« Lost lost lost » sur Tenk : se perdre dans New York avec Jonas Mekas… et s’y retrouver !
La plateforme du cinéma documentaire Tënk propose dès demain à ses abonnés le film Lost lost lost de Jonas Mekas. Un journal filmique qui retrace les premières années new-yorkaises de l’artiste lituanien.
Entre nostalgie et humour
Artiste lituanien réfugié aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, Jonas Mekas n’a eu de cesse de filmer, à raison de quelques minutes par jour, sa vie dans une ville étrange et de lui inconnue, New York. Ce sont ces images, prises avec la régularité d’un diariste, que son film Lost lost lost nous donne à voir. Se déroule ainsi un long documentaire de trois heures, séquencé en six égales parties qui rendent compte avec distance et nostalgie de l’intégration progressive de l’émigrant.
Si la première partie est emprunte de la nostalgie et de la douleur de l’exilé, filmant avec une acuité particulière la communauté lituanienne de New York, les suivantes se font plus légères et accordent une large place à l’humour. Si le réalisateur, souvent, cherche sa place, il paraît, dès ce film, la trouver, grâce à une autre communauté, celle des artistes de la contre-culture.
New York comme personnage principal
Le parcours autobiographique que nous suivons nous conduit en effet auprès de Dali, mais aussi Allen Ginsberg ou Robert Frank. Nous assistons ainsi en privilégiés à des répétitions du Living theatre, dont Jonas Mekas tournera en 1964 The Brig. Cette immixtion dans la vie culturelle new-yorkaise nous invite à considérer Lost lost lost autant comme un hymne à la Grosse Pomme que comme un journal intime, le chemin du cinéaste rejoignant progressivement celui de la ville qui ne dort jamais.
Ce film expérimental, qui exhibe la modicité de ses moyens, alterne les images muettes aux parlantes, le noir et blanc à la couleur. Ce changement d’univers se fait sans solution de continuité, avec la simplicité des moyens du bord. La voix off qui commente certaines images fait la part belle à l’anaphore, figure de l’errance, quand la musique accorde une large place aux compositions d’exilés, comme celles écrites par Chopin à Paris.
Jonas Mekas, qui fut l’assistant de Andy Warhol sur le célèbre Empire, nous livre ici un témoignage sobre et captivant.
Lost lost lost regroupe des images tournées entre 1949 et 1963 et montées en 1976. Il est visible sur Tënk du 29 juillet au 24 septembre.
Visuel : affiche du film