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“Les De(ux)mains du Luxe” à la station F par le Comité Colbert : “sans transmission, il n’y a pas de tradition”

“Les De(ux)mains du Luxe” à la station F par le Comité Colbert : “sans transmission, il n’y a pas de tradition”

12 December 2022 | PAR Cloe Assire

Créer des vocations : tel fut le leitmotiv de ces 10, 11 et 12 décembre, où tout un chacun – et en particulier les jeunes en âge de s’orienter – pouvait découvrir les métiers du luxe et leurs formations en s’initiant à des savoir-faire d’exception au cœur de la Station F à Paris. Un évènement aussi ludique qu’instructif mis en place par le Comité Colbert, association chargée de promouvoir le luxe français à l’international depuis 1954. La rédaction y a donc participé ce dimanche pour (re)découvrir des métiers fascinants mais aussi essayer de comprendre les enjeux d’avenir de ces rencontres en échangeant avec des étudiants post-Bac, des lycéens et collégiens ainsi qu’avec une vingtaine de maisons de luxe et une dizaine de formations en métiers d’art.

Former et transmettre des savoir-faire pour garantir leur pérennité

Si le secteur du luxe est en forte croissance, et que le luxe à la française suggère une réindustrialisation progressive de l’Hexagone, recruter des artisans est souvent bien difficile par manque de qualifications techniques. Le travail de la main se transmet en effet d’Homme à Homme et il devient urgent de former de futurs employés. D’une part en vue de répondre au rythme croissant de production imposé par la demande actuelle et d’autre part de relever le challenge de la transmission des savoir-faire afin que ceux-ci perdurent dans le temps. L’enjeu est donc de taille et “Les De(ux)mains du Luxe” le prouvent !

Face à ce besoin de main-d’œuvre des entreprises, l’Ecole Boulle présentait sa formation en joaillerie tandis que le Lycée Octave Feuillet (Lycée des métiers d’art et de la mode) remettait sur le devant de la scène des savoir-faire comme la plumasserie ou encore la création de fleurs artificielles notamment grâce à la technique du gaufrage, conduisant à des débouchés dans la Haute Couture ou dans le secteur du spectacle. Il était également possible de participer à des ateliers de laque avec des étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Arts (ENSAMAA-Oliviers de Serre).

Mais ce n’est pas tout : notons que nombreuses sont désormais les maisons à former elles-mêmes leurs futurs employés. Par exemple, LVMH présentait par le biais de casques à réalité virtuelle les programmes de son Institut des Métiers d’Excellence. Van Cleef & Arpels proposait de son côté un atelier de sculpture sur cire pour valoriser son École des Arts Joailliers tandis que Cartier mettait l’accent sur la modélisation 3D et le prototypage pour présenter ses programmes mis en place avec la Haute École de Joaillerie. Les maisons de joaillerie ont en effet toutes souligné leur besoin de nouveaux venus maîtrisant les techniques de l’enfilage, du polissage ou encore du sertissage.

Zoom sur l’Ecole Hermès des savoir-faire

La marque Hermès a quant à elle créé l’Ecole Hermès des Savoir-Faire dont la directrice, Carine Thiollay, était l’invitée d’une conférence présentant les parcours de formation possible chez Hermès. Entourée d’Alain Touche, responsable formation, et de Paul Del Bianco, jeune sellier maroquinier de 24 ans, elle soulignait que “sans transmission, il n’y a pas de tradition : l’humain est au cœur des métiers que nous cherchons à préserver”. Aucun prérequis n’est demandé et les étudiants sont ainsi sélectionnés selon leur aptitudes manuelles, leur précision, leur patience, leur concentration ou encore selon leur capacité à travailler en équipe. Pour Paul Del Bianco, faire un métier artisanal entraîne “une importante valorisation de soi, avec la satisfaction d’un travail concret et bien-fait. Chez Hermès, 1 artisan = 1 sac, sac que l’on réparera peut-être dans plusieurs générations. Aujourd’hui, la traçabilité et la durabilité du produit sont cruciales et je suis fier de porter ces valeurs.” De son côté, Alain Touche met l’accent sur l’évolution du secteur de la maroquinerie : “Hermès a embauché 830 artisans en 2022 et prévoit d’en embaucher de nouveau 950 en 2023. Former est bel et bien un enjeu majeur pour notre secteur d’autant qu’il faudrait au sein des ateliers 50% de jeunes et 50% d’employés en fin de carrière. La place des femmes quant à elle a bien évolué dans ce secteur : aujourd’hui on en compte 76% dans les ateliers de maroquinerie Hermès contre 20% seulement en 1980.”

Une mission : susciter des vocations

D’autres marques, ne proposant pas de formation via un organisme mais plutôt par le biais de stage ou de contrat d’alternance, présentaient leurs corps de métiers en vue de – qui sait ? – faire rêver et donner naissance à de nouveaux parcours professionnels. Simon Bienvenu pour Lenôtre proposait ainsi aux visiteurs de mettre la main à la pâte avec un atelier de création de pâtisseries tandis que le groupe Yannick Alleno avait mis en place une dégustation de tartelettes de purée de pané et racines garnies d’une brunoise, d’une gelée et d’un miso de topinambour, le tout recouvert d’une émulsion de verjus. Délicieux ! Notons que pour les représentants du groupe, les métiers de la gastronomie auraient de plus en plus le vent en houppe, notamment auprès des jeunes, grâce aux nombreuses émissions télévisées valorisant ce secteur à l’image de MasterChef ou de TopChef.

Dans la même veine collaborative, la marque Léonard proposait un atelier de création de motifs à l’encre, la maison Lesage une initiation à la broderie, tandis que Louboutin mettait l’accent sur les techniques de réparation de ses emblématiques souliers à la semelle rouge. Il était également possible d’assembler des panneaux de dentelle noire chez Chanel et de voir les différentes étapes de fabrication du sac 2.55 avec les Ateliers de Verneuil-en-Halatte comportant 440 artisans. Impossible de passer à côté de l’exercice de doreur imaginé par Christofle ou de la peinture sur porcelaine de Limoges proposée par Bernardaud. Rien de tel pour assouvir notre curiosité !

Et dire que tous ces workshops présentaient seulement une partie de tous les métiers d’art faisant partie intégrante du patrimoine français ! Il n’y a plus qu’à trouver chaussure à son pied en choisissant le bon métier ! Et il semblerait que les nouvelles générations – mais pas que ! – soient prêtes à les conserver au vue de leur enthousiasme au cours de cet événement. Pari réussi pour le Comité Colbert garantissant bel et bien les de(ux)mains du luxe à la française.

Crédits : @Cloé Assire 

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Cloe Assire

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