il revendique l’héritage, Pierre Soulages.
Mais contrairement à la plupart des œuvres du maître de l’« outrenoir », la couleur se pare d’or, d’une couverture de survie ou d’un emballage plastique, ce qui vaut à Clay Apenouvon d’être surnommé à juste titre le « Christo africain ». Le noir prend alors une dimension plus importante car il devient secret et se nimbe d’une forme de mystère inscrit dans une démarche durable car les matériaux utilisés ont vocation à se réincarner, à être réemployés. Par cette approche, Clay Apenouvon porte ainsi un regard inquiet sur l’avenir précaire de notre planète.

 

© Galerie 110 Véronique Rieffel

 

Chaque oeuvre étant comme il le précise « un fragment de son discours », Clay Apenouvon s’engage aussi à évoquer d’autres tragédies que la mondialisation, en harpie déchaînée, met sur le dos de l’humanité. Ainsi, son travail aborde le terrible sort des migrants qu’aucun soleil ne veut accueillir et qui, dans le flou de l’horizon, ne semblent entrevoir que le drame futur, le chavirement de leur embarcation ou le rejet d’une terre d’accueil.
Clay Apenouvon est engagé depuis longtemps en faveur de la défense de l’identité africaine. Son prénom est le même que le patronyme de Mohamed Ali, très apprécié par ses parents. Fasciné par les combats du boxeur, ceux livrés autant sur le ring qu’au quotidien face au racisme et aux injustices, Clay Apenouvon propose dans l’exposition la série Un noir à l’ombre, à la fois autoportrait et hommage à Mohamed Ali. 

 

© Galerie 110 Véronique Rieffel

Sur le ring, qu’il soit coq, poids plume ou puncheur, il esquive les coups de son adversaire, ceux du destin qu’il met en coupes réglées et dans le visage duquel il lance l’uppercut fatal, celui qui lui permet de s’imposer non pas uniquement en tant que champion dont le monde apprend à prononcer le nom mais comme un homme debout, fier de ses racines et de son identité. Ses poings levés en signe de victoire portent haut dans le ciel l’espoir de l’émancipation. L’exposition « Noir Total » n’est pas que la représentation et l’instrumentalisation d’une couleur mais la revendication d’une appartenance à une civilisation que l’Histoire n’a pas oublié mais que les hommes occultent trop souvent, par ignorance et préjugé.
Les œuvres de Clay Apenouvon sont imprégnées d’un pouvoir presque chamanique. Ce sont des remparts aux mauvais sorts, des totems qui conjurent les malheurs les plus malsains. A la fragilité intrinsèque de l’être, le travail de Clay Apenouvon répond par le courage et la détermination.

 

© Galerie 110 Véronique Rieffel

 

Le 110, une table et un bar… secret

Après l’exposition, votre découverte du 110 Honoré ne s’arrête pas là. Vous pouvez profiter de la Table du 110. La cheffe Ève Maillé propose une cuisine simple, saine, bio et avec des produits de saison. Le végétarien et le sans gluten sont mis à l’honneur.

 

Le 110 Secret vous attend!

 

Un bar, le 110 Secret, est également ouvert. Il accueillera bientôt de l’œnologie, des rencontres musicales, artistiques et littéraires. En attendant, il propose l’exposition « Brèche » de l’artiste Sandrine Expilly, une série de photographies présentant le 110 Honoré avant les travaux. D’ailleurs, Pourquoi ce bar est “secret” ? Car il est accessible par de petits escaliers dans des caves voûtées du XVIIe siècle, un espace on ne peut plus intime et pensé comme un trait d’union entre la Galerie et la Table.

 

L’escalier vous conduit à la Table du 110

Le 110 Honoré est doté également d’une salle proposant des séances de yoga (dispensés par Marie Valogne les mercredis et les vendredis de 12h à 13h) et des ateliers de pratiques artistiques. Parallèlement à la programmation au sein de la galerie, une collection de livres d’art en lien avec les artistes représentés par Véronique Rieffel sera bientôt lancée… Le 110 Honoré a tout pour éveiller tous vos sens et devenir un lieu incontournable de la vie culturelle parisienne !

Christophe Dard

INFORMATIONS PRATIQUES :
Clay Apenouvon , « Noir Total »
Jusqu’au 29 juillet 2023
110 Galerie Véronique Rieffel
110 rue Saint Honoré 75001 Paris
Ouverte du mardi au samedi de 11h à 19h

La Table du 110
Ouverte du mardi au vendredi de 12h à 15h (ouverture en soirée, en fonction de la programmation du 110 Honoré)

Verbier Festival fête ses 30 ans
La maison des histoires à Paris, ni musée ni librairie, plutôt musée à jouer
Avatar photo
Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration