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Decès de la poétesse polonaise Wislawa Szymborska

Decès de la poétesse polonaise Wislawa Szymborska

03 February 2012 | PAR Yaël Hirsch

Prix Nobel de poésie en 1996, la poétesse s’est éteinte à l’âge de 88 ans, mercredi 1ier février. Elle est morte d’un cancer des poumons. La Pologne rend hommage à l’une de ses plumes les plus vibrantes.

Née à Bnin près de Pozna?, à l’Ouest du pays, elle a fait ses études à Cracovie qu’elle n’a plus quittée jusqu’à sa mort. Encartée au parti communiste après la guerre (elle y reste jusqu’en 1966), Wis?awa Szymborska suit un temps le réalisme soviétique de rigueur avant de prendre ces distances avec cette esthétique. Loin de toute politique, Wis?awa Szymborska proposait des poèmes aux pensées complexes mais au style simple, ironique et quotidien. Dans son discours de réception du prix Nobel, elle explique les dessous de son art à la fois charmant, juste et mordant : pour elle, toute vie, même la plus banale était étonnante. Traductrice de poètes baroques français comme Agrippa d’Aubigné, auteure d’une vingtaine de recueils, la poétesse aurait inspiré par son poème “L’amour au premier regard” le dernier volet de la trilogie de Kieslowski : “Rouge” (pour entendre la composition de Zbigniew Preisner et la voix de JL Murat, c’est plus bas).

En apprenant la mort de la femme de lettres, partie de manière apaisée, dans son sommeil, d’après son assistant, Le ministre des affaires étrangères polonais a twitté : “Une perte irréparable pour la culture polonaise”. Le ministre de la culture polonaise, Bogdan Zdrojewski, a vanté la modestie de la poétesse et sa manière de mettre en avant la sphère privée  : “Elle avait de la profondeur et était authentique”.

“Il y a eu des poignées
des sonnettes où sur la trace d’une main
une autre s’imprimera
des valises côte à côte à la consigne
et peut être une nuit un même rêve
dès le réveil au matin effacé

Mais tout commencement
n’est qu’une suite
le livre du destin toujours ouvert
au milieu”

Extrait de “L’amour au premier regard”.

« Le poète du XXè siècle est un enfant que des adultes initiés et exceptionnellement cruels entraînent au respect des faits bruts […] Après nous subsiste un ‘murmure interrompu’ et un ‘rire qui bientôt se tait’. »

Czeslaw Milosz commentant l’art poétique de Wis?awa Szymborska dans son “Témoignage de la Poésie” (1983).

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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