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Drahi s’attaque à l’art avec plusieurs milliards de dollars

Drahi s’attaque à l’art avec plusieurs milliards de dollars

18 June 2019 | PAR Philippine Renon

3,7 milliards. C’est le montant déboursé par Patrick Drahi pour le rachat de la prestigieuse maison de ventes aux enchères américaine, Sotheby’s. L’homme d’affaire franco-israélien réalise ainsi un investissement familial via sa holding personnelle « dans une perspective de long terme », a-t-il indiqué dans un communiqué. Les conséquences de ce rachat, par un magnat criblé de dettes, sur le marché de l’art divisent déjà les acteurs de cette bulle spéculative et créative.

Discret mais fin connaisseur. C’est ce genre de collectionneur que décrivent ses proches. Son entourage raconte qu’il est « une encyclopédie, en musique classique et en peinture particulièrement, il sait dater les œuvres, citer les musées où elles se trouvent ». Si les experts le savent, le grand public un peu moins. Thierry Ehrmann, le patron de la plus grosse base de données artistique et entreprise spécialiste du marché de l’art, Artprice, décrit à l’AFP « une approche académique, avec la construction d’une collection sans faute». Détenteur de modernes, d’impressionnistes, aussi porté sur le contemporain et les installations, ce n’est donc pas seulement une mouche qui a piqué Drahi. « Il a une très bonne connaissance de l’art, a acheté des Chagall assez spectaculaires, aime l’art cinétique, notamment Vasarely », poursuit M. Ehrmann, dont l’entreprise a classé le propriétaire du groupe Altice au rang de 252e collectionneur mondial.

 

« Bienvenue dans la famille »

 

Cantonné actuellement aux câblo-opérateurs et à la presse, le propriétaire de SFR, RMC ou Libération, est désormais le concurrent direct  de François Pinault sur le marché de l’art. L’homme d’affaire français qui s’apprête à ouvrir une nouvelle fondation à la Bourse de Paris, rachète il y a vingt ans la maison rivale, Christie’s, détrônée l’an dernier par le nouveau bébé de Patrick Drahi. Classé neuvième fortune française au classement Forbes 2019, le récent acquéreur défraie déjà la chronique. Le magazine américain Bloomberg regrette que ce passage à un statut d’entreprise privée « plonge le marché de l’art encore davantage dans l’ombre ». De fait, Sotheby’s peut ne pas s’encombrer de la publication des résultats trimestriels, indicateur pourtant précieux des tendances du marché de l’art. Toujours est-il que le milliardaire n’envisage pas de changement de stratégie pour la maison qu’il vient de s’offrir. Une déclaration d’intention ravissant, entre autres, Tad Smith, directeur général qui a voulu souhaiter au nouveau maître des lieux la « bienvenue dans la famille ».

 

Visuels : DR

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