“L’Amour médecin” : Molière toujours moderne à Aix-en-Provence
Le théâtre du jeu de Paume d’Aix en Provence accueille en ce moment l’Amour médecin, écrite par Molière et mise en scène par Jean-Louis Martinelli. Du jeudi 12 au samedi 21 Janvier, découvrez un spectacle comique et moderne, avec une troupe de comédiens qui vont vous surprendre !
L’Amour médecin réunit deux thèmes récurrents dans le répertoire de Molière : la critique des médecins et des mariages forcés. Elle raconte l’histoire de Sganarelle, un riche bourgeois veuf, qui refuse de marier son unique fille Lucinde. Accablée par cette décision, la jeune femme décide de faire semblant d’être gravement malade, poussant son père à appeler plusieurs médecins. Elle arrive à ses fins en déguisant l’homme qu’elle aime en docteur, avec l’aide de la gouvernante. Celui ci arrive à convaincre le père que le seul remède est le mariage.
Alors que la salle se remplie et que le public s’installe, une dame habillée d’une longue robe classe est installée à côté de la scène. Elle mange une pomme de façon nonchalante, en regardant les gens arriver. Est-ce simplement une comédienne qui se repose ou une action présente dans la pièce ? Sa présence est interpellante, et annonce déjà le ton de la pièce : sans limites.
La première scène capte directement l’attention du spectateur : danse joyeuse et chant en cœur, les comédiens nous plongent dans leur absurdité. L’aspect comique, déjà présent dans le texte de Molière, est renforcé avec les choix du metteur en scène. Les interactions entre les personnages sont pour certaines lunaires, on retient le duo Sganarelle et Lisette (la gouvernante), qui ont provoqués des rires de toute part dans le public. Les gestuelles comiques mêlées aux tons exagérés créent des scènes inlassablement drôles. La critique des médecins de la part de Molière se ressent dans l’image donnée aux médecins : maladroits, bêtes, peu raffinés. Ils sont tournés au ridicule dans toutes leurs apparitions : incompétences médicales, accents exagérés, querelles dénuées de sens. Ils en viennent même à provoquer un “ohh” général dans le public, lorsque l’un d’eux recrache la banane qu’il vient de manger.
La touche de modernité apportée par le metteur en scène contraste avec le texte classique de Molière. La présence de musique actuelle de façon récurrente donne une ambiance légère à la pièce, et nous rapproche de ces paroles d’un autre temps. Jean-Louis Martinelli semble avoir pris beaucoup de libertés, ajoutant des onomatopées ou des expressions de notre époque. Plusieurs références extérieures sont visibles, dont une au film Pulp Fiction. Lorsque le couple fête son mariage, il fait la danse de Thurman et Travolta sur la même musique dans le long métrage. Le spectacle se finit comme il a commencé : de façon dansante et joyeuse. Tous les personnages célèbrent le mariage des deux amoureux, autour du père dépité, affalé sur le banc.
Ce n’est pas la première fois que Jean Louis Martinelli s’empare du texte de Molière. En 2015 il adaptait L’Avare, à la Maison de la Culture d’Amiens, avec cette même touche de modernité et de comique absurde. Les pièces du célèbre dramaturge Français sont depuis plusieurs années adaptées de manière contemporaine, par différents metteurs en scène. En 2014, Christian Schiaretti présentait L’école des femmes, avec une scénographie inattendue et une nouvelle conception des personnages. En ce moment d’ailleurs se joue dom Juan au théâtre du nord à Lille, mise en scène par David Bobée, il y introduit des questionnements modernes dont le rapport de “ce séducteur” aux femmes.
Visuel : © Caroline Bottaro
