Fictions
“La Famille Martin” : retour à l’ordinaire pour David Foenkinos

“La Famille Martin” : retour à l’ordinaire pour David Foenkinos

27 November 2020 | PAR Alice Martinot-Lagarde

L’écrivain David Foenkinos, récompensé du prix Renaudot et du Goncourt des lycéens en 2014 avec Charlotte, se confronte à l’ordinaire dans un nouveau livre publié cet automne chez Gallimard, La Famille Martin, un roman au parti pris intriguant mais qui manque un peu de saveur. 

La plus grande peur de l’écrivain est bien celle du syndrome de la page blanche, d’autant plus si l’on est un auteur à succès. David Foenkinos est en manque d’idées. Il ne trouve plus dans l’imaginaire de quoi faire vivre sa passion : raconter des histoires. Quoi de mieux alors que de retourner au réel ? Il descend donc dans la rue, se mettant au défi d’y trouver ses futurs personnages. La stratégie est simple : la première personne qu’il rencontrera sera le héros ou l’héroïne de son prochain roman. C’est ainsi qu’il rencontre Madeleine et sa fille Valérie et commence à écrire sur la famille Martin. 

L’écrivain quitte ainsi le romanesque pour se confronter à l’ordinaire. En tous cas, c’est ainsi qu’il se met en scène, car la question que l’on se pose en premier est bien celle de savoir si tout cela est vrai ou non. Est-il réellement descendu dans la rue pour trouver le personnage de son prochain livre ? La famille Martin existe-t-elle ? Mais finalement peu importe, David Foenkinos s’amuse justement de cette ambiguïté entre la fiction et la réalité, se plaçant à la fois comme observateur et comme personnage principal du récit. Le parti pris est audacieux et il tient à aller jusqu’au bout de son idée, persuadé que toute histoire peut être intéressant à raconter. 

Reste à convaincre le lecteur… Dans un premier temps, il touche du doigt un aspect intéressant de la fiction, celui de réussir à faire croire au réel tout en ayant, pour son récit, une infinité de possibilités qui vont justement bien au-delà, de même qu’un contrôle qui rend l’écrivain maître de son intrigue. Nous dire d’emblée que tout est vrai, une réalité fatale qui pourrait bien être le notre, vient peut-être gâcher la magie. Mais l’homme est de nature curieuse et voyeuriste, l’auteur en a conscience et nous autorise ici à s’adonner pleinement à ce regard indiscret. On continue donc notre lecture vigoureusement mais sans trouver le sentiment satisfaisant de l’histoire palpitante révélée au grand jour pour, en fin de compte, quelque peu s’ennuyer. On retrouve David Foenkinos, le style léger, les formulations bien trouvées et les touches d’humour qui rendent son écriture plaisante, mais le récit n’est pas à la hauteur. Il manque finalement les couleurs du romanesque et de l’illusion.

 

David Foenkinos, La famille Martin, éditions Gallimard, 2020. 

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Alice Martinot-Lagarde

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