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Geneviève Albert : “Noémie dit oui n’est pas un film autobiographique” (Interview)

Geneviève Albert : “Noémie dit oui n’est pas un film autobiographique” (Interview)

27 April 2023 | PAR Kevin Sonsa-Kini

Noémie dit oui est le premier long-métrage de la réalisatrice québécoise Geneviève Albert, en salles depuis le 26 avril 2023. Cette fiction raconte les aventures d’une jeune adolescente fougueuse prénommée Noémie qui, à la demande de son petit ami Zach, se voit obligée de se prostituer pour gagner une certaine somme d’argent. Un rôle joué à la perfection par la jeune actrice Kelly Depeault. Ce film a remporté une Mention Spéciale au Festival du film francophone d’Angoulême 2022 et s’est vu décerner le Prix Valois 2022 des Etudiants Francophones.  À l’occasion de la sortie du film, Geneviève Albert, fraîchement venue de Montréal à Paris, a accordé une interview à Toute la Culture. 

Toute la Culture : Vous signez votre premier long-métrage Noémie dit oui. Ce film suit les aventures d’une jeune adolescente de 15 ans, Noémie, qui vit dans un centre de jeunesse. Elle envisage de retourner vivre chez sa mère qui ne souhaite pas la reprendre. Par la suite, Noémie fugue et va rejoindre Léa, sa copine. Elle finit par tomber amoureuse du jeune Zach qui l’incite à se lancer dans la prostitution. En quoi cela vous tenait-il à cœur de faire un film autour de ce sujet-là ? 

Geneviève Albert : La prostitution est une réalité qui me bouleverse énormément et qui suscite mon indignation. Je n’ai jamais compris la transaction qui consiste à acheter quelqu’un pour en disposer sexuellement à sa guise. C’est tout naturellement que la prostitution s’est imposée comme le thème global de mon premier long-métrage. J’ai voulu faire un film très viscéral sur la prostitution parce que je trouve qu’on s’en détourne beaucoup socialement. Beaucoup de personnes ferment les yeux sur la prostitution. C’est une réalité qui est invisible. Et le but de mon film est justement de rendre visible cette réalité afin qu’on essaie de s’imaginer, avec notre propre corps, ce que ça fait d’être prostitué. 

Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvée face à des situations qui vous ont inspirées pour l’écriture du film ? 

Noémie dit oui n’est pas du tout un film autobiographique. Je n’ai pas vécu ce genre d’expérience. Je n’ai ni une mère ni une sœur qui a vécu une expérience de prostituée. Mais pour écrire ce film, j’ai rencontré énormément de jeunes et de femmes qui étaient des prostituées. Tous ces témoignages étaient hyper importants pour écrire ce film. Je voulais être hyper réaliste. Je me suis basée sur leurs propres expériences pour écrire un scénario qui soit le plus proche possible de la réalité. 

Combien de temps il vous a fallu pour l’écriture, le casting et la réalisation de ce film ? 

Faire ce film m’a pris sept ans. Un premier film, c’est toujours difficile à faire aboutir. Il m’a fallu trois, quatre années d’écriture et trois ans de financement. Il fallait que je convainque le public de soutenir mon premier film. Mais je suis très contente d’avoir pu le réaliser. 

Le personnage de Noémie est incarné par la talentueuse Kelly Depeault, jeune actrice de 20 ans. Comment a-t-elle obtenu le rôle ? 

Je ne lui ai pas fait passer un casting, je lui ai offert le rôle. Mon instinct me disait que ça allait être elle qui incarnerait Noémie. C’est une jeune actrice hyper talentueuse. J’aime sa présence. Elle a une profondeur dans le regard et ça, ça m’intéressait beaucoup. Au début, quand elle a lu le scénario, elle a refusé le rôle. Je lui ai expliqué que je n’allais pas la sexualiser et qu’il y aurait très peu de nudité dans le film. La caméra était plutôt tournée vers les clients. Après réflexion, elle a finalement accepté de jouer le rôle de Noémie. 

Qu’a-t-elle ressenti à l’idée de jouer une jeune prostituée ? 

Elle a été choquée par la prostitution des mineures. Elle a su incarner le rôle avec toute son intelligence, toute sa fougue et ses croyances. En revanche, elle a été très marquée par son personnage à la fin du tournage du film. Il y a eu un moment où il fallait qu’elle se détache un peu du film et qu’elle reprenne ses esprits. En tout cas, c’était un vrai défi pour elle ! 

Comment s’est passé le casting ? 

J’ai rencontré énormément d’acteurs et d’actrices pour jouer tous les rôles. Ce fut un long casting. Par exemple, le jeune acteur James-Edward Métayer qui incarne le personnage de Zach (le petit-ami de Noémie) n’avait pas beaucoup d’expérience mais je croyais en son talent. Je percevais chez lui quelque chose qui allait me plaire pour le personnage de Zach. On a beaucoup beaucoup travaillé. J’ai fait beaucoup de répétitions. Je trouve aussi Myriam DeBonville exceptionnelle. Ça a été un gros coup de cœur lors du casting. 

Ce film vous-a-t-il permis d’apprendre davantage de choses sur la prostitution ? 

Oui ! C’est vrai que je m’étais plongée dans toutes sortes d’articles, de livres… J’avais même rencontré des professionnels qui travaillent de près ou de loin avec les personnes prostituées. Donc, oui, j’ai beaucoup appris sur le milieu aussi grâce aux nombreux témoignages que j’ai reçus. 

Pensez-vous que ce film aidera à changer le regard ou à mettre plus en lumière le phénomène ? 

Je pense et je l’espère. J’ai fait ce film en espérant que ça crée une onde de choc et que ça fasse réfléchir les gens sur cette réalité hyper sombre et sur laquelle il est temps qu’on cesse de fermer les yeux. 

Image en une : © Dariane Sanche. 

Noémie dit oui, film de Geneviève Albert, Wayna Pitch, 113 minutes avec Kelly Depeault (Noémie), James-Edward Métayer (Zach), Emi Chicoine (Léa), Myriam DeBonville (Edith, la mère de Noémie) et Maxime Gibault (Slim). 

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Kevin Sonsa-Kini

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