Arts
Le flamenco en noir et blanc et en couleur à Nîmes

Le flamenco en noir et blanc et en couleur à Nîmes

19 January 2023 | PAR Nicolas Villodre

Dans le cadre de la 33e édition du festival flamenco de Nîmes, ont été mis en valeur deux formes d’arrêt sur l’image. Hommage a été rendu à René Robert (1936-2022), maître du noir et blanc et de l’argentique, avec un accrochage au théâtre consacré aux figures du cante, du toque et du baile d’un passé récent. En parallèle, s’est tenu, à l’office de tourisme, une expo montrant le travail actuel, en couleur et en numérique, de la talentueuse photographe du festival, Sandy Korzekwa.

Le flamenco vif argent

René Robert est mort tragiquement l’an dernier, jour pour jour, d’hypothermie, après avoir chuté le soir sur le pavé de la rue Turbigo sans qu’aucun passant ne le secoure, la nuit durant. Nous l’avions rencontré maintes fois à Nîmes et avions apprécié se rétrospective, en 2015, au Château de Ladoucette, à Drancy. Plusieurs générations d’artistes, pour partie grâce à lui, ont pu gagner une relative éternité, des seconds couteaux aux grandes pointures. Une des salles du château était vouée à la mémoire du génie de la guitare Paco de Lucia. Le style de René Robert tient à la fois du photo-journalisme (du pris sur le vif) et du portrait d’art (de la science du cadre).

René Robert avait déposé ses négatifs à la BnF. Nous avons regretté que l’établissement public n’ait pas mis à disposition des Nîmois les tirages argentiques que nous avions pu voir à Drancy mais des fichiers numériques qui, agrandis, manquent des nuances de gris faisant tout le charme et la valeur esthétique de cette œuvre singulière. Une réflexion de notre regretté amis, relevée sur un des cartels du Château de Ladoucette, donne une idée du rapport du photographe au flamenco : ” ll m’est apparu alors que seul le noir et blanc avec ses contrastes pouvait rendre ce climat et que les effets photographiques devaient s’effacer devant l’intensité de ces instants magiques.”

La lumière andalouse

Du noir et blanc des années soixante à quatre-vingt, nous sommes passé, avec la jeune Nîmoise Sandy Korzekwa, à la couleur, à l’image digitale, à la capture des expressions et des gestes d’artistes actuels, gravés depuis peu mais qui constitueront, n’en doutons pas, les archives du temps présent ainsi que de l’époque filante. En vingt clichés de format relativement réduit, Sandy Korzekwa parvient non seulement à illustrer la programmation des dernières éditions du festival, qui correspond au passage de relais entre le conseiller artistique Patrick Bellito et Chema Blanco, autrement dit de la période François Noël, mais à faire briller, dans tous les sens du verbe, des artistes saisis sur scène au moment le plus opportun.

Ce qui fait la qualité des vues prises de la photographe, c’est le contraste des visages et des silhouettes du premier plan, idéalement éclairés par les sunlights du théâtre tout en restituant l’éclat de la lumière naturelle du sud, avec le fond sombre, pour ne pas dire totalement noir, duquel ils se détachent. Ce par quoi les figures obtiennent, précisément, valeur plastique. Naturellement, nous serons plus sensible à certains artistes et modèles qu’à d’autres. Nous ont particulièrement tapé dans l’œil la photogénique Leonor Leal, la tête encagoulée de Rocío Molina, les représentations d’Ana Almagro, Chloé Brûlé, Dani de Moron et de partie du corps de Ballet d’Andalousie, fixé en contrejour.

Visuel : photo de René Robert : Fernanda de Utrera à Arcos de la Frontera (1983).

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Nicolas Villodre

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