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75e Festival de Cannes : les nouveaux films ajoutés dans la sélection

75e Festival de Cannes : les nouveaux films ajoutés dans la sélection

22 April 2022 | PAR Geoffrey Nabavian

Comme chaque année, quelques œuvres programmées pour être montrées pendant le Festival de Cannes sont annoncées un peu après la conférence de presse inaugurale de l’édition. Cette fois, ce sont dix-sept titres qui rejoignent la programmation.

L’édition 2022 du Festival de Cannes continue d’élargir son prometteur horizon, via l’ajout de dix-sept titres au sein de sa programmation. Des œuvres dont on espère qu’elles sauront ouvrir de nouvelles perspectives humaines et artistiques, à la manière de celles proposées en 1998 par le film choisi pour figurer sur l’affiche officielle de cette soixante-quinzième édition, conçue par Hartland VillaThe Truman Show. Un classique contemporain – assez éloigné, en termes d’époque, des motifs et photos choisis pour les éditions 2017, 2018 et 2019 – écrit par Andrew Niccol et réalisé par Peter Weir, assez prémonitoire et servi par l’interprétation magistrale de Jim Carrey. Et une affiche qui veut inviter à aller toucher du doigt, au plus près, l’horizon actuel du monde, pour voir son lot de beautés mais aussi de périls tragiques. Elle représente par ailleurs peut-être, par ailleurs, sur un plan strictement artistique, la fin de quelque chose, ou une sorte de fin de cycle, au moment où l’interprète de l’inoubliable Truman a avancé qu’il ne jouerait peut-être plus.

Trois prétendants en plus pour la Palme d’or

Toujours est-il qu’entre le 17 et le 28 mai, les productions vont se succéder à Cannes pour tenter de faire rêver, ou de confronter de façon ouverte à des réalités difficiles. Pour commencer, trois films supplémentaires sont en lice pour gagner la Palme d’or. On se réjouit de retrouver au sein de ce trio la nouvelle œuvre du génie espagnol Albert Serra, Tourment sur les îles. Un homme déjà signataire, entre autres, de cinq éblouissements : Honor de cavalleria, centré sur Don Quichotte, Le Chant des oiseaux, attaché aux pas des Rois Mages, Histoire de ma mort, consacré à Giacomo Casanova, La Mort de Louis XIV avec en vedette Jean-Pierre Léaud, et Liberté, orgie dans une forêt menée par des libertins sadiques. Cette fois, il pose son œil de réalisateur sur Tahiti, et suit un Haut-Commissaire français hanté par la population qu’il doit veiller, et par la menace d’essais nucléaires. Avec les présences, a priori merveilleuses, de Benoît Magimel, du magnifique et aérien Marc Susini, et du si charismatique et terrien Sergi Lopez. Une production qui sortira dans les salles françaises distribué par Les Films du Losange.

Egalement en lice dans cette catégorie, le très attendu au tournant Un petit frère de Léonor Serraille, qui gagna la Caméra d’or en 2017 avec Jeune femme, et se penche cette fois sur le destin d’une mère ayant immigré d’Afrique vers la banlieue parisienne avec ses deux garçons, suivie sur plusieurs décennies. Avec pour interprètes Annabelle Lengronne, Stéphane Bak et Ahmed Sylla. Un film qui sortira distribué par Diaphana. Ainsi que Le Otto Montagne, nouveau film du belge Felix Van Groeningen co-réalisé avec Charlotte Vandermeersch, se déroulant en Italie et consacré à une amitié prenant place dans le val d’Aoste.

Au sein d’Un certain regard, Gaspard Ulliel et des réalisatrices croisées par le passé

La section Un certain regard va voir l’un des derniers films tournés par feu Gaspard Ulliel être projeté : Plus que jamais, parcours d’une femme vers la nature norvégienne signée par l’allemande Emily Atef, habituée des sujets peu évidents, tels la dépression post-natale dans L’Etranger en moi, ou l’envie de suicide juvénile dans Tue-moi. Un film qui a la particularité d’avoir Vicky Krieps dans son rôle central – Vicky Krieps, également présente dans la section Un certain regard avec Corsage, dans lequel elle incarne Sissi – et qui compte aussi, parmi ses acteurs, le splendide Ulrich Tukur. Il sera distribué par Jour2Fête lors de sa sortie en salles en France.

Egalement ajouté, dans le cadre d’Un certain regard, Mediterranean Fever, film palestinien de Maha Haj, réalisatrice déjà vue par le passé dans la même section avec Personal Affairs, s’intéressant cette fois aux rapports entre un dépressif aspirant écrivain et un petit escroc à Haïfa. Par ailleurs, on se réjouit du retour, sous cette bannière cannoise, de Maryam Touzani, remarquée en 2019 avec Adam : cette fois, dans Le Bleu du caftan, elle traite une histoire d’homosexualité dissimulée. Un film qui sortira distribué par Ad Vitam.

Quant au nouveau venu Lotfy Nathan, signataire d’Harka, il s’intéresse, lui, à la jeunesse tunisienne tentant de sortir des difficultés et de la précarité.

Dans le cadre de Cannes Première, Mouret, Moll, et un Serge Bozon comme toujours original

Au sein de la section consacrée aux nouveaux travaux de cinéastes désirant être présents sans être en Compétition, et destinée aussi à accueillir des expérimentations nouvelles, on croise Chronique d’une liaison passagère, le nouveau film d’Emmanuel Mouret, au point de départ dans la lignée de ses dernières réalisations, avec Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain. Un film qui sortira le 14 septembre distribué par Pyramide. Ainsi que La Nuit du 12, le nouveau film de Dominik Moll, avec Bastien Bouillon en policier de la Brigade Criminelle, hanté, comme tous ses confrères, par une affaire précise. Avec également la superbe Anouk Grinberg. Une production qui sera distribuée par Haut et Court.

On se réjouit par ailleurs d’y découvrir la nouvelle réalisation de Serge Bozon, Don Juan, réinterprétation s’annonçant très originale et colorée de la pièce de Molière avec Tahar Rahim, Virginie Efira, et même Alain Chamfort, et des chorégraphies réglées par Christian Rizzo. Un film en salles dès le 23 mai, distribué par ARP Sélection.

Hors Compétition

Pour finir, l’édition 2022 du Festival va aussi donner à découvrir, Hors Compétition, L’Innocent, nouveau film réalisé et encore une fois interprété par Louis Garrel, dans lequel il reprend son personnage de L’Homme fidèle et de La Croisade, et voit cette fois sa mère – fictive – sur le point de se marier avec un homme qui est en prison. Avec encore une fois, Anouk Grinberg. En dehors de la Compétition et dans le cadre d’une Séance de minuit sera également présenté Rebel, du duo belge Adil El Arbi et Billal Fallah, qui furent amenés à diriger Bad Boys for life à Hollywood, et suivent cette fois un jeune écartelé entre sa mère protectrice et son frère délinquant, à la mort de son père. Ainsi que cinq autres films, montrés hors la Compétition et faisant l’objet de séances spéciales : Mi pais imaginario, nouveau documentaire de l’irréductible Patricio Guzman, auscultant le présent de son pays d’origine, le Chili ; Riposte féministe, documentaire sur les colleur.euses réalisé par Marie Perennès et Simon Depardon ; Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, film d’animation constituant un dialogue entre Sempé, Goscinny, et leur personnage dessiné, le Petit Nicolas, réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre ; ainsi que deux longs-métrages aux sujets pouvant s’avérer durs et complexes, The vagabonds, de l’allemande Doroteya Droumeva, consacré à une femme cherchant des partenaires plus jeunes qu’elle, et Restos do vento, du portugais Tiago Guedes, confrontant des jeunes à une tradition païenne dure à affronter.

L’édition 2022 du Festival de Cannes se déroulera entre le 17 et le 28 mai.

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Visuel : © Paramount Pictures Corporation – Jim Carrey, The Truman Show de Peter Weir / Graphisme © Hartland Villa

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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