Théâtre
Rire et pleurer avec Judith Magre dans Rose

Rire et pleurer avec Judith Magre dans Rose

29 January 2012 | PAR Christophe Candoni

Des drames et des joies font de la vie de Rose Rose un récit captivant qu’interprète en toute intimité la merveilleuse Judith Magre seule en scène sur les planches de la Pépinière Théâtre.

La pièce est de Martin Sherman, auteur de Bent, un autre très beau texte, une histoire d’amour entre deux hommes déportés dans le camp de Dachau. Là encore, l’histoire dramatique du peuple juif est présente puisque Rose évoque aussi bien la destinée incroyable de son protagoniste que l’histoire du XXe siècle et le conflit actuel au Moyen-Orient.

La mise en scène de Thierry Harcourt est parfaitement sobre. Judith Magre est simplement assise sur une banquette en bois, pimpante et élégante, autour d’elle quelques livres, une carafe d’eau. Elle fait Shiv’ah. Elle raconte, volubile et sincère, face à nous, pour confier des souvenirs gais ou douloureux qu’elle se remémore, revit en même temps, souvent amusée, grave aussi. Son récit est un véritable périple plein de rebondissements étonnants et l’histoire d’une vie qui ne ménage pas mais rend heureux. Rose est juive ashkénaze, née en 1920 dans un shtel qui n’existe plus en Russie. Rescapée du ghetto de Varsovie, elle monte sur le bateau Exodus en 1947 pour émigrer vers la Palestine, terre promise, puis vit le rêve américain à Atlantic City et Miami Beach.

La rencontre, le croisement entre un rôle et un acteur est toujours un mystère qui tient du miracle lorsqu’il fonctionne à ce point. On dirait ce personnage écrit pour Judith Magre tant elle l’incarne avec justesse. On imagine aisément ce qui a séduit la comédienne en Rose. Elle est une femme moderne, jamais consensuelle, battante, une aventurière courageuse, une amoureuse passionnée, femme de plusieurs maris mais aimante d’un seul homme à jamais, un gitan roux à l’œil bleu. Elle est tout simplement disponible à la vie qui se fonde sur l’inattendu, l’imprévisible, le risque qui en découle et qui devient en cela totalement romanesque. C’est un spectacle intelligent, bouleversant, plein d’humour et d’émotion.

 

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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