Expos
Exposition Hip-Hop 360 à la Philharmonie de Paris : exploration(s) urbaine(s)

Exposition Hip-Hop 360 à la Philharmonie de Paris : exploration(s) urbaine(s)

18 January 2022 | PAR Yohan Haddad

Quarante ans après son arrivée en France, la culture Hip-Hop s’expose à la Philharmonie de Paris pour explorer toutes les facettes de son histoire, à travers un parcours interactif riche en substance.

Une révolution musicale

Conçu par une poignée de passionnés comprenant le commissaire d’exposition François Gautret, le journaliste Yérim Sar, l’auteur Vincent Piolet et le réalisateur sonore et programmateur musical Franck Haderer, l’exposition Hip-Hop 360 se présente comme un véritable témoignage. Celui d’une époque qui aura marqué les esprits d’alors comme d’aujourd’hui, montrant l’héritage puissant de cette culture aussi bien par ses transformations que par sa capacité à avoir su s’implanter dans les esprits au fil des années. 

L’exposition propose de remonter là ou tout a commencé, aux débuts du genre, en mettant en avant certains des pionniers du hip-hop américain. On y retrouve notamment les indispensables Sugarhill Gang et Grandmaster Flash and The Furious Five, auteurs de Rapper’s Delight et The Message, deux des plus grands tubes du genre de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Au fil des découvertes, l’exposition laisse entrevoir l’arrivée du hip-hop en France, à travers le New York City Rap Tour, série de concerts du début des années 1980 prenant place dans l’Est de Paris, laissant une empreinte indélébile sur une génération toute entière. Le parcours de l’exposition permet alors au visiteur de dérouler progressivement les époques du rap francophone, de l’ascension de la radio en passant par la démocratisation de l’autotune par Booba, jusqu’aux freestyles testostéronés de Jul sur Skyrock.

Le parcours proposé est d’une richesse incontestable, grâce à l’utilisation de nombreux instruments interactifs permettant de plonger le visiteur dans différentes époques plus ou moins révolues. On y trouve notamment un disque vinyle diffusant en continu une salve de hits des années 1980, mais aussi un système de mixage partiel qui permet d’expérimenter les processus du sampling et du beatmaking. Parmi les autres moments marquants de l’exposition, une salle de projection proposant un retour sur certains clips qui ont marqué l’histoire, de Mafia K’1 Fry et son tube Pour Ceux jusqu’au morceau de 13 Block et Niska Tieks.  Une autre salle présente également l’évolution du freestyle au fil des années, évoquant aussi bien Phil Barney qu’Alpha Wann et Nekfeu, modulable à souhait grâce à un bouton de radio sur une chaîne Hi-Fi (factice). 

Richesses du hip-hop

Si la réussite de cette exposition tient de son exploration musicale, elle est aussi intimement liée à l’exploration de la culture hip-hop sur un spectre large, ne laissant aucun aspect de sa personnalité sur le côté.

Cette idée passe notamment par une histoire complète du graffiti, mise en valeur dans tous les recoins de l’exposition grâce à une série d’oeuvres peintes selon les différentes époques. Une place importante est également accordée au rôle de la télévision et de la radio dans l’émergence de la culture underground, mais aussi à la place du streeetwear et du magasin Ticaret, icône d’une nouvelle façon de s’habiller à une époque où la musique hip-hop en est encore à ses balbutiements. Une galerie de styles en tout genre est mise en avant, avec des looks imaginés par différents créateurs mais aussi par certains rappeurs et rappeuses, illustrés par des mannequins habillés pour l’occasion, ainsi que par des extraits de leur(s) usage(s) dans des clips ou des interviews.

Le 360, salle implanté vers la fin du parcours, reste néanmoins la pièce centrale de l’exposition. Composée d”un écran circulaire, elle diffuse en continu des clips et des images de concerts, de NTM à Lala &ce, emmenant le visiteur directement au sein du contenu visuel. Grâce à un son diffusé lui aussi de manière circulaire, il est possible de s’imaginer au milieu de la fosse d’un Bercy aux côtés de JoeyStarr et de Kool Shen. Ce clou final montre que la culture hip-hop et underground n’est plus seulement l’affaire d’un simple genre musical, c’est l’histoire d’un frisson qui résonne depuis plusieurs décennies, et qui n’est pas prêt de s’arrêter.

Visuel : JoeyStarr dans le studio de l’émission Sky Boss installé dans sa cave (2003)
© Nathanaël Mergui (Nathadread pictures)

Fabrice Papillon : « J’aborde de façon scientifique ce qui peut paraître non scientifique »
“La place d’une autre”, Lyna Khoudri en majestueuse usurpatrice par Aurelia Georges
Yohan Haddad

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration