Livres
Le photographe et esthète Yang Yong à découvrir dans un petit portfolio aux éditions Thircuir

Le photographe et esthète Yang Yong à découvrir dans un petit portfolio aux éditions Thircuir

07 June 2012 | PAR Kylhian Hildebert

Les éditions Thircuir sont une jeune maison d’édition créée en 2011 par deux français résidant à Pekin depuis six ans. Elle a pour objectif de développer une nouvelle vision sur la Chine contemporaine, notamment à travers cette collection de photographies en format poche qui permet de découvrir certains des photographes chinois les plus importants à l’heure actuelle. Parmi les cinq premiers livres à être disponibles se trouve l’ouvrage sur Yang Yong, dont les photos sont d’une composition et d’un esthétisme particulièrement soignés…

 

Né en 1975, Yang Yong étudie la peinture à l’académie des Beaux-arts du Sichuan d’où il sort diplômé en 1995. Dans ses clichés on retrouve cette approche picturale qu’il a longtemps étudiée ; contrairement à beaucoup de photographes contemporains (notamment dans la publicité) il ne mitraille pas sans arrêt espérant trouver le cliché parfait. Il compose, lentement, méticuleusement, avec pour tout appareil un hasselblad et en utilisant des pellicules ; il fait donc partie de ces merveilleux irréductibles à ne pas utiliser la photographie numérique, tels que Raymond Depardon ou encore Gregory Crewdson.

L’allusion à Gregory Crewdson n’est pas uniquement informative. En effet, ce dernier cherche à recréer des scènes de films, parfois de la vie quotidienne. Regarder une photo de Crewdson c’est avoir un instantané sur un film de David Lynch ou une reproduction d’un tableau d’Edward Hopper ; Yang Yong lui, met en scène la banalité et on pense cette fois à Wong Kar-Wai ou plus assurément à Hou Hsiao-hsien et son sublime Millennium Mambo. La comparaison s’arrête là, dans la reproduction d’une scène de vie et le travail méticuleux qui est effectué en amont du déclenchement. Des photos de Yang Yong se dégage un puissant réalisme ; de celles de Crewdson une atmosphère ostensiblement artificielle.

Lui d’ailleurs ne se considère pas comme un photographe, mais comme un artiste conceptuel. Ses photographies représentent la jeune génération chinoise, perdue dans l’immensité de la métropole. Quasi-exclusivement des jeunes femmes, d’une beauté et d’une fraîcheur saisissantes, photographiées au crépuscule ; sans repères. A l’heure où, des métropoles chinoises, nous n’avons plus que des images de pollution et de nouveaux businessmen, chez Yang Yong, rien de tout cela ; seulement des rues désertes, avec des jeunes qui arpentent inlassablement la ville, cherchant leur place dans la société, cherchant à combler un vide, un ennui latent.

C’est visuellement très réussi, voilà un coloriste à suivre dont les monographies disponibles en français étaient à ce jour inexistantes.

Ray Bradbury décédé : la science-fiction en deuil
[Live-Report] : Raissa Lahcine chante ses bulles de vie au Sentier des Halles (06/06/2012)
Kylhian Hildebert

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration